Marlène Longange

C’est à Kisangani, ville située au centre de la forêt du bassin du Congo, à la confluence des rivières Lindi, Tshopo et du fleuve Congo, que Marlène Longange naît le 25 mai 1973. Le pays qui s’appelle alors le Zaïre est dirigé d’une main de fer par le Président Mobutu Sese Seko. Ses parents, Papa Longange et Maman Gola, sont originaires de la petite localité de Banalia, chef-lieu du territoire éponyme de la province du Tshopo. Elle fait ses études à Kinshasa, d’abord à l’école primaire Nyanza, puis à l’Institut Supérieur Pédagogique de la Gombe (ISP-Gombo) et à l’Institut des Arts du Spectacle.

C’est au centre de recherche en art du spectacle africain du Professeur Alexandre Mwambayi Kalengayi que Marlène Longange fait ses débuts. Elle intègre la troupe de théâtre «Les Intrigants», avant d’être engagée par la Compagnie du Théâtre national congolais en 2014. Le public peut alors apprécier son talent notamment dans le rôle de Maman Makasi dans la pièce «Une saison au Congo» d’Aimé Césaire, qui relate les derniers mois de la vie de Patrice Lumumba dans la période de transition vers l’indépendance du Congo belge marquée par les conflits avec la sécession katangaise.

En 2009, pour ses débuts au cinéma, Marlène Longange incarne la Commandante dans «Viva Riva!», réalisé par Djo Munga. Dans ce thriller policier, elle partage l’affiche avec Patsha Bay, Manie Malone, Fabrice Kwizera, Hoji Fortuna, Alex Herabo et Diplôme Amekindra. Haletant et violent, le film est un drame policier élégant et rapide qui enchante la critique internationale et rencontre un beau succès. En mars 2011, à Yenagoa au Nigéria, «Viva Riva!» reçoit 12 nominations et remporte 6 prix lors de la septième cérémonie des Africa Movie Academy Awards, ce qui en fait le film le plus récompensé de l’histoire de l’AMAA jusqu’à ce jour. Marlène est sacrée meilleure actrice dans un rôle secondaire. Violent et sexy, le film pulse au rythme de l’Afrique. Le réalisateur parvient à intégrer dans son récit des faits de société comme la prostitution, la corruption, les pénuries, l’impunité relative mais aussi une authentique joie de vivre et une certaine insouciance. Pour le grand écran, on la voit encore dans «Matshozi» (2015) de Emmanuel Lupia, auprès de Farial Denewade et Kadhaffi Mbuyamba, «Kin La Belle» (2014) de Michaux Muanda, où elle côtoie les actrices françaises Clémentine Célarié et Déborah Lukumuena et l’acteur ivoirien Michel Gohou, et dans «S.O.S.» (2016) de Tshoper Kabambi, où elle incarne la mère courageuse d’un adolescent qui tente de comprendre le mécanisme social et économique de son pays. En parallèle avec sa carrière au théâtre et au cinéma, Marlène Longange apparait dans plusieurs séries, parmis lesquelles: «Mpangi’ami» (2014/15) de Didace Kawang et «Ndakisa» (2017) de Patrick Ken Kalala, avec Moyindo Mpongo dans la peau du commandant Elombe.

Atteinte d’un cancer du sein, Marlène Longange très affaiblie est admise en juillet à l’hôpital Nganda de Kinshasa. Le 10 août 2023, l’actrice décède d’une embolie pulmonaire, alors que l’Association des professionnels du 7ème Art préparait une assistance sanitaire à l’étranger. Le 6 septembre, elle est inhumée au Cimetière de Mingadi. Elle laisse dans le deuil son unique enfant, Rayan Longange Nzaba, les membres de sa famille, ses amis et les artistes congolais.

© Philippe PELLETIER