Phyllis Diller

Née en 1917 dans l’état de l’Ohio, enfant unique, rien ne prédisposait Phyllis Diller à une carrière d’humoriste, elle était avant tout une excellente pianiste. À l’issue d’études secondaires brillantes, elle entre au Conservatoire de Musique de Chicago, et se produit dans une centaine de concerts avec l’orchestre philharmonique. C’est lors d’un de ces concerts qu’elle rencontre Sherwood Diller, qu’elle épouse en 1939. Le couple s’installe rapidement en Californie, où ils auront six enfants. À 38 ans, mise au défi par son mari d’en faire rire d’autres que lui, elle se produit dans un spectacle comique pour une représentation unique. Son succès fut tel qu’elle demeure à l’affiche plus de deux ans.

En 1955, alors journaliste pour le San Leandro News, Phyllis Diller se présente comme concurrente dans un jeu télévisé. Sa performance comique suscite un engouement national. Elle reçoit la proposition d’apparaître dans «Le Comedy Club Purple Onion» à San Francisco, où elle enthousiasme le public avec ses costumes et son dynamisme. Ce succès la conduit à New York, elle est invitée au célébrissime «Jack Paar Show». Sa popularité ne se démentant pas et après diverses apparitions télévisées on lui confie sa propre émission: «The Phyllis Diller Show » puis une autre «The beautiful Phyllis Diller Show». Son humour et la sympathie qu’elle inspire contribuent largement à faire évoluer le statut des comédiennes et des actrices comiques de son époque. Elle impose un personnage identifiable par ses grimaces, ses costumes excentriques, son maquillage excessif et un rire autant explosif que communicatif. Dans ses «stand up», Phyllis Diller endossant le rôle de la femme au foyer typique, aborde avec justesse les sujets du quotidien de l’«american way of life»: les banlieues, l’éducation, les animaux domestiques, les voisins, les contradictions de la constitution et même ses multiples opérations de chirurgie esthétique. Ses sketches les plus célèbres concernent les anecdotes sur son mari fictif, «Fang». Lors des représentations, elle a l’habitude de fumer une cigarette et de se moquer de ses propres blagues.

Sa contribution à l’industrie cinématographique se solde par une succession de seconds rôles et d’apparitions mémorables dans une trentaine de films dont «La fièvre dans le sang» (1961) de Elia Kazan. Avec son ami de longue date, Bob Hope, elle partage la vedette dans une série de films: «Quel numéro ce faux numéro» (1965), «Bagarre à huit» (1967) ou «La guerre privée du sergent O’Farrell» (1968). Ses talents musicaux et sa célébrité populaire lui valent de remplacer Carol Channing à Broadway dans le rôle vedette de «Hello Dolly»! Elle prête sa voix, reconnaissable entre toutes, à de nombreux films d’animation. En 1965, Phyllis divorce de Sherman Diller pour se remarier un mois plus tard avec l’acteur Warde Donovan. En 1992, elle reçoit l’American Comedy Award pour l’ensemble de son œuvre. Phyllis Diller fut une touche-à-tout de talent, puisqu’elle publia tout au long de sa carrière cinq livres à succès.

Avec sa mort, le 20 août 2012, à l’âge de 95 ans c’est une page complète de la comédie américaine qui se tourne. Phyllis Diller fut une actrice et une humoriste qui joua un rôle important dans l’Amérique des années soixante. Les femmes étaient alors cantonnées dans des rôles de séductrices ou de faire-valoir comique. Phyllis fut une pionnière de l’humour au féminin, elle imposa un style d’improvisation et un personnage qui entra dans la mémoire collective des Américains.

© Jean-Pierre MARONGIU