1950 Justice est faite – de André Cayatte avec Antoine Balpêtré, Michel Auclair & Raymond Bussières | 1951 Les mains sales – de Fernand Rivers avec Pierre Brasseur, Daniel Gélin & Georges Chamarat | 1952 Moulin Rouge – de John Huston avec José Ferrer, Zsa Zsa Gabor, Suzanne Flon, Katherine Kath & Mary Clare | 1960 Un si bel été (the greengage summer) de Lewis Gilbert avec Kenneth More & Danielle Darrieux | ||
Claude Nollier est une comédienne française plus connue par ses prouesses théâtrales que par sa modeste filmographie. Née Yvette Emilie Maria Louise Nollier, le 12 décembre 1919 à Paris, elle débute sa carrière au cinéma dans un film de Albert Valentin, «La vie de plaisir» (1943), où elle joue une danseuse. Mais elle ne se fait pas vraiment remarquer avant «Justice est faite» (1950), film dans lequel André Cayatte lui donne le rôle principal de l’accusée, Elsa, jugée pour avoir euthanasié son amant. Dans les années 1950, elle tourne quelques autres grands films, sans avoir cependant la vedette. Dans «Les mains sales» (1951), de Fernand Rivers, d’après l’œuvre de Jean-Paul Sartre, elle est Olga, membre du parti communiste chargée de trancher le sort du héros, Hugo, incarné par Daniel Gélin. Dans «Le fruit défendu» (1952) de Henri Verneuil, elle est la seconde épouse du docteur Pellegrin, joué par Fernandel. Elle retrouve l’acteur dans «Le printemps, l’automne et l’amour» (1954), de Gilles Grangier, mais dans un registre tout autre, celui de sa malveillante belle-sœur. C’est tout l’art de Claude Nollier de pouvoir traduire sur son visage expressif la douceur, voire la tristesse, tout autant que la froideur ou la dureté. Une grande actrice façonnée et passionnée par le théâtre qu’elle privilégiera toujours au grand écran.
Sa distinction naturelle et la noblesse de ses traits la prédestinent à des rôles de grandes dames. John Huston la fait comtesse de Toulouse-Lautrec dans «Moulin rouge» (1952). Sacha Guitry l’habille aux couleurs de l’Histoire. Dans «Si Versailles m’était conté» (1953), elle incarne Olympe, comtesse de Soissons et maîtresse de Louis XIV. «Si Paris nous était conté» (1955) la sacre reine avec le rôle d’Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII. Dans le film de Walter Felsenstein, «Fidelio» (1955), d’après l’opéra de Beethoven, elle interprète Leonore déguisée en homme pour faire évader son époux. Moins flamboyante dans ses apparitions suivantes, Claude Nollier reste fidèle à des personnalités charismatiques. Elle est femme de gouverneur dans «Pot-Bouille» (1957) de Julien Duvivier, auprès de Gérard Philipe, puis gouvernante dans «Un si bel été» (1960) de Lewis Gilbert. Elle achève sa carrière cinématographique avec «Le diable et les dix commandements» (1962), film à sketches de Julien Duvivier. Elle y campe une mère supérieure, aux côtés de Michel Simon, dans le premier volet intitulé «Tu ne jureras point».
Sa filmographie compense par la qualité de ses rôles et de son jeu un palmarès peu nourri. À dessein. Claude Nollier, sociétaire de la Comédie Française de 1946 à 1951, est avant tout une comédienne de théâtre, excellant dans l’art dramatique. Sa prestation de récitante, à la voix chaude et puissante, dans «Les Choéphores» (1957), opéra de Darius Milhaud et Paul Claudel, est particulièrement ovationnée. Mais surtout elle personnifie tout au long de sa carrière «Jeanne d’Arc», dans l’oratorio «Jeanne au bûcher» qu’elle crée avec Jean Vilar à l’Opéra de Paris, sur une musique de Arthur Honegger et un livret de Paul Claudel. Ce rôle, qu’elle qualifie de «magnétique» et qu’elle jouera un peu partout dans le monde, l’envoûtera au point d’influencer fortement toute sa carrière dramatique et de la détourner de pièces de boulevard. Tentée par l’aventure et l’amour de la nature, Claude Nollier faillit devenir exploratrice, avant de vouer sa vie au théâtre. Mère d’un fils, Christophe, sa vie personnelle est restée privée. Et c’est âgée de 89 ans qu’elle décède le 12 février 2009 à Boulogne-Billancourt, près de Paris. Artiste sensible et talentueuse qui mérite d’être redécouverte.
© Isabelle MICHEL
1943 | La vie de plaisir – de Albert Valentin
avec Albert Préjean
CM Premier prix de conservatoire – de René-Guy Grand avec Michel Auclair |
1945 | Mensonges – de Jean Stelli avec Jean Marchat |
1946 | Le mystérieux monsieur Sylvain – de Jean Stelli avec Jean Chevrier |
1947 | Les trafiquants de la mer – de Willy Rozier avec Pierre Renoir |
1950 | Justice est faite – de André Cayatte
avec Antoine Balpêtré
Pigalle Saint-Germain des Près – de André Berthomieu avec Jeanne Moreau |
1951 | Les mains sales – de Fernand Rivers avec Pierre Brasseur |
1952 | Moulin Rouge – de John Huston
avec José Ferrer
Le fruit défendu – de Henri Verneuil avec Fernandel Les anges déchus ( il mondo le condanna ) de Gianni Franciolini avec Serge Reggiani |
1953 | Si Versailles m’était conté – de Sacha Guitry avec Claudette Colbert |
1954 | Le printemps, l’automne et l’amour – de Gilles Grangier avec Fernandel |
1955 | Si Paris nous était conté – de Sacha Guitry
avec Jean Marais
Fidelio – de Walter Felsenstein avec Richard Holm |
1957 | Pot-Bouille – de Julien Duvivier avec Gérard Philipe |
1960 | Un si bel été ( the greengage summer / loss of innocence ) de Lewis Gilbert avec Kenneth More |
1962 | Le diable et les dix commandements – de Julien Duvivier
avec Michel Simon
Segment « Dieu en vain ne jureras » |