1936 Pépé-le-Moko – de Julien Duvivier avec Jean Gabin, Mireille Balin, Line Noro & Marcel Dalio | 1938 La rue sans joie – de André Hugon avec Dita Parlo, Albert Préjean, Marguerite Deval & Valéry Inkijinoff | 1938 Une java – de Claude Orval avec Antonin Berval, Mireille Perrey, Raymond Aimos & Mila Parély | 1949 Maya – de Raymond Bernard avec Viviane Romance, Marcel Dalio & Valéry Inkijinoff | ||
Marguerite Boulc’h dite Fréhel voit le jour dans la loge de ses parents, concierges d’un immeuble du Boulevard Bessières, dans le XVIIème arrondissement de Paris. D’origine bretonne comme son nom l’indique, elle aurait commencé à chanter dans la rue dès l’âge de cinq ans. Toute jeune fille, elle s’improvise représentante en produits de beauté et fait du porte à porte. Elle aurait même frappé à l’Hôtel particulier d’Agustina Otero Iglesias dite «La belle Otero», artiste de cabaret devenue grande courtisane de la Belle Époque, qui l’aurait aidée à débuter.
Marguerite devenue Pervenche commence en 1908 à se produire dans les cafés-concerts avec le répertoire de Montéhus et sa fameuse chanson «Gloire au dix-septième», écrite pour célébrer le régiment d’infanterie constitué d’appelés qui a osé en 1907, refuser de tirer sur une manifestation de vignerons à Béziers. Elle fait aussi la connaissance de Robert Hollard, dit Roberty. Il l’aide à se perfectionner et l’a fait s’appeler Fréhel du nom d’un cap breton. Elle devient aussi son épouse et lui donne un enfant qui malheureusement meurt en bas âge tandis que le mari volage a déjà une nouvelle protégée, la future Damia. Fréhel fréquente alors Maurice Chevalier qui lui préfère une protectrice plus renommée: Mistinguett. La notoriété de Fréhel, chanteuse populaire et réaliste, est toujours plus grande, mais elle collectionne les échecs sentimentaux et envisage même le suicide.
Vers 1912, Fréhel part en Roumanie et gagne la Russie puis l’Empire Ottoman où elle chante dans des lieux de plus en plus sordides. En 1923, elle est rapatriée par l’intermédiaire de l’ambassade de France en Turquie. Dépressive, faisant preuve d’intempérance et s’adonnant même à la drogue, Fréhel a désormais des traits épaissis, une silhouette vulgaire et avachie. Elle retrouve pourtant son public. Les réalisateurs s’intéressent aussi à elle. Elle tourne ainsi une vingtaine de films au cours des années trente et quarante. Bien sûr, elle n’y joue pas les premiers rôles mais elle nous donne la chair de poule quand elle chante ses rengaines qui font désormais partie du patrimoine culturel français. Citons notamment sa première interprétation dans «Cœur de lilas» (1931) de Anatole Litvak, avec André Luguet, un inspecteur infiltrant la pègre; puis celle de «La rue sans nom» (1934) de Pierre Chenal et surtout celle de Tania pleurant en entendant sa chanson, «Où est-il mon moulin de la place Blanche, mon tabac, mon bistrot du coin?» devant Jean Gabin, le «Pépé-le-Moko» (1936) de Julien Duvivier; elle est aussi du milieu dublinois filmé par Jeff Musso dans «Le puritain» (1937) avec Jean-Louis Barrault en désaxé meurtrier; ou la propriétaire du musette qui chante «C’est la java bleue, la java la plus belle…» celle de Vincent Scotto dans «Une java» (1938) de Claude Orval.
Pendant l’occupation, Fréhel reste à Paris où elle reprend, dès le 1er juillet 1940, son tour de chant dans la salle de l’ABC. Mais elle est aussi en juillet 1942 en tournée en Allemagne avec notamment Lys Gauty. Après la guerre, elle poursuit sa descente aux enfers même si elle apparaît encore dans trois films dont le dernier en 1949, une ultime histoire de filles de mauvaise vie dans une ambiance de port. Fréhel, la très grande Fréhel, quitte ce monde, dans sa soixantième année, usée par ses excès, seule et misérable, dans une chambre d’un hôtel miteux du quartier de Pigalle, le 3 février 1951.
© Caroline HANOTTE
1931 | Cœur de lilas – de Anatole Litvak avec Jean Gabin |
1934 | La rue sans nom – de Pierre Chenal
avec Robert Le Vigan
Amok – de Fédor Ozep avec Jean Galland CM Je n’ai plus rien – de Germaine Dulac |
1935 | Le roman d’un tricheur – de Sacha Guitry avec Marguerite Moreno |
1936 | Gigolette – de Yvan Noé
avec Gabriel Gabrio
Pépé-le-Moko – de Julien Duvivier avec Marcel Dalio CM Radio – de Maurice Cloche avec Pierre Larquey |
1937 | L’innocent – de Maurice Cammage
avec Noël-Noël
Le puritain – de Jeff Musso avec Jean-Louis Barrault |
1938 | La rue sans joie – de André Hugon
avec Dita Parlo
L’entraîneuse – de Albert Valentin avec Michèle Morgan La maison du Maltais – de Pierre Chenal avec Louis Jouvet Une java – de Claude Orval avec Antonin Berval |
1939 | Berlingot et compagnie / Berlingot et Cie – de Fernand Rivers
avec Fernandel
L’enfer des anges – de Christian-Jaque avec Jean Tissier |
1946 | L’homme traqué – de Robert Bibal avec Antonin Berval |
1948 | Un homme marche dans la ville – de Marcello Pagliero avec Yves Deniaud |
1949 | Maya – de Raymond Bernard avec Viviane Romance |