Nadezhda Rumyantseva

Nadezhda Rumyantseva naît le 9 septembre 1930 dans le petit village de Potapovo, dans la région de Smolensk, dans la partie occidentale de l’URSS que Joseph Staline dirige désormais en maître absolu, six ans après la mort de Lénine (1870-1924). À la fin des années quarante, Nadezhda Rumyantseva entre à l’Institut Soviétique d’Etat de Cinéma de Moscou (VIGK) pour y suivre jusqu’en 1952 des cours d’art dramatique. Durant la même période, elle fait partie de la troupe du «Théâtre pour Enfants» de Moscou où sa petite taille lui permet d’interpréter des rôles de jeunes acteurs.

Dès la fin de ses études, Nadezhda débute à l’écran dans «Navstrechu zhizni» de Nikolai Lebedev. Mais elle se fait vraiment connaître grâce au film «Les jeunes filles» (1961) où elle interprète une jeune et naïve villageoise sibérienne qui est courtisée à la suite d’un pari par Ilya, alias Nikolai Rybnikov. Ce dernier bientôt pris à son propre jeu tombera amoureux et tout se terminera au mieux «au pays des Soviets». Cette comédie contemporaine romanesque et pleine d’entrain de Yuri Chulyukin, qui rompt avec les productions soviétiques, rencontre un immense succès en URSS. Distribuée dans plusieurs pays occidentaux, elle permet à Nadezhda Rumyantseva d’obtenir le prix d’interprétation féminine au festival du cinéma de Mar del Plata en Argentine. La jeune actrice est aussi la partenaire de Andrei Sova et Aleksei Kozhevnikov dans «Koroleva benzokolonki» (1963) de Nikolai Litus, un autre grand succès. Également excellente chanteuse, elle est notamment la voix de Natalya Varley dans «Kavkazskaya plennitsa, ili novye priklyucheniya Shurika» (1965), et elle doublera plus tard Audrey Hepburn quand «Comment voler un million de dollar» (1966) de William Wyler, pourra sortir en Russie. Spécialisée dans les comédies et dans la postsynchronisation, elle reste une vedette très populaire en faisant notamment partie de la distribution de la comédie «Koroleva benzokolonki» (1963) où elle forme un couple très sympathique avec Yuri Belov, mais aussi de «La petite gare» (1963) de Boris Barnet et du film «Le mariage de Balzaminov» (1965) de Konstantin Voynov. Par la suite Nadezhda Rumyantseva, mariée au diplomate Vili Khshtoyan, connaît la vie des Ambassades, notamment en Égypte et en Malaisie où elle donne naissance à son unique enfant, Karina. Elle continue néanmoins à apparaître dans plusieurs films soviétiques. De retour définitivement à Moscou, elle anime encore des émissions télévisées et prête sa voix à des dessins animés. À partir de 1990 tandis que la production cinématographique de son pays devient inexistante, elle s’éloigne de la scène publique. En 1996, frappée violemment par des cambrioleurs qui s’étaient introduit dans son appartement, elle est hospitalisée pour un grave traumatisme crânien.

En 2002, son petit fils Leonid Vaslov lui consacre un documentaire intitulé «Babouschka» (Grand-mère en russe), produit par une firme danoise. En y évoquant sa jeunesse, sa carrière théâtrale et ses amours, pimentant ses souvenirs des répliques de ses rôles, Nadezhda Rumyantseva montre une image sans doute décalée de la vie dans son pays. Mais malgré son statut privilégié, n’avait-elle pas apporté à ses contemporains sa joie de vivre et à sa bonne humeur? Cela méritait tout à fait cet hommage. En 2005, elle participe avec Armen Dzhigarkhanyan à une comédie pour la télévision. Deux ans plus tard les médecins lui diagnostiquent une tumeur maligne au cerveau et elle décède le 8 Avril 2008 dans une clinique privée de la capitale russe. Elle repose désormais au cimetière moscovite de Vagankovskoe.

© Christophe LAWNICZAK