Zoltán Latinovits naît ŕ Budapest, le 9 septembre 1931. Le Royaume de Hongrie est alors dirigé d’une main de fer par l’Amiral Miklós Horthy, instaurant un régime autoritaire qui rappelle l’Italie fasciste de Mussolini. Zoltán Latinovits ne connaîtra pas son pčre car ce dernier, un propriétaire foncier, abandonne sa famille juste aprčs la naissance de son fils. Apprenant tout d’abord le métier de menuisier, il pratique également le basketball avec aisance. En 1952, il entre ŕ l’Université polytechnique de Budapest, oů il suit des études d’architecture. C’est ŕ cette époque qu’il commence ŕ suivre des cours de théâtre. En 1956, aprčs avoir obtenu son diplôme, il débute sa carričre artistique au Théâtre Csokonai, ŕ Debrecen, puis au Théâtre National de Miskolc.
C’est en 1959 que Zoltán Latinovits fait ses débuts au cinéma. Son premier grand rôle, il le doit ŕ Miklós Jancsó: l’acteur interprčte en effet le médecin désabusé de «Cantate» (1962). En 1964, il tourne pour l’américain Richard Thorpe, dans «The golden head», dont l’action se déroule en Hongrie. Des débuts prometteurs que confirment des films comme «Le nabab hongrois» (1965) ou «Les murs» (1967). Jancsó lui offre ŕ nouveau l’occasion de tourner dans deux films marquants: «Les sans-espoir» (1965), évocation glaciale des partisans de la révolution hongroise de 1848, traqués aprčs le compromis austro-hongrois de 1867, et «Silence et cri» (1967), oů Latinovits incarne un officier ambigu. Ces films ont d’ailleurs fait connaître la production magyare ŕ l’étranger, révélant des śuvres caractérisées par une certaine froideur mais aussi par une beauté plastique saisissante. Le succčs des films de Miklós Jancsó permet ŕ Zoltán Latinovits de devenir un acteur incontournable du paysage cinématographique hongrois. Notons que l’acteur reste attaché au théâtre, interprétant «Roméo et Juliette» de Shakespeare, «Dent pour dent» de Ferenc Molnár, «Oncle Vania» de Tchekhov, «Mort d’un commis voyageur» de Arthur Miller...
Ténébreux, austčre, voué aux rôles complexes et torturés, servi en cela par un profil tourmenté, Zoltán Latinovits apparaît surtout dans des drames sociaux ou historiques, comme «Etoiles d’Eger» (1968), et tourne avec les meilleurs cinéastes du moment, dont András Kovács, Zoltán Várkonyi et Márton Keleti. Il devient ainsi le plus grand comédien de langue magyare de sa génération. «La famille Tňt» (1969), satire de Zoltán Fábri, confirme la grandeur de son talent. En 1970, Latinovits trouve son meilleur rôle, celui de Sinbad dans le film de Zoltán Huszárik. Śuvre nostalgique, sensuelle, généreuse, traduisant un grand appétit de vivre en męme temps qu’une profonde mélancolie, «Sinbad» marque la rencontre entre deux esprits, ŕ savoir Latinovits et Huszárik (les deux hommes connaîtront d’ailleurs une fin dramatique). Cette collaboration restera sans lendemain. Dans ce film, il joue avec sa compagne, l’actrice Éva Ruttkai, avec qui il forme un couple célčbre auprčs du public hongrois. Il est impressionnant en officier nazi dans «Le cinquičme sceau» (1976), dont l’intrigue se situe dans la Hongrie occupée de 1944. Ce sera son dernier film puisqu’il disparaîtra avant sa sortie. En effet, le 4 juin 1976, Zoltán Latinovits se jette sous un train ŕ Balatonszemes, commune située sur les bords du lac Balaton. Les circonstances de sa mort, troublantes, ne sont pas sans évoquer le suicide du počte Attila József (1905-1937), décédé sur la męme voie de chemin de fer, dans une commune voisine. Le décčs de Latinovits, monstre sacré jouissant d’une immense popularité, suscita une émotion considérable en Hongrie.
© Simon BENATTAR-BOURGEAY
1959 | Ŕ pied au ciel ( gyalog a mennyországba ) de Imre Fehér avec Mari Töröcsik |
1962 | Un homme en or ( az aranyember ) de Viktor Gertler
avec Ilona Béres
Une rue comme il faut ( kertes házak utcája ) de Tamás Fejér avec Margit Bara Cantate ( oldás és kötés ) de Miklós Jancsó avec Gyula Bodrogi |
1963 | Fotó Háber – de Zoltán Várkonyi
avec Éva Ruttkai
Collision ( karambol ) de Félix Máriássy avec György Bősze Alouette ( pacsirta ) de László Ranódy avec Klári Tolnay |
1964 | The golden head / Az Aranyfej – de Richard Thorpe
avec George Sanders
Une lueur derričre le store ( fény a redöny mögött ) de László Nádasy avec Attila Nagy Sellö a pecsétgyürün I – de Imre Mihályfi avec Judit Halász |
1965 | Horreur ( iszony ) de György Hintsch
avec Antal Páger
Les sans-espoir ( szegénylegények ) de Miklós Jancsó avec Tibor Molnár Les débuts sont toujours difficiles ( minden kezdet nehéz ) de György Révész avec Zsuzsa Csala Le nabab hongrois ( egy magyar nábob ) de Zoltán Várkonyi avec Ferenc Bessenyei |
1966 | Et alors le type... ( és akkor a pasas... ) de Viktor Gertler
avec János Görbe
Le cerf-volant d’or ( aranysárkány ) de László Ranódy & Imre Gyöngyössy avec László Mensáros Az orvos halála – de Frigyes Mamcserov avec Elma Bulla Une nuit pour rien ( sok hüség semmiért ) de György Palásthy avec Zoltán Greguss Zoltan Karpathy ( Kárpáthy Zoltán ) de Zoltán Várkonyi avec István Kovács Les jours glacés ( hideg napok ) de András Kovács avec Tibor Szilágyi |
1967 | Silence et cri ( csend és kiáltás ) de Miklós Jancsó
avec Mari Töröcsik
Les femmes / Etude sur les femmes ( tanulmány a nökröl ) de Márton Keleti avec Gyöngyi Polónyi Fiúk a térröl – de Péter Szász avec István Kovács Trois nuits d’amour ( egy szerelem három éjszakája ) de György Révész avec Vera Venczel Les murs ( falak ) de András Kovács avec Miklós Gábor Le château de cartes ( kártyavár ) de György Hintsch avec György Kálmán |
1968 | Etoiles d’Eger, 1čre partie ( Egri csillagok I ) de Zoltán Várkonyi
avec Imre Sinkovits
Etoiles d’Eger, 2čme partie ( Egri csillagok II ) de Zoltán Várkonyi avec György Bárdy Baptęme ( keresztelő ) de István Gaál avec Éva Ruttkai Hazai pálya – de György Palásthy avec Mária Goór Nagy L’héritier ( az örökös ) de György Palásthy avec Imre Sinkovits |
1969 | Alfa Romeó és Júlia – de Frigyes Mamcserov
avec Éva Ruttkai
Le professeur de la pčgre ( az alvilág professzora ) de Mihály Szemes avec Edit Domján La famille Tňt ( isten hozta örnagy úr ) de Zoltán Fábri avec Márta Fónay Meilleur acteur ŕ la semaine du cinéma hongrois, Hongrie Franz Liszt, les ręves d’amour / Les amours de Liszt ( szerelmi álmok – Liszt ) de Márton Keleti avec Imre Sinkovits Seulement voix – Non crédité Voyage autour de mon crâne ( utazás a koponyám körül ) de György Révész avec Mari Töröcsik Prix du meilleur acteur au festival international du cinéma de San Sebastián, Espagne Szemtöl szemben / Szemtől szemben – de Zoltán Várkonyi avec Lajos Básti |
1970 | Le grand signe bleu ( a nagy kék jelzés ) de László Nádasy
avec Nóra Káldi
Sinbad ( Szindbád ) de Zoltán Huszárik avec Eva Leelossy |
1971 | La princesse Csardas ( die Czardasfürstin ) de Miklós Szinetár
avec Anna Moffo
A legszebb férfikor – de Sándor Simó avec István Bujtor |
1972 | Harminckét nevem volt – de Márton Keleti
avec Erika Bodnár
Volt egyszer egy család – de György Révész avec Klári Tolnay Terre en friche / Sur la jachčre hongroise ( a magyar ugaron ) de András Kovács avec Sándor Horváth |
1973 | A dunai hajós – de Miklós Markos avec Gábor Koncz |
1974 | La légende de Pendragon ( a Pendragon legenda ) de György Révész
avec Iván Darvas
141 perc a befejezetlen mondatból – de Zoltán Fábri avec András Bálint Az öreg – de György Révész avec Gábor Harsányi |
1975 | Un torse américain ( Amerikai anzix ) de Gábor Bódy
avec Sándor Csutoros
Seulement voix Ballagó idö / Ballagó idő – de Tamás Fejér avec Sándor Tóth |
1976 | Le cinquičme sceau ( az ötödik pecsét ) de Zoltán Fábri
avec Sándor Horváth
Qui m’a vu ? ( ki látott engem ? ) de György Révész avec Judit Hernádi Seulement voix |