![]() 1932 Liebelei – de Max Ophüls avec Magda Schneider, Paul Hörbiger, Gustaf Gründgens & Wolfgang Liebeneiner | ![]() 1947 Lettre d’une inconnue (letter from an unknown woman) de Max Ophüls avec Joan Fontaine | ![]() 1950 La ronde – de Max Ophüls avec Simone Simon, Danielle Darrieux, Simone Signoret & Odette Joyeux | ![]() 1955 Lola Montès – de Max Ophüls avec Martine Carol, Peter Ustinov, Anton Walbrook & Lise Delamare | ||
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Max Ophüls est un magicien. Sur l’écran, sa caméra peint ses films avec la même fluide virtuosité que Auguste Renoir ses toiles. Il n’est, pour s’en convaincre, que de revoir le début du second épisode de «Le plaisir» (1951), inspiré de «La maison Tellier», une nouvelle de Maupassant. La caméra veut nous faire découvrir cette maison accueillante, où se rendent, le soir, tous les bourgeois de la ville. Par un travelling vertical, la caméra monte lentement le long des murs, jusqu’à découvrir une fenêtre ouverte, par où l’on aperçoit «Madame», l’hôtesse du lieu, toujours aimable, puis elle file sans hâte, dans un souple mouvement latéral, le long des fenêtres de la façade, pour nous montrer les autres pensionnaires. La caméra s’arrête parfois, l’espace d’un instant, puis reprend sa course légère.
Ce plan admirable, d’une seule volée, où le mouvement de la caméra s’accompagne du commentaire inspiré de Jean Servais. Un Art fait de grâce, où la technique, jamais pesante, est mise au service de la beauté. Il y a, chez lui, cette faculté de saisir les émotions des êtres et la quintessence du bonheur, qu’on retrouve aussi dans la partie de campagne qui suit. La charrette conduite par Jean Gabin, où ces dames ont pris place, file dans la campagne fleurie; «les colzas en fleurs mettaient, de place en place, une grande nappe jaune», nous dit la voix du narrateur.
C’est à la fin de sa carrière, dans les années 50, que Max Ophüls, né le 6 mai 1902, a donné toute la mesure de son génie. Outre «Le plaisir», il réalise alors une poignée de films qui sont autant de chefs-d’œuvre, à commencer par «La ronde» (1950), tirée d’une pièce d’Arthur Schnitzler, une fable désabusée sur la vanité du plaisir et l’absurdité de la vie. À l’apogée de son talent, il signe un autre film sublime, «Madame de...» (1953), Danielle Darrieux et Vittorio De Sica s’y aiment en valsant, au gré de bals qui se succèdent en fondus enchaînés. Plus aérienne que jamais, c’est la caméra qui dévoile, sous l’élégance des gestes et la banalité des propos, une idylle en train de naître. Les deux acteurs font sentir, avec une exceptionnelle finesse de jeu, les émotions qui, sous le masque de l’urbanité, sont près de les submerger. Avec «Lola Montès» (1955), le réalisateur termine sa carrière en apothéose. Exhibée comme un phénomène de foire, par une sorte de Monsieur Loyal, Peter Ustinov, la courtisane Lola Montès, maîtresse du Roi de Bavière Louis 1er, Martine Carol, livre au public les secrets les plus intimes de sa vie.
Le cinéaste, qui est aussi un grand homme de théâtre, réalise, en Allemagne, en Italie puis en France, d’autres films notables, même s’ils n’ont pas tous l’éclat des pépites dont nous venons de parler. Citons notamment «Liebelei» (1932), tiré d’une autre pièce de Schnitzler, qui donne son plus grand rôle à Magda Schneider, aussi ravissante que sa fille Romy, «De Mayerling à Sarajevo» (1940), avec Edwige Feuillère, qui est consacré à la figure peu connue de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’Empereur François-Joseph ou encore un film noir de belle facture, «Les désemparés» (1949), avec James Mason et Joan Bennett. Mais, des films de cette période, le plus abouti demeure «Lettre d’une inconnue» (1947), avec Louis Jourdan et Joan Fontaine. Ce film sombre, rythmé, là encore, par de nombreux retours en arrière, où l’amour le dispute au cynisme, transcende le genre du mélodrame auquel il n’appartient qu’en apparence. Max Ophüls meurt à Hambourg le 25 mars 1957.
© Jean-Pascal LHARDY

1931 | Plus jamais d’amour ( nie wieder liebe ) de Anatole Litvak
avec Lilian Harvey
Seulement assistant réalisateur L’amour au studio / Le studio amoureux ( die verliebte firma ) de Max Ophüls avec Anny Ahlers + scénario Calais-Douvres – de Jean Boyer avec André Roanne Seulement conseiller pour la traduction CM On préfère l’huile de foie de morue ( dann schon lieber Lebertran ) de Max Ophüls avec Käthe Haack + scénario |
1932 | Liebelei / Une histoire d’amour ( liebelei ) de Max Ophüls
avec Magda Schneider
+ scénario Une histoire d’amour – de Max Ophüls avec Simone Héliard Version française de « Liebelei » – + scénario La fiancée vendue ( die verkaufte braut ) de Max Ophüls avec Jarmila Novotna + scénario Les joyeux héritiers ( lachende erben ) de Max Ophüls avec Heinz Rühmann + scénario |
1933 | On a volé un homme – de Max Ophüls avec Lili Damita |
1934 | La dame de tout le monde ( la signora di tutti ) de Max Ophüls
avec Isa Miranda
+ scénario Coupe du Ministère des Entreprises au festival du cinéma de Venise, Italie Le scandale – de Marcel L’Herbier avec Gaby Morlay Seulement réalisation de quelques scènes – Non crédité |
1935 | Divine – de Max Ophüls
avec Yvette Lebon
+ scénario La tendre ennemie – de Max Ophüls avec Simone Berriau + scénario & production CM Valse brillante de Chopin – de Max Ophüls avec Alexander Brailowsky |
1936 | La comédie de l’argent ( komedie om geld ) de Max Ophüls
avec Herman Bouber
+ scénario CM Ave Maria / Ave Maria de Schubert – de Max Ophüls avec Elisabeth Schümann |
1937 | Yoshiwara – de Max Ophüls avec Sessue Hayakawa |
1938 | Werther / Le roman de Werther – de Max Ophüls
avec Pierre Richard-Willm
+ scénario |
1939 | Sans lendemain / La duchesse de Tilsitt – de Max Ophüls
avec Edwige Feuillère
+ scénario |
1940 | De Mayerling à Sarajevo – de Max Ophüls
avec John Lodge
+ scénario L’école des femmes – de Max Ophüls avec Louis Jouvet Inachevé |
1946 | Vendetta – de Mel Ferrer
avec Faith Domergue
Seulement réalisation de quelques scènes – Non crédité |
1947 | L’exilé ( the exile ) de Max Ophüls
avec Douglas Fairbanks Jr.
Lettre d’une inconnue ( letter from an unknown woman ) de Max Ophüls avec Joan Fontaine |
1948 | L’impasse / Pris au piège ( caught ) de Max Ophüls avec Barbara Bel Geddes |
1949 | Les désemparés ( the reckless moment ) de Max Ophüls avec Joan Bennett |
1950 | La ronde – de Max Ophüls
avec Simone Signoret
+ scénario BAFTA du meilleur film (toutes origines) aux British Academy Awards, Grande-Bretagne Prix du meilleur scénario au festival du cinéma de Venise, Italie |
1951 | Le plaisir – de Max Ophüls
avec Simone Simon
+ scénario, décors & production |
1953 | Madame de… – de Max Ophüls
avec Danielle Darrieux
+ scénario |
1955 | Lola Montès – de Max Ophüls
avec Martine Carol
+ scénario |
1957 | Montparnasse 19 / Les amants de Montparnasse – de Jacques Becker
avec Gérard Philipe
Seulement scénario |
AUTRES PRIX : | |
Prix FIPRESCI pour sa carrière (posthume) au festival international du cinéma de Berlin, Allemagne ( 1966 ) |