1952 La pocharde – de Georges Combret avec Pierre Brasseur, Henri Nassiet, Alfred Adam, Alice Tissot & Odette Laure | 1966 Le voleur – de Louis Malle avec Jean-Paul Belmondo, Geneviève Bujold & Marie Dubois | 1973 La gueule ouverte – de Maurice Pialat avec Philippe Léotard, Nathalie Baye & Hubert Deschamps | 1995 Trois vies et une seule mort – de Raoul Ruiz avec Marcello Mastroianni, Anna Galiena & Marisa Paredes | ||
Le regard clair et la diction douce, mais ferme, Monique Mélinand impose sa présence discrète avec une assurance tranquille. Forte d’une vocation innée pour la comédie et le théâtre, elle teinte ses personnages d’une humanité quotidienne et paraît en scène comme dans la vie, avec la même évidence. Née le 9 mars 1916 à Paris, elle joue les petites filles devant la caméra de Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein en 1927. En 1930, elle débute au théâtre, qui est la grande passion de sa vie.
Prenant des leçons chez Raymond Rouleau, elle est amenée, en 1936, à passer une audition devant l’exigeant Louis Jouvet. Et là, sa vie prend un autre cours. Car, entre l’homme de théâtre et redouté et la débutante au visage pur, entre le maître impérieux et la fraîche novice, c’est le coup de foudre. Il est vrai que Jouvet n’en est pas à un près et que Monique Mélinand, toujours discrète, ne cherchera pas vraiment à profiter de la situation. Mais elle a néanmoins plusieurs fois le privilège de jouer sous la direction du grand homme, dans «Electre» (1937) où elle incarne Euménide; «La folle de Chaillot» (1945) de Jean Giraudoux, où elle joue Irma la plongeuse; «L’annonce faite à Marie» (1946) de Paul Claudel, où elle personnifie l’émouvante Violaine; «L’école des femmes» (1947) ou encore «Les bonnes» (1947), la sulfureuse pièce de Jean Genet, où, en compagnie d’une actrice qui lui ressemble, Yvette Etiévant, elle joue une des deux sœurs meurtrières. Et il y a encore bien d’autres expériences théâtrales exaltantes et des personnages mémorables: Edith dans «La chatte sur un toit brûlant» (1956) dans une mise en scène de Peter Brook, Arsinoé dans «Nicomède» (1970) de Pierre Corneille, la duchesse Dupont-Dufort dans «Le voyageur sans bagages» (1973) d’Anouilh, Léontine dans «Le triomphe de l’amour» ( 1977) dirigé par André Thorent, Léonor dans «Le Cid» (1985) mis en scène par Francis Huster, qui monte encore, quatre ans plus tard, «Lorenzaccio», où Monique Mélinand incarne Marie Soderini.
Au cinéma, où sa carrière se déroule sur plus de 80 ans, Monique Mélinand a parfois les premiers rôles. Ainsi, dans «La pocharde» (1952) de Georges Combret, avec Pierre Brasseur, elle incarne une femme victime de la calomnie et accusée d’avoir empoisonné son mari, avant d’interpréter la femme infidèle de Jean Gabin dans «Le sang à la tête (1956). Mais le temps passe et voilà déjà l’heure, à l’orée des années 1960, d’incarner les mères, celle de Alain Delon dans «Faibles femmes» (1958), celle de Annie Girardot dans «La bonne soupe» (1963) ou encore celle de Macha Méril dans «L’horizon» (1966). Avec son doux visage apaisé, la maternité lui va décidément bien: elle est encore la mère de Bruno Pradal dans «Mourir d’aimer» (1970) de André Cayatte, celle de Karine Blanguernon dans «Léa, l’hiver» (1970) de Marc Monnet ou celle de Philippe Léotard dans «La gueule ouverte» (1973) de Maurice Pialat.
À la télévision, on la voit dans «La caméra explore le temps» (1961) ou dans deux épisodes des «Cinq dernières minutes» (1963). Monique Mélinand est aussi la femme de André Valmy, homme d’affaires idéaliste, dans la série de Joseph Drimal, «Les chemins de pierre» (1972), mais aussi la comtesse de Linières dans «Les deux orphelines» (1981) ou encore Mme Lécuyer dans «Au bon beurre» (1981) de Edouard Molinaro, d’après Jean Dutourd. Après une carrière et une vie bien remplies, Monique Mélinand s’éteint à Boulogne-Billancourt, presque centenaire, le 16 mai 2012.
© Jean-Pascal LHARDY
1927 | Âmes d’enfants – de Jean-Benoît Lévy & Marie Epstein avec Roby Guichard |
1938 | Entrée des artistes – de Marc Allégret avec Louis Jouvet |
1945 | Rouletabille joue et gagne – de Christian Chamborant
avec Michel Vitold
Rouletabille contre la dame de pique – de Christian Chamborant avec Jean Piat |
1948 | Entre onze heures et minuit – de Henri Decoin avec Louis Jouvet |
1949 | Au royaume des cieux – de Julien Duvivier
avec Serge Reggiani
Lady Paname – de Henri Jeanson avec Henri Crémieux |
1950 | Les anciens de Saint-Loup – de Georges Lampin avec Bernard Blier |
1952 | La pocharde – de Georges Combret avec Pierre Brasseur |
1956 | Le sang à la tête – de Gilles Grangier avec Jean Gabin |
1958 | Faibles femmes – de Michel Boisrond avec Alain Delon |
1959 | Vers l’extase – de René Wheeler
avec Gianni Esposito
Katia / Une jeune fille, un seul amour ( Katja, die ungekrönte kaiserin ) de Robert Siodmak avec Curd Jürgens |
1960 | La mort de Belle – de Edouard Molinaro avec Jean Desailly |
1961 | Rencontres – de Philippe Agostini avec Gabriele Ferzetti |
1963 | La bonne soupe – de Robert Thomas avec Jean-Claude Brialy |
1964 | Les barbouzes – de Georges Lautner avec Francis Blanche |
1966 | Le voleur – de Louis Malle
avec Jean-Paul Belmondo
L’horizon – de Jacques Rouffio avec Jacques Perrin |
1967 | Delphine – de Eric Le Hung
avec Maurice Ronet
CM Les noces d’hirondelles – de Philippe Durand avec Juliette Villard |
1968 | La femme écarlate – de Jean Valère avec Monica Vitti |
1969 | L’américain – de Marcel Bozzuffi
avec Jean-Louis Trintignant
La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil ( lady in a car / the lady in the car with glasses and a gun ) de Anatole Litvak avec Samantha Eggar Dernier domicile connu – de José Giovanni avec Lino Ventura |
1970 | Le cri du cormoran, le soir au-dessus des jonques – de Michel Audiard
avec Paul Meurisse
Mourir d’aimer – de André Cayatte avec Annie Girardot Un beau monstre – de Sergio Gobbi avec Helmut Berger Léa l’hiver / Meurtre à Ibiza – de Marc Monnet avec Jacques Higelin |
1971 | Les jambes en l’air ( César grand Blaise ) de Jean Dewever
avec Georges Géret
L’homme au cerveau greffé – de Jacques Doniol-Valcroze avec Jean-Pierre Aumont Hellé – de Roger Vadim avec Robert Hossein |
1973 | L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune – de Jacques
Demy avec Marcello Mastroianni
La race des seigneurs – de Pierre Granier-Deferre avec Alain Delon La gueule ouverte – de Maurice Pialat avec Philippe Léotard |
1975 | Sept morts sur ordonnance – de Jacques Rouffio
avec Charles Vanel
Les mal partis – de Sébastien Japrisot avec Jean Gaven CM La mise en mains – de Sylvain Dhomme avec Robert Vattier |
1976 | Le corps de mon ennemi – de Henri Verneuil
avec Jean-Paul Belmondo
La communion solennelle – de René Féret avec Marcel Dalio |
1977 | La machine – de Paul Vecchiali
avec Gérard Blain
Va voir maman, papa travaille – de François Leterrier avec Marlène Jobert |
1978 | Plurielles – de Jean-Patrick Lebel
avec Jacques Denis
Éclipse sur un ancien chemin vers Compostelle – de Bernard Férié avec Jean Martin |
1979 | À nous deux – de Claude Lelouch avec Jacques Dutronc |
1980 | Cauchemar – de Noël Simsolo avec Pierre Clémenti |
1981 | Ils appellent ça un accident – de Nathalie Delon avec Gilles Segal |
1986 | On a volé Charlie Spencer ! – de Francis Huster avec Béatrice Dalle |
1989 | Vent de galerne – de Bernard Favre
avec Thierry Fortineau
Outremer – de Brigitte Roüan avec Nicole Garcia |
1990 | Toubab Bi – de Moussa Touré avec Mouss Diouf |
1992 | L’écrivain public – de Jean-François Amiguet avec Robin Renucci |
1993 | Jeanne la pucelle : Les prisons – de Jacques Rivette avec Sandrine Bonnaire |
1995 | Les frères Gravet – de René Féret
avec Jean-François Stévenin
Trois vies et une seule mort – de Raoul Ruiz avec Marcello Mastroianni Généalogies d’un crime – de Raoul Ruiz avec Catherine Deneuve |
1996 | Transatlantique – de Christine Laurent avec Laurence Côte |
1998 | Le temps retrouvé ( o tempo reencontrado / il tempo ritrovato / time regained ) de Raoul Ruiz avec John Malkovich |
2000 | Les âmes fortes – de Raoul Ruiz avec Laetitia Casta |
2003 | Le cou de la girafe – de Safy Nebbou avec Claude Rich |
2005 | Avril – de Gérald Hustache-Mathieu
avec Nicolas Duvauchelle
Président – de Lionel Delplanque avec Albert Dupontel |
2011 | Avanti – de Emmanuelle Antille avec Miou-Miou |