Patrick Poivey

Né le 18 février 1948 à Paris, Patrick Poivey rêve enfant de devenir officier de marine où il effectue son service militaire dans les Dom-Tom (Tahiti ou Mururoa). Etudiant en médecine, il est victime d’un accident de voiture qui lui vaut de rester alité pendant six mois. Face à l’impossibilité de reprendre ses études, son frère l’incite à prendre des cours de théâtre. Il s’inscrit au Cours Simon avant de réussir le Conservatoire. En 1972, il débute au théâtre dans «Le directeur de l’Opéra» de Jean Anouilh avec Paul Meurisse dans le rôle-titre. Il enchaîne avec les pièces «Et à la fin était le bang» (1974) de René de Obaldia avec Rosy Varte et «Un tramway nommé Désir» (1975) de Tennessee Williams avec Jean-Claude Drouot.

Alors qu’il s’ennuie au théâtre, Patrick Poivey débute dans la postsynchronisation sur les conseils de Paul Meurisse. Par le biais du directeur artistique Richard Heins, il assiste à des séances où il côtoie Georges Aminel, Dominique Paturel ou Roger Carel. Il double ainsi Terence Hill dans «On l’appelle Trinita» (1969) ou «On continue à l’appeler Trinita» (1970). À partir de la série «Clair de lune» (1987), son timbre de voix devient aussi indissociable de Bruce Willis. À l’exception de quelques films, il double le comédien américain sur plus de 70 films notamment sur la franchise «Die hard». Il prête également sa voix à Don Johnson dès la série «Deux flics à Miami» (1986) et double aussi Mickey Rourke, Tom Cruise, Kevin Costner ou Kenneth Branagh. Il devient alors un artiste de doublage reconnu autant pour le cinéma que pour des séries, des dessins animés ou des jeux vidéo. Mais cette activité accaparante devient «un piège doré» selon Serge Sauvion qui double Peter Falk. À l’image de Patrick Floersheim, la voix de Michael Douglas, sa carrière de comédien est occulté autant sur le grand ou le petit écran.

Au cinéma, Patrick Poivey apparaît pour la première fois dans «Loulou» (1979) de Maurice Pialat avec Isabelle Huppert et Gérard Depardieu. Il obtient des petits rôles dans «Nestor Burma, détective de choc» (1981) de Jean-Luc Miesch avec Michel Serrault, «Train d’enfer» (1984) de et avec Roger Hanin ou «Flag» (1986) de Jacques Santi avec Richard Bohringer. Il est distribué dans deux films dont Richard Berry est tête d’affiche «L’addition» (1983) de Denis Amar et «Spécial police» (1985) de Michel Vianey. Carrière anecdotique qui ne doit son salut qu’à des collègues du doublage lorsqu’ils passent à la réalisation. Il obtient des premiers rôles sous la direction de Med Hondo, connu pour être la voix régulière de Eddie Murphy et Morgan Freeman. Dans «Lumière noire» (1993), il interprète un ingénieur qui enquête sur une bavure policière dans un aéroport parisien. «Watani, un monde sans mal» (1998) conte les histoires croisées d’un cadre d’une banque et d’un éboueur immigré qui viennent d’être licenciés. Mais ces deux films demeurent confidentiels. Délaissé par le cinéma, Yves Rénier qui double le personnage de Rick Hunter dans la série éponyme le sollicite. Il joue dans plusieurs épisodes de la série «Commissaire Moulin» dont Yves Rénier est non seulement l’interprète principal mais également le réalisateur.

Outre une voxographie conséquente avec plus de 300 films et séries, Patrick Poivey est la voix d’antenne de la radio «Rire et chansons» et assure les commentaires de l’émission «4 mariages pour une lune de miel». Marié à l’actrice de doublage Séverine Morisot, Patrick Poivey décède le 16 juin 2020 à l’âge de 72 ans des suites d’un accident vasculaire cérébral, à Chaville dans les Hauts-de-Seine.

© Olivier SINQSOUS