Andréas Voutsinas

Né le 22 août 1932 à Khartoum, Andréas Voutsinas passe son enfance au Soudan Britannique puis à l’âge de quatre ans s’installe en Grèce où sa mère l’envoie régulièrement au théâtre. À dix-huit ans, il part étudier en Angleterre. Il fréquente «The Old Vic School» puis s’inscrit à la «Webber-Douglas School of Singing and Dramatic Art» à Londres. Mais après trois ans de vie londonienne, il part pour New-York aux Etats-Unis.

Alors que Andréas Voutsinas suit les cours privés de Lee Strasberg à New-York financés par des petits boulots, en 1957, il est auditionné et engagé à l’«Actor’s Studio» dont Lee Strasberg est le directeur. À l’époque, il conseille Marilyn Monroe pour ses rôles et devient le coach de Anne Bancroft pour «Miracle en Alabama» de Arthur Penn et «Le lauréat» de Mike Nichols. Il est dirigé par Mel Brooks, épouse de Anne Bancroft, dans «Les producteurs» (1968), «Le mystère des douze chaises» (1969) et «La folle histoire du monde» (1981). Toujours à l’«Actor’s Studio», il rencontre Jane Fonda dont il devient le coach pour «Klute» de Alan J. Pakula, il est le partenaire de l’actrice dans un sketch de «Histoires extraordinaires» (1967) réalisé par Roger Vadim. Membre à vie de l’«Actor’s Studio», il quitte l’institution qui n’avait plus le «monopole de l’enseignement fondé sur l’introspection psychologique inspiré de Stanislavski qui se diffusait de plus en plus aux Etats-Unis et en Europe» (Info-Grèce).

Connaissant le milieu artistique parisien grâce à sa compagne Jane Fonda, Andréas Voutsinas décide de s’installer en France. En 1974, il signe sa première mise en scène: «Les jeux de la nuit» de Franck D. Gilroy avec Claude Brasseur et Tanya Lopert au Théâtre Fontaine. Mais la mise en scène qui le fait remarquer est associée à un lieu grec mythique: Epidaure où il monte sa première pièce «Hélène» d’Euripide en 1982. En France et en Grèce, il met en scène des pièces de théâtre antique, contemporain, de boulevard ou de café-théâtre. Il dirige Fanny Ardant et Niels Arestrup dans «Mademoiselle Julie» (1983) de August Strindberg; Anny Duperey, Pierre Vaneck et Fabrice Luchini dans «Un secret» (1987) de Henry Berstein ou Nicole Calfan et Guy Tréjan dans «Les cahiers tango» (1988) de Françoise Dorin. Depuis les années soixante-dix, il crée l’association «Théâtre des Cinquante» dont il devient le directeur artistique à Paris et dispense des cours à Salonique au Théâtre national de la Grèce du Nord.

Au cinéma, sa filmographie se limite à une vingtaine de rôles essentiellement de brèves apparitions. En 1971, Andréas Voutsinas est dirigé par Robert Enrico dans «Boulevard du Rhum» (1971) avec Brigitte Bardot et Lino Ventura. Dans un registre moins commercial, il tourne à deux reprises sous la direction de Jean Marbœuf dans «Bel ordure» (1973) avec Bulle Ogier et «Monsieur Balboss» (1974) avec Michel Galabru ainsi qu’avec Maurice Dugowson dans «Lily, aime-moi» (1974). Il va se compromettre dans une comédie insignifiante «Les Charlots contre Dracula» (1980) de Jean-Pierre Desagnat. Puis on le retrouve dans le dernier film de Jules Dassin «Cri de femmes» (1977) avec Mélina Mercouri, le film-culte de Luc Besson «Le grand bleu» (1987) ou «La petite apocalypse» (1992) de Costa-Gavras avec André Dussollier et Pierre Arditi. Chevalier de l’ordre national du mérite en 1986 puis Commandeur de l’ordre des arts et des lettres, Andréas Voutsinas décède le 8 juin 2010 à Athènes en Grèce.

© Olivier SINQSOUS