Clint Walker

Né le 30 mai 1927, à Hartford, dans l’Illinois, Clint Walker est l’incarnation même du rêve américain. Pour ce beau brun, solide gaillard aux larges épaules, le conte de fées hollywoodiens a eu lieu, une fois de plus. Il a fait, comme on dit, tous les métiers: marin, ouvrier ou portier d’hôtel. Puis les bonnes fées le touchent de leur baguette magique. Après avoir fait un peu de figuration, il décroche ce qui restera le rôle de sa vie, celui de Cheyenne Bodie, dans la série TV «Cheyenne» qui, de 1955 à 1962, assure sa popularité auprès d’un public de fans désormais fidèle. Ce ne sont pas ses talents d’acteur, mais sa carrure de bûcheron, qui lui valent d’être choisi pour incarner ce héros de l’Ouest, shérif, prospecteur ou éclaireur selon les épisodes. Ce rôle emblématique, il le reprendra d’ailleurs sur le grand écran, dans «Poursuite dans le désert» (1956), de Richard L. Bare et «Le massacre de la colline noire» (1961), de George Waggner.

Au cinéma, on ne s’étonne pas que, d’emblée, le physique du comédien place sa carrière sous l’égide du film d’action, et notamment du western. Il en tourne plusieurs, le plus souvent en vedette: «Sur la piste des Comanches» (1957), de Gordon Douglas, où il fait la conquête de la pulpeuse Virginia Mayo, «Le géant du grand Nord» (1959), du même réalisateur, où il incarne un trappeur ayant maille à partir avec les Indiens, ou encore «Le ranch maudit» (1965), de Joseph Pevney, où c’est un grizzly qui lui fait des misères. À noter aussi sa participation, dans un rôle moins notable, à un western mésestimé à l’époque de sa sortie, «Le bison blanc» (1976), de J. Lee Thompson, avec Charles Bronson qui, dans le rôle du fameux Wild Bill Hickok, se lance dans une quête à la Moby Dick. Dans ces films, et dans d’autres, Clint Walker manque rarement d’exhiber son torse puissant et de montrer ainsi toute sa force mâle en action.

Bien qu’il y ait souvent des rôles plus modestes, le film de guerre lui va aussi comme un gant, à commencer par le plus célèbre, «Les douze salopards» (1966), de Robert Aldrich, où il fait partie du commando dirigé par Lee Marvin et chargé d’investir un château occupé par des nazis. Il est aussi des valeureux marines qui, dans «L’île des braves» (1964), le seul film réalisé par Frank Sinatra, doivent combattre des soldats japonais réfugiés sur une île du Pacifique. Quand Clint Walker n’est pas cowboy ou soldat, il part à l’aventure. Comme dans «Le trésor des sept collines» (1960), de Gordon Douglas, son réalisateur favori, où il cherche de l’or au Mexique, ou «Maya» (1965), de John Berry, qui le voit poursuivre le gros gibier en Inde. Et le voilà associé de Burt Reynolds, engagé par une sémillante veuve, Angie Dickinson, pour retrouver le butin volé par son défunt mari dans «Sam Whiskey le dur» (1968), de Arnold Laven. Il arrive aussi à Clint Walker d’incarner des durs comme le tueur à gages repenti de «Plus mort que vif» (1968), de Robert Sparr.

À la télévision, Clint Walker continue de promener son personnage de Cheyenne Bodie, notamment dans «Kung Fu» (1995), qui signe la fin de sa carrière, et dans des séries western comme «Maverick» (1960) ou «Chasseur de primes» (1972). Doté d’une fort belle voix de crooner, il chante aussi dans certains de ses films et enregistre quelques albums, à la fin des années 50, avec le groupe des Sunflower Serenaders. Clint Walker s’éteint, le 21 mai 2018, à Grass V0alley, en Californie.

© Jean-Pascal LHARDY