Jean-Pierre Mocky

Jean-Pierre Mocky naît Jean Mokiejewski le 6 juillet 1929 à Nice. Il commence sa carrière artistique en faisant de la figuration dans le film de Jeff Musso «Vive la liberté!» (tourné en 1944 mais sorti en 1946) qui dénonce les profiteurs de guerre. Jean-Pierre poursuit avec des petits rôles dans diverses productions dont l’excellente comédie de Jean Dréville «Les casse-pieds» (1948) avec Noël-Noël. Il a un rôle un peu plus étoffé dans «Le paradis des pilotes perdus» (1948) de Georges Lampin avec Henri Vidal et Daniel Gélin. Il joue un aspirant de marine soumis au rite du passage de la ligne dans «Le grand pavois» (1953) de Jacques Pinoteau avec Jean Murat et Marc Cassot.

Dans les années cinquante, Jean-Pierre Mocky travaille en Italie mais donne aussi la réplique à Jean Marais qui interprète «Le comte de Monte Cristo» (1954) de Pierre Vernay. Il tourne également des films policiers ou d’espionnage: «Le rouge est mis» (1956) avec Jean Gabin, «Le gorille vous salue bien» (1957) avec Charles Vanel et Lino Ventura. En 1958, il écrit le scénario de «La tête contre les murs» de Georges Franju, d’après Hervé Bazin. Faute de pouvoir réaliser ce film, il met en scène, la même année, une comédie, «Les dragueurs» avec Jacques Charrier.

C’est finalement en 1963 qu’il réussit à s’imposer avec «Un drôle de paroissien» où Bourvil, aux côtés notamment de Jean Poiret, Francis Blanche et Jean Tissier, s’adonne avec délectation au pillage des troncs des églises. En 1966, Jean-Pierre Mocky s’attaque à sa manière, à l’administration avec «Les compagnons de la marguerite» où il dirige ceux qui sont ou deviendront ses acteurs de prédilection comme Michel Serrault. Dans «La grande lessive» (1967), le petit écran ne trouve pas grâce à ses yeux et il charge un Bourvil, enseignant barbu, d’aller endommager les antennes des télévisions pour que les enfants retournent à leur étude. De vieux notables libidineux abusent des jeunes filles dans «Solo» (1970). Puis c’est d’après le roman d’Horace McCoy «Le linceul n’a pas de poche» (1974) avec Michel Lonsdale au calme perturbant face à Sylvia Kristel, un peu perdue dans l’univers de Mocky. Le réalisateur se fait encore comédien: il est notamment Franco, le moine borgne dans «Le sourire vertical» (1973) de Robert Lapoujade. Pour la décennie suivante, il faut citer: «Y a-t-il un Français dans la salle?» (1982) d’après Frédéric Dard, l’inquiétant «À mort l’arbitre» (1983) avec Eddy Mitchell et «Le miraculé» (1986) où Jean Poiret est un faux paralytique très convaincant. Et même croyant, l’on ne peut que sourire avec indulgence devant l’acharnement de «gamin mal élevé» que met Mocky à démystifier les pèlerinages!

Durant les deux décennies suivantes, le cinéaste toujours débordant d’énergie, rédige ses mémoires et un roman, mais réalise aussi et souvent écrit les scénarii, voire assure le montage d’une vingtaine d’œuvres toujours aussi outrancières et ce, malgré des difficultés financières (vente de son cinéma d’art et essai parisien, distribution limitée de ses films). Après le succès de son téléfilm «Colère» diffusé en 2010 sur France 2, il film encore deux bonnes douzaines de productions pour le grand et le petit écran, dont la série «Myster Mocky présente» qui compte pas moins de 52 épisodes, entre 2007 et 2019. Quelques jours avant sa mort, survenue le 8 août 2019 à son domicile parisien, il est encore à tout les postes de son dernier film «Tous flics» qui ne sortira qu’en 2020.

© Caroline HANOTTE