![]() 1939 La charrette fantôme – de Julien Duvivier avec Louis Jouvet, Marie Bell, Pierre Fresnay & Micheline Francey | ![]() 1941 L’assassinat du Père Noël – de Christian-Jaque avec Harry Baur, Renée Faure & Robert Le Vigan | ![]() 1943 Les anges du péché – de Robert Bresson avec Renée Faure, Louise Sylvie, Jany Holt & Louis Seigner | ![]() 1959 Pantalaskas – de Paul Paviot avec Albert Rémy, Bernard Lajarrige, Jacques Marin & Daniel Emilfork | ||
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Son physique anguleux, et des yeux brûlants dans un visage émacié ne vouent pas Marie-Hélène Dasté aux rôles de jeunes premières. Née le 2 décembre 1902, Marie-Hélène Dasté voit toutes les fées du théâtre se pencher sur son berceau. Elle est en effet la fille de l’un des plus grands hommes de théâtre de son temps, Jacques Copeau, le fondateur du Vieux-Colombier, qui est à la fois une scène de théâtre majeure et une école de comédie réputée. Elle est de toutes les expériences de son père, depuis son inscription à l’école du Vieux-Colombier, dans les années 20, jusqu’à sa participation aux «Copiaus», en Bourgogne, une des premières tentatives de décentralisation théâtrale. Des expériences continuées par son époux, Jean Dasté, qui fonde plusieurs compagnies théâtrales, à Grenoble, puis à, Saint-Etienne.
Au théâtre, Marie-Hélène Dasté joue les grandes pièces du répertoire, dirigées par des metteurs en scène prestigieux: Louis Jouvet, pour «La guerre de Troie n’aura pas lieu» (1935), de Giraudoux, Charles Dullin, pour «Le médecin de son honneur» (1935), de Calderon de La Barca, Gaston Baty, qui la dirige dans le «Lorenzacio» de Musset (1945), Jean-Louis Barrault, qui la découvre dans «Hamlet» (1946), où elle campe la reine Gertrude, et qui la retrouve bien d’autres fois par la suite, dans «Le procès» (1947), d’après Kafka, «L’état de siège» (1948), d’Albert Camus, «La cerisaie» (1955), de Tchékhov ou encore «Le soulier de satin» (1958), de Claudel.
Bien plus modeste, son parcours cinématographique ne peut éclipser cette brillante carrière théâtrale. Marie-Hélène Dasté peut avoir un côté hautain, qui lui vaut des rôles de souveraines ou d’aristocrates, comme cette impératrice de Russie, femme du tsar Alexandre II dans «Katia» (1937), de Maurice Tourneur ou cette châtelaine âpre et vindicative qui, dans «Singoalla» (1949), un film méconnu de Christian-Jaque, ne se soucie que de la pureté de sa lignée. Les personnages marginaux conviennent aussi à son physique un peu ingrat et à la fièvre qui fait parfois briller ses yeux. C’est la mère Michel, toute de noir vêtue, qui, dans «L’assassinat du père Noël» (1941), de Christian-Jaque, passe son temps à chercher son chat, d’où son surnom et les moqueries des enfants, qui la croient un peu folle. Toujours un peu austère, elle personnifie aussi l’une des religieuses de «Les anges du péché» (1943), de Robert Bresson. Il arrive cependant à cette comédienne à l’air un peu rigide d’incarner des personnages plus positifs, comme la mère de Maria Schell dans «Une vie» (1957), de Alexandre Astruc, ou même de s’aventurer, qui l’eût cru, dans les chemins de la comédie. Qui reconnaîtrait la sévère Marie-Hélène Dasté dans cette bonne tante Berthe qui, dans «Le gentleman d’Epsom» (1962), de Gilles Grangier, est aux petits soins pour Jean Gabin. Elle termine sa carrière, en 1984, en incarnant, dans «Les poings fermés», de Jean-Louis Benoît, une vieille femme un peu austère qui prend soin de sa fille muette et d’un jeune garçon qu’on lui a confié.
On l’a vue aussi sur le petit écran, dans des adaptations théâtrales, comme «La cerisaie» (1966), de Tchekhov, des séries populaires, comme «Les enquêtes du commissaire Maigret» (1980) ou des téléfilms, comme «Christophe Colomb» (1976), où elle incarne la mère du célèbre navigateur. S’occupant, à la fin de sa vie, de la publication de l’œuvre de son père, celle qui fut aussi une costumière réputée s’éteint le 28 août 1994.
© Jean-Pascal LHARDY

1935 | Les mystères de Paris – de Félix Gandéra avec Lucien Baroux |
1937 | Katia – de Maurice Tourneur avec John Loder |
1938 | La fin du jour – de Julien Duvivier avec Victor Francen |
1939 | La charrette fantôme – de Julien Duvivier avec Louis Jouvet |
1941 | L’assassinat du Père Noël – de Christian-Jaque avec Harry Baur |
1942 | Le comte de Monte Cristo – de Robert Vernay
avec Pierre Richard-Willm
Film en 2 parties 1 : Edmond Dantès 2 : Le châtiment Le voyageur de la Toussaint – de Louis Daquin avec Jules Berry Monsieur des Lourdines – de Pierre de Hérain avec Raymond Rouleau Seulement costumes |
1943 | Les anges du péché – de Robert Bresson avec Louis Seigner |
1948 | Le point du jour – de Louis Daquin avec Jean Desailly |
1949 | Singoalla – de Christian-Jaque avec Michel Auclair |
1955 | Si tous les gars du monde – de Christian-Jaque avec Jean Gaven |
1956 | Elisa / La fille Elisa – de Roger Richebé avec Serge Reggiani |
1957 | Une vie – de Alexandre Astruc avec Christian Marquand |
1959 | Pantalaskas – de Paul Paviot avec Albert Rémy |
1962 | Le gentleman d’Epsom / Les grands seigneurs – de Gilles Grangier avec Jean Gabin |
1965 | La métamorphose des cloportes – de Pierre Granier-Deferre avec Lino Ventura |
1974 | Thomas – de Jean-François Dion avec Michel Bouquet |
1981 | Chanel solitaire ( Coco Chanel ) de George Kaczender avec Timothy Dalton |
1983 | Un amour en Allemagne ( eine liebe in Deutschland ) de Andrzej Wajda avec Armin Mueller-Stahl |
1984 | Blanche et Marie – de Jacques Renard
avec Miou-Miou
Les poings fermés – de Jean-Louis Benoît avec André Wilms |