![]() 1946 Antoine et Antoinette – de Jacques Becker avec Roger Pigaut, Noël Roquevert & Pierre Trabaud | ![]() 1948 Les dieux du dimanche – de René Lucot avec Marc Cassot, Georges Chamarat & Alexandre Rignault | ![]() 1950 Les conquérants solitaires – de Claude Vermorel avec Alain Cuny, Michel Etcheverry & Guy Decomble | ![]() 1954 La plus belle des vies – de Claude Vermorel avec Jean-Pierre Kérien, Roger Pigaut & Lucien Raimbourg | ||
![]() |

Pour l’éternité, Claire Mafféi c’est Antoinette dans «Antoine et Antoinette» (1946), le beau film de Jacques Becker. Elle incarne, avec une fraîcheur et une spontanéité étonnantes, une petite vendeuse de grands magasins qui achète des poireaux pour son amie, guichetière dans le métro (pétulante Annette Poivre), ramène des sardines pour le déjeuner (un plat de choix dans ces années de l’immédiat après-guerre) et se plaint de ne pas avoir un lavabo, «comme tout le monde». Cette peinture, rarement faite, de la vie quotidienne d’un couple des classes populaires (avec un Roger Pigaut lui aussi sensationnel) livre un portrait attendri et complice, mais jamais mièvre ni apitoyé, de ces jeunes gens confrontés aux problèmes d’argent, mais que leur amour sauve du désespoir comme des manigances d’un Noël Roquevert libidineux à souhait.
Hélas, le reste de la carrière de Claire Mafféi, née le 11 octobre 1919, ne tiendra pas les promesses du chef-d’œuvre de Becker. Antoinette était son premier rôle important, après de modestes emplois dans quelques films, où son nom n’apparaît pas toujours au générique. Sur la lancée du film de Jacques Becker, elle décroche le rôle de Jeannette qui, dans «Les dieux du dimanche» (1948), de René Lucot, est la femme d’un footballeur amateur dont l’ascension, qui lui gâte le caractère, manque de faire échouer leur mariage. À noter, dans le rôle du sportif, la belle prestation de Marc Cassot, dans l’un de ses meilleurs rôles, et qui se consacrera surtout, dans la suite de sa carrière, au doublage.
Dans un film méconnu de Claude Vermorel, «Les conquérants solitaires» (1950), Claire Mafféi hérite d’une forêt en Afrique, qu’elle essaie, en vain, de vendre à un chercheur d’or. On est loin de la demoiselle de magasin d’«Antoine et Antoinette»! En 1954, l’actrice tourne un dernier film, «La plus belle des vies». Elle y retrouve le réalisateur de son film précédent, Claude Vermorel, qu’elle a épousé quelques années auparavant , et sous les auspices de qui va désormais se dérouler sa carrière, à l’écran comme à la scène. Pour ce dernier rôle au cinéma, le réalisateur renvoie encore l’actrice en Afrique, où elle rencontre à nouveau Roger Pigaut, l’Antoine du film de Becker, de qui elle s’éprend, une aventure mal vue de la bourgeoisie coloniale. C’est encore Claude Vermorel, également dramaturge, qui, après une brève apparition dans «Le Carrosse du Saint-Sacrement», de Mérimée, la fait débuter au théâtre dans l’une de ses pièces, «Thermidor». Elle y incarne cette Elisabeth Lebas qui, avec sa famille, loge Robespierre, Michel Vitold, durant la Révolution. Puis elle retrouve son partenaire de «Les dieux du dimanche», Marc Cassot, pour un spectacle à deux personnages, «Chambre 29» (1949), de Guy Verdot.
Claire Mafféi joue encore dans plusieurs pièces de son mari: «Le bonheur des hommes» (1952) monté au théâtre des Célestins à Lyon, dans une mise en scène de Michel Etcheverry, puis deux spectacles historiques consacrés à Napoléon: «Un jardin sur la mer» (1964), où elle donne vie à la femme du général Bertrand, Fanny, qui, avec son mari, accompagne l’Empereur, Jacques Mauclair, à Sainte-Hélène et, vingt ans plus tard, en 1985, «Si Napoléon», une pièce présentée encore à Lyon. La même année, Claire Mafféi revient sur les écrans pour interpréter la femme de Lénine, Nadejda Kroupskaïa, dans un téléfilm de Jeannette Hubert consacré au dirigeant russe. Claire Mafféi s’est éteinte le 16 octobre 2004.
© Jean-Pascal LHARDY

1940 | Premier rendez-vous – de Henri Decoin avec Louis Jourdan |
1943 | Les ailes blanches – de Robert Péguy
avec Saturnin Fabre
Ne le criez pas sur les toits – de Jacques Daniel-Norman avec Fernandel |
1945 | L’insaisissable Frédéric / L’insaisissable Monsieur Frédéric – de Richard Pottier
avec Paul Meurisse
Jeux de femmes – de Maurice Cloche avec Jacques Dumesnil |
1946 | Antoine et Antoinette – de Jacques Becker avec Roger Pigaut |
1948 | Les dieux du dimanche – de René Lucot avec Georges Chamarat |
1950 | Les conquérants solitaires – de Claude Vermorel avec Alain Cuny |
1954 | La plus belle des vies – de Claude Vermorel avec Jean-Pierre Kérien |