Jeff Chandler

Issu d’une famille de petits commerçants en confiserie, Ira Grossel voit le jour 15 décembre 1918 dans le quartier populaire de Brooklyn, à New York. Sur les bancs de l’Erasmus High School, l’adolescent rencontre la jeune Susan Hayward qui restera une amie fidèle et ensemble, devenus stars, ils tourneront «Caravane vers le soleil» en 1959. Après le lycée, devenu un athlète de presque deux mètres à la chevelure déjà grisonnante, il travaille dans une compagnie financière. Parallèlement, il suit des cours d’art dramatique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Ira sert dans l’armée américaine pendant quatre ans, principalement dans les Aléoutiennes, terminant avec le grade de lieutenant.

De retour à la vie civile, il participe en 1947, sous son vrai nom, à la célèbre série radiophonique «Our Miss Brooks» aux côtés de Eve Arden. Immédiatement remarqué par les Studios Universal, il signe un contrat et change son nom en Jeff Chandler, beaucoup plus commercial. Dans la foulée, il apparaît pour la première fois à l’écran, dans un petit rôle pour «L’heure du crime» auprès de Dick Powell et de Evelyn Keyes. À la fin des années quarante, il interprète encore quelques seconds rôles intéressants. Il incarne notamment un officier de police dans «Monsieur Belvédère au collège» (1949) avec Clifton Webb et Shirley Temple et le Chef MacRae dans le film noir «Kidnapping» (1949) de Joseph M. Newman.

En 1950, Robert Siodmak lui propose le rôle principal dans «Le déporté» avec Marta Toren. La même année, Jeff est nominé pour l’Oscar du meilleur rôle secondaire, pour son interprétation du chef indien Cochise, dans «La flèche brisée» aux côtés de James Stewart. Il devient rapidement la vedette de plusieurs films d’aventures, de westerns et de comédies romantiques. En 1954, il obtient son premier grand succès personnel dans «Taza, fils de Cochise» de Douglas Sirk. S’imposant comme l’une des vedettes les plus populaires, il côtoie les plus grandes stars féminines de son époque, serrant ainsi dans ses bras: Linda Darnell dans «Les rebelles de Fort Thorn» (1950), Maureen O’Hara dans «Les frères Barberousse» (1951), Loretta Young dans «Sans ton amour» (1952), Joan Crawford dans «La maison sur la plage» (1955) et Kim Novak dans «Un seul amour» (1957).

Les succès à répétition ainsi que ses qualités artistiques et personnelles en font une valeur sûre de la capitale du cinéma. En 1959, Jeff Chandler donne la réplique à l’actrice française Martine Carol dans «Tout près de Satan», dirigé par Robert Aldrich et, l’année suivante, il interprète Lewis Jackman dans «Les lauriers sont coupés» de José Ferrer. En 1961, sur le plateau du film de Samuel Fuller «Les maraudeurs attaquent», où il incarne le Général de Brigade Frank D. Merrill, il se blesse accidentellement au dos. Le diagnostic tombe, l’acteur souffre d’une fracture de la colonne vertébrale. D’un professionnalisme à toute épreuve, il refuse d’abandonner le film et termine le tournage en se faisant injecter dans la moelle épinière, de grosses quantités d’antidouleur. En juin 1961, Jeff Chandler est hospitalisé pour subir une opération délicate de la colonne vertébrale. Trois interventions successives sont nécessaires, cependant, au cours de son séjour en clinique, il contracte une infection. Malgré les transfusions sanguines et un courage exemplaire, Jeff Chandler meurt subitement le 17 juin, à Culver City en Californie, d’une septicémie foudroyante.

© Philippe PELLETIER