Pierre Valcour

C’est sous le nom de Joseph Gustave Louis Norbert que le futur cinéaste Pierre Valcour naît le 8 juillet 1931 à Montréal au Québec. Au début des années cinquante, il poursuit ses études à l’Université de Montréal après avoir un temps touché aux sciences agronomiques à Oka dans les Laurentides. Passionné de théâtre, il côtoie alors le comédien Gratien Gélinas et le fondateur de la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval, Georges-Henri Lévesque.

Comédien dans un premier temps, Pierre Valcour se produit notamment avec la troupe de «La Roulotte» dirigée par Paul Buissonneau. Il joue donc inlassablement de parc en parc montréalais, dans les années 1950, avant de s’y faire remarquer. Il auditionne alors pour une émission qui va devenir l’une des pièces phares de Radio Canada, «Les Plouffe». Il y décroche le rôle du fils turbulent de la célèbre famille, Guillaume, un personnage qu’il reprend pour les téléromans «La famille Plouffe» (1953/59) et «Le petit monde du Père Gédéon» (1962/63). Sa carrure de sportif, son abondante chevelure et sa très belle gueule le hissèrent très vite au sommet des vedettes québécoises de l’époque. Acteur très en vue, il joue dans des séries comme «Joie de vivre» (1959/63) ou «Ouragan» (1959/62). Pour le grand écran, il est distribué dans «Tit-Coq», l’adaptation de la célèbre pièce de Gratien Gélinas tournée en 1952 par René Delacroix et l’auteur lui-même qui y tient aussi le rôle principal, et «L’esprit du mal» (1953) de Jean-Yves Bigras. Le succès aidant, il travaille pour la radio, animant des émissions sur CKVL, CJMS et CKAC.

Sans mettre de côté sa carrière d’acteur, avec des films tels que «La vraie nature de Bernadette» (1971) de Gilles Carle avec Micheline Lanctôt, l’histoire d’une femme en rupture avec son milieu qui part vivre à la campagne et dont la vraie nature est de vouloir le bonheur des gens, et «Bingo» (1973) de Jean-Claude Lord, auprès de Anne-Marie Provencher, Denise Pelletier et Alexandra Stewart, Pierre Valcour est aussi producteur de nombreuses séries documentaires. Des œuvres à caractère historique sur les mouvements sociaux du Québec; des films éducatifs d’exploration tournés en Afrique comme «Les trésors de la Vallée des Rois» et «Lybie, désert vivant»; des portraits biographiques, notamment sur l’évêque Joseph Charbonneau de Montréal, le chanoine Lionel Groulx ou le père Georges-Henri Lévesque. C’est dans cette veine qu’il finance, après plusieurs années de préparation, «Le Frère André», sorti en salles en 1987, biopic sur le célèbre thaumaturge québécois incarné par Marc Legault. Sa contribution au milieu de l’action humanitaire le pousse à disparaître du petit écran. Il assume alors la narration de plusieurs documentaires et fonde alors plusieurs compagnies de production et de distribution, dont «Explo-Mundo», «La Société des grands explorateurs» ou «Ciné-Mundo».

En 1993, Pierre Valcour apparaît dans des épisodes de la série télévisée «Scoop II» où il joue le Premier Ministre. L’année suivant, il fait une dernière prestation pour le grand écran dans «Si belles» de Jean-Pierre Gariépy où il interprète le père de Michel Laperrière. Il s’attèle ensuite sur quelques projets qui resterons malheureusement inachevés. En effet, malade, l’artiste se retire dans une petite localité des Cantons-de-l’Est où il passe le reste de ses jours. Ce touche-à-tout de génie meurt le 27 novembre 2012, à Sherbrooke ville québécoise située au confluent des rivières Magog et Saint-François.

© Alexandre CARLE & Pascal DONALD