Péter Bacsó

D’origines hongroises, Péter Bacsó est né le 2 janvier 1928, à Košice (ou Cassovie en français), ville tchécoslovaque à vingt kilomètres des frontières du pays Magyar. Au début des années quarante, la famille s’installe à Budapest où Péter termine ses études secondaires. Il décide alors de devenir acteur. Il intègre l’école des Arts de la Scène et du Cinéma et en sortira diplômé en 1950.

Entre-temps, Péter Bacsó trouve son premier emploi, à l’âge de dix-neuf ans, comme scripte et assistant du réalisateur Géza von Radványi sur le film «Quelque part en Europe» (1947). Au cours des années cinquante, Péter évolue dans le cinéma hongrois comme scripte et scénariste et devient rapidement un visage familier des studios. Il travaille en collaboration avec de grands noms du cinéma hongrois, parmi lesquels: Félix Máriássy, Márton Keleti, Imre Fehér, et développe une grande complicité avec Károly Makk et Zoltán Fábri, qui resterons de fidèles amis.

Péter Bacsó passe à la réalisation en 1963, avec «En été c’est simple», une comédie sentimentale sur les rapports d’un couple de jeunes mariés incarnés par Mária Laurentzy et Benedek Tóth. Suivent deux autres comédies, «Cyclistes amoureux» (1965) et «L’été sur la colline» (1966) primé au Festival espagnol de San Sebastián en 1968. En 1967, il aborde le drame avec «À bout portant» qui a pour sujet les problèmes de la jeunesse. L’année suivante, il signe «Le témoin», une satire politique décapante sur les procès staliniens des années cinquante. Le film interdit par la censure, reste dans les tiroirs. Lors de sa sortie en 1979, il s’impose rapidement comme un film culte et sa présentation dans la sélection «Un Certain Regard» au Festival de Cannes de 1981, ouvre à ce petit chef-d’œuvre les portes du succès international. L’interdiction du «Témoin» l’insiste à réaliser des films moins polémiques. Il dirige trois productions sur les conflits du monde ouvrier: «Rompre le cercle» (1969), «Temps présent» (1970), primé au Festival de Locarno, et «Le grand élan» (1972).

Par la suite, Péter Bacsó va devenir le plus populaire des cinéastes hongrois de son époque, en alternant drames et comédies, avec des réalisations telles que «Raseur rasé!» (1971), «Parlons plutôt d’amour» (1979), «Quelle heure est-il, réveille matin?» (1984), « Titanic, Titanic, ou la nuit des doublures» (1987), «La fiancée de Staline» (1990), «Balekok és banditák» (1997) et «Presque vierge» (2007). En 2001, il filme la biographie de Katalin Karády pour «Hamvadó cigarettavég», une comédie musicale où Eszter Nagy-Kálózy incarne à la perfection l’actrice et chanteuse disparue en 1990.

Parallèlement à sa carrière de réalisateur, Péter Bacsó continue à écrire pour d’autres cinéastes et produit et supervise une poignée de films. À partir des années quatre-vingt-dix, il travaille pour la télévision, en dirigeant des épisodes pour les feuilletons «Kis Romulusz» (1995) et «Hello Doki» (1996). En 1985, son riche parcours cinématographique est honoré par le prestigieux prix Kossuth. Gravement malade les derniers mois de sa vie, l’homme qui a su déjouer les régimes autoritaires de l’extrême-droite du gouvernement de Miklós Horthy, puis des nazis et des soviétiques, par une subtile utilisation de la métaphore, s’éteint le 11 mars 2009, à Budapest.

© Philippe PELLETIER