Anémone

De son vrai nom Anne Bourguignon, Anémone née le 9 août 1950 à Paris est issue d’une famille bourgeoise dont le père est le psychiatre André Bourguignon. Avec son frère Claude Bourguignon, elle passe son enfance dans une propriété familiale à Bommes en Gironde. Adolescente rebelle, elle est renvoyée de son lycée et découvre les milieux culturels underground de l’après mai 68 où elle côtoie des artistes comme l’écrivain Marc’O et le réalisateur Philippe Garrel. Ce dernier la fait débuter en lui proposant le rôle-titre d’«Anémone» (1967) créditée sous le nom de Anne Bourguignon, elle décide alors de prendre le nom de son personnage comme pseudonyme.

Après ces débuts cinématographiques, Anémone part vivre à Londres et à New-York. De retour en France, elle intègre la distribution de «La prison» (1972) d’après Georges Simenon dans une mise en scène de Robert Hossein à la Maison de la culture de Reims. Devenue comédienne professionnelle, elle rejoint la troupe de «La Veuve Pichard» fondée par Martin Lamotte et Gérard Lanvin où elle joue «La revanche de Louis XI» (1975). Lorsque Coluche passe à la réalisation, il fait appel aux pensionnaires de «La Veuve Pichard» pour «Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine» (1977). Alors qu’elle tourne dans «Je vais craquer» (1979) de François Leterrier, son partenaire Christian Clavier lui propose le rôle de Thérèse dans la pièce «Le père Noël est une ordure» qui devient rapidement un succès. Au cinéma, elle se fait remarquer en composant une artiste de cirque échangiste dans «Viens chez moi, j’habite chez une copine» (1980) de Patrice Leconte. 1982 est l’année de sa consécration avec les succès de «Pour cent briques, t’as plus rien!» de Edouard Molinaro avec Daniel Auteuil et Gérard Jugnot et «Le quart d’heure américain» de Philippe Galland avec Gérard Jugnot. Mais surtout avec l’adaptation cinématographique par Jean-Marie Poiré de la pièce «Le père Noël est une ordure» qui devient un film culte.

Après «Le mariage du siècle» (1985) de Philippe Galland avec Thierry Lhermitte, Anémone se dirige vers des compositions dramatiques. Michel Deville lui propose le rôle d’une boiteuse nymphomane portée sur le voyeurisme dans «Péril en la demeure» (1984). La consécration arrive avec son rôle de Marcelle, épouse malheureuse de Pelo, qui héberge le petit Louis abandonné par sa mère dans «Le grand chemin» (1986) de Jean-Loup Hubert avec Richard Bohringer. Un film qui permet aux deux acteurs de remporter le César. Puis, elle compose avec Richard Berry un couple divorcé qui apprend à revivre ensemble pour mieux appréhender la tumeur au cerveau de leur fille dans «Le petit prince a dit» (1991) de Christine Pascal. Après les échecs de «Poule et frites» (1986) de Luis Rego et «Les Bidochon» (1995) de Serge Korber, elle délaisse la comédie pour le cinéma d’auteur sous la direction de Tonie Marshall qui lui offre des contre-emplois dans «Pas très catholique» (1993) et «Enfants de salaud» (1995).

À partir des années 2000, Anémone quasiment absente du grand écran se consacre à la télévision en apparaissant dans la saison 2 de «Fais pas ci, fais pas ça» (2008) ou au théâtre dans «L’avare» (2001) de Molière. En 2017, elle met un terme à sa carrière en portant un regard amer sur le showbiz. Engagée politiquement pour une société plus éthique et écologique, elle s’installe dans un village des Deux-Sèvres. Atteinte d’un cancer des poumons, elle décède le 30 avril 2019 au CHU de Poitiers à l’âge de 68 ans.

© Olivier SINQSOUS