1958 Porgy & Bess – de Otto Preminger avec Dorothy Dandridge, Sidney Poitier, Brock Peters & Pearl Bailey | 1973 Claudine – de John Berry avec James Earl Jones, Lawrence-Hilton Jacobs, David Kruger & Eric Jones | 1996 Le secret du bayou (Eve’s bayou) de Kasi Lemmons avec Samuel L. Jackson, Meagan Good & Lynn Whitfield | 2015 The masked saint – de Warren P. Sonoda avec Brett Granstaff, Roddy Piper & Lara Jean Chorostecki | ||
Femme et noire, une double peine pour envisager une carrière d’actrice dans les années 1950? Pionnière parmi les stars afro-américaines, Diahann Carroll a su conjuguer la chance et le talent. Née Carol Diahann Johnson le 17 juillet 1935 à New York, elle grandit dans la musique et chante dès l’âge de six ans dans la chorale de l’église de Harlem. Songeant à l’opéra, elle devient mannequin pour financer ses études et, repérée pour sa beauté et sa voix douce et sensuelle, elle débute au cinéma à 19 ans grâce au réalisateur Otto Preminger. Œuvre insolite, «Carmen Jones» (1954) plonge l’opéra de Georges Bizet dans le sud des Etats-Unis, avec autour de Dorothy Dandridge et de Harry Belafonte en vedette, uniquement des acteurs noirs américains. Le film est ovationné. Otto Preminger récidive avec «Porgy and Bess» (1958), adapté de l’opéra de George Gershwin. Et offre à Diahann un rôle plus étoffé auprès de Sidney Poitier, celui de Clara qui ouvre le film en fredonnant la célèbre berceuse «Summertime». Chanteuse avant tout, Diahann Carroll figure au casting du film de Anatole Litvak, d’après le roman de Françoise Sagan, «Aimez-vous Brahms...» (1960), puis de «Paris Blues» (1961), drame de Martin Ritt sur fond de jazz autour de l’idylle entre deux couples. Mais l’actrice espère des rôles plus en vue. Et c’est une comédie musicale à Broadway, «No Strings» (1962) de Samuel A. Taylor, qui la révèle et consacre sa performance.
Confrontée au racisme dans le drame de Otto Preminger, «Que vienne la nuit» (1966), puis ex-femme d’un gangster dans le thriller de Gordon Flemyng, «Le crime, c’est notre business» (1968), Diahann Carroll triomphe dans une série télévisée, «Julia» (1968/71). Elle y tient le rôle titre, une première pour une actrice noire, celui d’une infirmière, veuve d’un soldat du Vietnam et élevant seule son fils. Le public américain est conquis, l’actrice est récompensée d’un Golden Globe et le cinéma prend le relais de ce succès. Diahann est «Claudine» (1973) dans le film de John Berry, une mère de six enfants qui, vivant chichement de ménages et d’aide sociale, trouve l’amour avec un éboueur joué par James Earl Jones. S’ensuit une diète cinématographique, éclipsée par une série mythique qui gratifie l’actrice d’une notoriété internationale, «Dynastie» (1984/87). Diahann convainc le producteur qu’elle seule peut incarner la diva métisse Dominique Deveraux face à la puissante famille Carrington et l’intrigante Alexis, campée par Joan Collins. «Je veux être riche et impitoyable. Je veux être la première garce noire à la télé», affirme-t-elle, brisant par sa popularité le carcan des rôles subalternes jusque-là dévolus à ses congénères.
Après le rôle de sa vie, Diahann Carroll fait un timide retour au cinéma, émaillé de documentaires. Groupie des «The five heartbeats» (1990), chanteurs afro-américains dont le film éponyme de Robert Townsend retrace la carrière, elle est voyante un peu sorcière dans «Le secret du bayou» (1996) de Kasi Lemmons, membre de la famille aisée des «Peeples» (2012) de Tina Gordon, et tourne son dernier long métrage en 2015, «The masked saint» de Warren P. Sonoda, dont le héros pasteur le jour se mue en justicier la nuit. Parallèlement, la comédienne sévit dans des téléfilms et des séries populaires, telles que «Grey’s Anatomy» (2006/07), en mère du docteur Preston Burke, ou «FBI: duo très spécial» (2009/14). Croqueuse d’hommes, Diahann Carroll a entretenu des relations tumultueuses et s’est mariée quatre fois. Elle a une fille et deux petits-fils. C’est un cancer du sein, diagnostiqué en 1997 et qu’elle pensait terrassé, qui l’emporte le 4 octobre 2019. Reste sa partition pour que Noires et Blanches jouent enfin à l’unisson...
© Isabelle MICHEL
1954 | Carmen Jones – de Otto Preminger
avec Dorothy Dandridge
+ chansons |
1958 | Porgy & Bess – de Otto Preminger
avec Sidney Poitier
+ chansons |
1960 | Aimez-vous Brahms ? ( goodbye again ) de Anatole Litvak
avec Yves Montand
+ chansons |
1961 | Paris Blues – de Martin Ritt avec Paul Newman |
1966 | Que vienne la nuit ( hurry sundown ) de Otto Preminger avec Michael Caine |
1968 | Le crime c’est notre business ( the split ) de Gordon Flemyng avec Jim Brown |
1970 | DO King : A filmed record… Montgomery to Memphis – de Joseph L. Mankiewicz & Sidney
Lumet avec Burt Lancaster
Seulement apparition |
1973 | Claudine – de John Berry
avec James Earl Jones
Prix Image de la meilleure actrice dans un film de cinéma aux Image Awards, USA |
1990 | Mo’ better blues – de Spike Lee
avec Denzel Washington
The five heartbeats – de Robert Townsend avec Michael Wright |
1991 | DO Color adjustment – de Marlon Riggs
avec Norman Lear
Seulement apparition |
1996 | Le secret du bayou ( Eve’s bayou ) de Kasi Lemmons avec Samuel L. Jackson |
2007 | DO Over the river... The life of Lydia Maria child abolitionist for freedom – de Constance
Jackson avec Peter Doyle
Seulement voix & narration |
2010 | DO 1 a minute – de Namrata Singh Gujral
avec Kelly McGillis
Seulement apparition DO Kiss and tell: The history of black romance in movie – de Darryl Pitts avec Bill Duke Seulement apparition |
2011 | DO Sing your song – de Susanne Rostock
avec Harry Belafonte
Seulement apparition |
2012 | Peeples – de Tina Gordon
avec Craig Robinson
DO Show Stopper: The theatrical life of Garth Drabinsky – de Barry Avrich avec Robert Rabinovitch Seulement apparition |
2014 | DO Makers: Women in Hollywood – de Linda Goldstein Knowlton
avec Glenn Close
Seulement apparition |
2015 | The masked saint – de Warren P. Sonoda
avec Brett Granstaff
DO Maya Angelou and still I rise – de Bob Hercules & Rita Coburn Whack avec Louis Gossett Jr. Seulement apparition |
2018 | DO Broadway : The golden age, by the legends who were there / Broadway : The golden age –
de Rick McKay avec Theodore Bikel
Seulement apparition |
AUTRES PRIX : | |
Prix Crystal aux Crystal Awards des femmes dans le cinéma, USA ( 1992 ) Prix Lucy aux Prix Lucy des femmes dans le cinéma, USA ( 1998 ) |