
Le péplum avait besoin de gros bras. Ses héros en jupettes pouvaient en effet y montrer leurs biceps. Le premier de ces costauds, Steve Reeves, avait de la prestance et des dons d’acteur. Mais on ne peut pas en dire autant de ses épigones, les Mark Forest, Kirk Morris et autres Ed Fury. Ce dernier, de son vrai nom Rupert Edmund Holovchik, né le 6 juin 1928, est, en effet, un pâle succédané de Steve Reeves. Comme tous ses confrères, il vient du culturisme. Au début des années 50, il est bien placé dans quelques compétitions, comme «Mr Muscle Beach» (tout un programme!).
Sa plastique et son physique de gravure de mode lui valent des emplois de mannequin. Il pose aussi, en petite tenue, pour des magazines spécialisés. Le cinéma fait bientôt appel à lui. Le voilà parmi les apollons musclés qui accompagnent Jane Russell au bain dans «Les hommes préfèrent les blondes» (1953), de Howard Hawks. Il fait également un peu de figuration dans «Le démon des eaux troubles» (1953), de Samuel Fuller, «Les gladiateurs» (1953), de Delmer Daves, ou encore «Bus stop» (1955), de Joshua Logan, avec Marilyn Monroe. Ed Fury tourne ainsi plus de vingt films dans le plus complet anonymat. Les choses sérieuses commencent vraiment en 1959, quand le culturiste décroche le rôle de Glauco, face à Rod Taylor, dans «La Reine des Amazones», de Vittorio Sala. Dans ce film de «sword-and-sandal», comme les Américains appellent aussi le péplum, le beau gosse qui joue les hercules de service, parvient à séduire la future souveraine de cette tribu guerrière qui ne fait qu’une bouchée des hommes!
Puis c’est la consécration. En 1960, Ed Fury obtient le rôle principal dans un film de Carlo Campogalliani, «La fureur d’Hercule». Si la version française parle bien d’Hercule, le véritable héros du film est un autre héros du péplum, un certain Ursus, un autre colosse, apparu dans le roman «Quo vadis?», d’Henryk Sienkiewicz, puis dans les différentes adaptations du livre au cinéma, dont celle de Mervyn LeRoy, en 1951. Dans cette «Fureur d’Hercule», Ed Fury lutte, tous ses pectoraux dehors, contre les ravisseurs de sa dulcinée. Beaucoup d’efforts pour rien, puisque la belle est devenue une prêtresse maléfique, que son costaud de fiancé ne peut remettre dans le droit chemin. Après Ursus, le comédien prête sa plastique sculpturale à une autre gloire du genre, Maciste. Tous ces héros musclés sont d’ailleurs interchangeables. En effet, si Hercule, dans «La fureur d’Hercule», est en fait Ursus dans le film italien original, Maciste, lui, est, en réalité, Ursus dans «Maciste dans la vallée des lions» (1961), de Carlo Ludovico Bragaglia, et «Maciste dans la vallée des dieux» (1963), de Giorgio Simonelli. Capturé, enchaîné ou donné en pâture aux hyènes, notre Ursus-Maciste s’en sort toujours et fait triompher le bon droit. Car cette force de la nature s’est aussi découvert une vocation de justicier.
Après cette brève carrière au cinéma, Ed Fury paraît dans quelques célèbres séries télévisées, comme «Star Trek» (1968), «Colombo» (1973/75) ou encore «L’île fantastique» (1979), où il ne fait d’ailleurs que de furtives apparitions. Il se retire alors, mais, en 2001, la ville de Venice, dans la banlieue de Los Angeles, lui rend hommage, ainsi qu’à d’autres culturistes reconvertis dans le cinéma, comme Gordon Mitchell, Richard Harrison ou Mickey Hargitay. Ed Fury s’éteint, à un âge avancé, dans sa maison de Woodland Hills, près de Los Angeles, le 24 février 2023.

1945 | Par sa faute ( because of him ) de Richard Wallace avec Deanna Durbin |
1948 | Fabiola – de Alessandro Blasetti
avec Michèle Morgan
Seulement pour la promotion américaine |
1952 | Le joyeux débarquement ( all ashore ) de Richard Quine
avec Mickey Rooney
Traversons la Manche ( dangerous when wet ) de Charles Walters avec Esther Williams |
1953 | Deux nigauds chez Vénus ( Abbott and Costello goes to Mars / on to Mars / rocket and roll )
de Charles Lamont avec Bud Abbott
Les hommes préfèrent les blondes ( gentlemen prefer blondes ) de Howard Hawks avec Jane Russell Aventure dans le grand nord ( island in the sky ) de William A. Wellman avec John Wayne Gloire et fortune ( the actress ) de George Cukor avec Jean Simmons The Eddie Cantor story – de Alfred E. Green avec Keefe Brasselle Le vol du diamant bleu ( the great diamond robbery ) de Robert Z. Leonard avec Red Skelton Le démon des eaux troubles ( hell and high water ) de Samuel Fuller avec Bella Darvi Les gladiateurs ( Demetrius and the gladiators ) de Delmer Daves avec Susan Hayward |
1954 | Le prince étudiant ( the student prince ) de Richard Thorpe
avec Ann Blyth
Athena – de Richard Thorpe avec Jane Powell Une fille de la province ( the country girl ) de George Seaton avec Grace Kelly |
1955 | La maison sur la plage / Cet homme m’appartient ( female on the beach ) de Joseph Pevney avec Joan Crawford |
1956 | La peur au ventre ( I died a thousand times ) de Stuart Heisler
avec Shelley Winters
La proie des hommes ( raw edge ) de John Sherwood avec Yvonne De Carlo Arrêt d’autobus ( bus stop / the wrong kind of girl ) de Joshua Logan avec Marilyn Monroe |
1957 | The wild women of Wongo – de James L. Wolcott
avec Mary Ann Webb
Pacifique Sud ( South Pacific ) de Joshua Logan avec Mitzi Gaynor |
1959 | La reine des Amazones ( la regina delle Amazzoni ) de Vittorio Sala avec Gianna Maria Canale |
1960 | La fureur d’Hercule ( Ursus ) de Carlo Campogalliani
avec Moira Orfei
Ivan le conquérant ( le sette sfide ) de Primo Zeglio avec Elaine Stewart |
1961 | Maciste dans la vallée des lions ( Ursus nella valle dei leoni ) de Carlo Ludovico Bragaglia
avec María Luisa Merlo
Maciste à la cour du Cheik / Maciste contre le cheikh ( Maciste contro lo sceicco ) de Domenico Paolella avec Gisella Arden |
1963 | Maciste dans la vallée des dieux / Ursus dans la Terre de Feu ( Ursus nella terra di fuoco ) de Giorgio Simonelli avec Luciana Gilli |
1996 | Dinosaur valley girls – de Donald F. Glut avec William Marshall |