Eva Tanguay voit le jour le 1er août 1878, dans le petit village québécois de Marbleton situé entre Montréal et Québec. Elle n’a pas encore six ans quand sa famille quitte le Canada pour venir s’installer dans la région de Springfield Massachusetts, où son père meurt peu après. Elle n’est qu’une enfant quand elle fait ses débuts sur scène. Elle rêve alors de devenir actrice et avec le soutien de sa mère, elle intègre une troupe de comédiens ambulants à la fin de son adolescence. En 1904, elle joue à New York et devient une personnalité incontournable.
Au début du vingtième siècle, Eva Tanguay est une des plus célèbres vedettes de music-hall des Etats-Unis. Celle que l’on surnomme la bombe joyeuse ou la comédienne excentrique a la réputation d’être une des artistes les mieux payées dans ce domaine (plusieurs milliers de dollars de l’époque par semaine en 1916). Le public aime sa personnalité dynamique, son abattage et ses costumes de scène souvent extravagants. Dans son répertoire, on trouve des chansons un peu osées pour l’époque. Sa plus célèbre chanson s’appelle «I don’t care». Elle a aussi un fort tempérament qui la fait craindre des impresarios. En 1909, elle participe également à la revue des «Ziegfeld Follies» avec un numéro intitulé «Salome». Eva Tanguay n’a tourné que trois films. Le premier, en 1902, est un court-métrage réalisé par Robert K. Bonine qui la montre dans un de ses numéros. Le deuxième, «Energetic Eva» (1916) de Joseph W. Smiley est renseigné comme étant d’une longueur de cinq bobines. «Energetic Eva» est produit par la comédienne elle-même qui crée la «Eva Tanguay Films» pour l’occasion. On ignore si «Energetic Eva» connut réellement une distribution officielle. Par contre, on est certain que son dernier film, «La fille sauvage / The wild girl» réalisé par Howard Estabrock, et avec Tom Moore pour partenaire, sort sur les écrans en 1917. Il s’agit toujours d’une production de la compagnie «Eva Tanguay Films» mais elle fut distribuée par Lewis J. Selznick (et plus tard, après la dissolution de la firme de Selznick, par la compagnie «Select»).
Eva Tanguay s’est mariée à trois reprises. Elle divorce de son premier mari, un danseur nommé Tom Ford, en 1917. Son deuxième mariage avec Roscoe Ails un acteur de vaudeville, s’est également soldé par un divorce. En 1927, alors qu’elle a quarante-huit ans, elle épouse Alexander Booke, un jeune pianiste de vingt-trois ans, mariage annulé peu après au motif de fraude. Après le crash boursier de 1929, Eva Tanguay perd la quasi-totalité de sa fortune. Ruinée, elle se retirée et vécue en recluse les dernières années de sa vie. Lors de sa dernière interview, peu avant sa mort, elle avait refusé qu’on la voie et avait fait tout l’entretien hors de la vue du journaliste.
L’ancienne vedette de vaudeville, victime d’une crise cardiaque, meurt le 11 janvier 1947, à Hollywood. Au moment de sa disparition, elle travaillait sur son autobiographie, «Up and down the ladder». Trois extraits de ses textes ont étés publiés dans les journaux de William Randolph Hearst, en 1946 et 1947. En 1953, un film, une comédie musicale, «The I don’t care girl», lui a été consacré et c’est Mitzi Gaynor qui incarnait Eva Tanguay. Mais sans doute la vérité historique n’est-elle pas à rechercher dans ce genre de film.
© Marlène PILAETE & Philippe PELLETIER
1902 | CM Eva Tanguay – de Robert K. Bonine |
1916 | Energetic Eva – de Joseph W. Smiley
+ production |
1917 | La fille sauvage ( the wild girl ) de Howard Estabrock
avec Tom Moore
+ production |