Juanita Hansen

Juanita Hansen est née le 3 mars 1895 à Des Moines, capitale de l’Iowa. Elle n’est qu’une enfant quand sa famille s’installe en Californie. Elle suit des cours à la «Los Angeles High School» et en sort diplômée. Elle est belle, de longs cheveux blonds bouclés, des grands yeux bleus azur et comme beaucoup de jeunes filles elle espère devenir actrice de cinéma. En se promenant sur le Santa Monica Boulevard, elle est remarquée par J. Farrell MacDonald, le réalisateur en titre de la «Oz Film Manufacturing Company», studio indépendant nouvellement créé par l’écrivain-acteur L. Frank Baum. Elle a dix-neuf ans quand elle fait ses premières apparitions dans «The patchwork girl of Oz» et «The magic cloak of Oz».

Fin 1914, Juanita Hansen est engagée par la «Famous Players Film Company» pour un rôle de premier plan dans «The love route», un western de Allan Dwan dans lequel elle donne la réplique Harold Lockwood, Donald Crisp et Jack Pickford. L’année suivante, elle est à l’affiche de quelques productions pour différents studios dont «Martyrs of the Alamo» un drame historique de Christy Cabanne supervisé par David Wark Griffith. Toujours en 1915, elle est la vedette du sérial «The secret of the submarine» de George L. Sargent. Sa grande beauté est très vite sollicitée par Mack Sennett. Juanita rejoint la troupe des «Bathing Beauties», tourne des courts-métrages légèrement vêtue pour la «Keystone Film Company». Fin 1917 elle claque la porte et signe avec «Universal». Le studio lui offre le rôle principal dans «The brass bullet» un film d’aventure en dix-huit épisodes aux côtés de Jack Mulhall. En 1919, l’actrice est également la partenaire de William S. Hart dans «Loin du cœur» et de Tom Mix dans «Rough-riding romance». Lors de la sortie en janvier 1920 du sérial produit par William Selig «La cité perdue», elle accède enfin au rang de star dans le rôle de la Princesse Elyata. La publicité prétend qu’il fût tourné en Afrique avec des bêtes sauvages, mais tout fût filmé au studio «Selig Polyscope» de Los Angeles avec les animaux de son propre zoo. Cette production est la première du genre à dépasser le million de dollars. À cette époque la vie de Juanita bascule, trop de travail la conduise à une dépendance pour la cocaïne.

Le succès de «La cité perdue» incite la firme «Pathé» à prendre Juanita Hansen sous contrat pour remplacer Pearl White qui a décidé se retirer. Elle est alors la protagoniste, avec Warner Oland, de «The phantom Foe» (1920) et de «The yellow arm» (1921). Mais en 1921, ébouillantée lors d’un accident dans la salle de bains d’un hôtel de New York, elle s’éloigne des plateaux et abuse de plus en plus de drogues afin de calmer ses souffrances. Elle apparaît encore dans deux films en 1922, un petit western en 1923, puis son addiction ruine tout espoir de retour à l’écran. Entre deux cures de désintoxication, elle tente sans succès un retour à Broadway, en 1928, dans la pièce «The high hatters» avec Robert Montgomery, puis décroche un rôle dans «Chasseurs de sensations» (1933) de Charles Vidor, son dernier film.

Sans espoir, sa vie bascule irrémédiablement vers la déchéance. Juanita Hansen est emprisonnée en 1937, écrit un livre l’année suivante pour dénoncer les méfaits de la drogue, puis tente de se suicider par overdose de somnifères en 1941. Sortie de l’enfer de la cocaïne, elle travaille les dernières années de sa vie à la «Southern Pacific Railway» et anime des conférences pour sensibiliser sur les abus de stupéfiants. Elle meurt le 26 septembre 1961, emportée par une crise cardiaque à son domicile de West Hollywood.

© Pascal DONALD