1945 Monsieur Grégoire s’évade – de Jacques Daniel-Norman avec Bernard Blier, Jules Berry & Joe Alex | 1948 Marlène – de Pierre de Hérain avec Tino Rossi, Micheline Francey, Raymond Bussières & Paul Azaïs | 1952 La tournée des grands-ducs – de André Pellenc avec Denise Grey, Jean Carmet & Raymond Bussières | 1979 La gueule de l’autre – de Pierre Tchérnia avec Michel Serrault, Jean Poiret, Curd Jürgens & Roger Carel | ||
Cette blonde au sourire éclatant, élancée et pleine de santé, eut son heure de gloire dans les années 40. Du talent, Lily Fayol en a à revendre. Des talents devrait-on dire, car la dame, née le 12 juin 1914 à Allevard, dans l’Isère, a plus d’une corde à son arc. La danse classique, d’abord, qui l’a formée, comme petit rat, puis danseuse étoile à l’Opéra de Lyon. La danse acrobatique ensuite, qui lui inspire un numéro de music-hall, qu’elle présente sur les scènes d’Europe et d’Amérique latine jusqu’à la veille de la guerre.
Dès le début des années 40, elle se consacre à un autre de ses dons, la chanson, qui lui fait parcourir les pays du Maghreb puis, la paix venue, les salles de France. On peut dès lors l’applaudir au Casino de Paris, à l’A.B.C. ou à Bobino. Son registre, c’est très nettement la chanson fantaisiste sans prétention. Lily Fayol n’est pas une chanteuse «à texte» ni une artiste engagée. Elle chante «La guitare à Chiquita» de Maurice Vandaire et Henri Bourtayre, qui a été créée en 1943 par Irène de Trébert. Il y est question, dans la veine exotique des Rina Ketty et autres Gloria Lasso, de «gauchos», de «rumbas» et de «tangos». C’est que la pétulante Lily Fayol veut s’amuser et distraire son public et elle ne demande pas à ses auteurs de puiser les paroles de ses chansons dans les traités de philosophie.
Il y a aussi «Godefroy de canard», «La cane du Canada», «La chasse au renard», «Les trois bandits de Napoli», «Les cigarières de Barcelone» et beaucoup d’autres. Femme de spectacle, elle ne peut que s’intéresser au cinéma, qui le lui rendit bien mal. En effet, Lily Fayol ne tourne, en trente-cinq ans, qu’une poignée de films, œuvrettes de circonstance bien oubliées aujourd’hui. Comme toutes ses pareilles, on lui demande souvent de faire à l’écran ce qu’elle est censée réussir le mieux, pousser la chansonnette. C’est le cas dans «Boîte de nuit» (1946) court-métrage de Jean Devaivre ou dans «La tournée des grands-ducs» (1952) de André Pellenc, avec Christian Duvaleix et Denise Grey. Dans «Monsieur Grégoire s’évade» (1945) de Jacques Daniel-Norman, elle incarne encore une artiste, vedette aux Folies-Bergère, mais c’est un vrai rôle de composition. Puis elle donne la réplique à Tino Rossi, chanteur détective, dans un agréable film de Pierre de Hérain, «Marlène» (1948). Elle disparaît ensuite du grand écran, pour n’y revenir qu’un quart de siècle plus tard, et y crayonner quelques silhouettes, comme cette mère de Bernadette Lafont dans «La gueule de l’autre» (1979) de Pierre Tchernia.
À la télévision, où elle débute en 1976, Lily Fayol paraît dans des séries comme «Les cinq dernières minutes» (1976), où elle incarne la femme de Robert Dalban, accusé d’avoir assassiné le gardien d’une luxueuse résidence, ou un épisode de «Médecins de nuit» (1981), où vieillie et fardée à l’excès, elle campe une riche veuve octogénaire qui, atteinte d’un cancer, refuse d’aller à l’hôpital. Dans «Le voyageur imprudent» (1982), téléfilm de Pierre Tchernia, qui l’aime bien, elle incarne la nourrice bourrue de Anne Caudry, fille du professeur de physique Jean-Marc Thibault. Sur la scène du Châtelet, elle triomphe, au début des années 50, dans l’opérette de Irving Berlin, «Annie du Far West», où elle interpréte la célèbre tireuse Annie Oakley. Se souvenant de ce spectacle mémorable, Lily Fayol ouvre à Chamrousse, à la fin des années 50, un restaurant baptisé «Le Far West», avant d’en tenir un autre, plus tard, dans un château du Limousin. Mariée à un champion cycliste, elle s’éteint à Saint-Raphaël, le 15 mai 1999.
© Jean-Pascal LHARDY
1945 | Monsieur Grégoire s’évade – de Jacques Daniel-Norman avec Jules Berry |
1946 | CM Boîte de nuit [ Miousic Sirius Symphonies 2 ] – de Jean Devaivre avec Alice Tissot |
1948 | Marlène – de Pierre de Hérain avec Tino Rossi |
1950 | CM Chanson sur mesure – de N.T. Rostovens avec Philippe Clay |
1952 | La tournée des grands-ducs – de André Pellenc avec Raymond Bussières |
1977 | La nuit, tous les chats sont gris – de Gérard Zingg avec Gérard Depardieu |
1979 | La gueule de l’autre – de Pierre Tchérnia avec Michel Serrault |
1980 | Le guignolo – de Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo |