Annette Kellerman

Annette Kellerman est née le 6 juillet 1886, à Marrickville, dans l’état australien de Nouvelle-Galles du Sud. Son père, Frederick William Kellerman joue du violon; sa mère Alice (née Charbonnet), d’origine Française, est professeur de piano et de musique. Après s’être mise à la natation à la suite de problèmes de santé, la jeune fille se révèle très douée dans cette discipline et remporte son premier titre de championne en 1902. Parallèlement à sa carrière sportive, elle commence aussi à se produire sur scène, faisant ses débuts officiels dans ce domaine à Melbourne en 1903, en nageant avec des poissons dans une grande cuve en verre transparente. Après une dernière compétition à Boston en juillet 1908, elle décide de poursuivre son parcours au music-hall et on la retrouve dans des spectacles aquatiques qui en font une des artistes les mieux payées de l’époque. Durant de longues années, elle régale le public avec des ballets nautiques et des démonstrations de plongeon. Elle travaille alors dans son pays natal, aux USA, en Angleterre, en Nouvelle-Zélande, etc.

Le cinéma américain ne tarde pas à s’intéresser à elle et, de 1907 à 1911, Annette Kellerman est l’interprète de quelques courts-métrages, parmi lesquels «Jephtah’s daughter: A biblical tragedy» (1909) de J. Stuart Blackton ou encore «Siren of the Sea» (1911) avec Maurice Costello. Elle est ensuite la star de «La fille de Neptune» (1914) réalisé par Herbert Brenon, qui remporte un grand succès, suivi bientôt par «La fille des dieux» (1916), considéré comme le premier film de l’histoire du cinéma ayant coûté plus d’un million de dollars et dans lequel elle apparaît nue, bien qu’une longue chevelure couvre opportunément les endroits «stratégiques». On la voit par après dans «La reine de la mer» (1918) de John G. Adolfi, «What women love» (1920) de Nate Watt et «La Vénus des mers du Sud» (1924), une co-production américano-néo-zélandaise, dirigée par James R. Sullivan, bénéficiant de plusieurs séquences sous-marines en couleurs. À l’écran, on ne se prive évidemment pas d’exploiter ses dons pour la natation, bien des années avant que cela ne devienne la spécialité de Esther Williams. Elle personnifie en outre «La Méditerranée» dans «National Red Cross Pageant» (1917), une œuvre de propagande produite par la Croix-Rouge et truffée d’autres grands noms de l’époque comme Ethel Barrymore, John Barrymore, Kitty Gordon, Rita Jolivet, Marjorie Rambeau, Tyrone Power Sr., Blanche Yurka ou Ina Claire. On trouve également dans sa filmographie plusieurs courts-métrages américains, anglais et australiens dans lesquels elle tient son propre rôle et effectue des prouesses sportives.

Annette Kellerman est aussi connue pour avoir largement contribué à l’évolution du maillot de bain féminin, le rendant beaucoup plus pratique et moins volumineux. En effet, avant elle, les femmes devaient, sous peine d’être taxées d’indécence, enfiler une encombrante tenue pour profiter des plaisirs de la baignade. Durant les années trente, elle s’éloigne progressivement du devant de la scène. Toutefois, elle organise encore des shows durant la Seconde Guerre Mondiale pour divertir les soldats. En 1952, elle sert de conseillère technique pour le biopic «La première sirène», dans lequel elle est incarnée par Esther Williams. Elle revient vivre en Australie en 1970 et s’éteint le 5 novembre 1975. Ses cendres sont dispersées dans la grande barrière de corail du Queensland, un endroit tout à fait approprié pour celle qui avait fait de l’eau son élément de prédilection.

© Marlène PILAETE