1944 Les dames du Bois de Boulogne – de Robert Bresson avec Maria Casares, Paul Bernard & Elina Labourdette | 1950 Le journal d’un curé de campagne – de Robert Bresson avec Claude Laydu, Antoine Balpêtré & Nicole Maurey | 1974 Lancelot du Lac – de Robert Bresson avec Luc Simon, Laura Duke Condominas & Humbert Balsan | 1982 L’argent – de Robert Bresson avec Christian Patey, Sylvie Van den Elsen, Michel Briguet & Caroline Lang | ||
«Bresson est à part dans ce métier terrible. Il s’exprime cinématographiquement comme un poète par la plume». Ce bel hommage, signé Jean Cocteau, décrit bien l’esprit de ce cinéaste français atypique. Robert Bresson naît le 25 septembre 1901 à Bromont-Lamothe en Auvergne, au sein d’une famille très catholique. Après des études de lettres, il se consacre à la peinture, puis décide de faire carrière dans le cinéma. Il y débute en tant que réalisateur avec un court métrage, «Les affaires publiques» (1934). En pleine guerre, après sa détention en Allemagne, Robert Bresson tourne son premier long métrage, «Les anges du péché» (1943), avec Jean Giraudoux pour les dialogues. C’est avec Jean Cocteau qu’il signe «Les dames du bois de Boulogne» (1944), film inspiré de l’œuvre de Diderot, «Jacques le fataliste», avec toujours ce souci d’esthétisme qu’exige son œil de peintre. Un bémol cependant: il est déçu par le jeu de Maria Casares. Le «Journal d’un curé de campagne» (1951), d’après le roman de Georges Bernanos, création épurée et imprégnée de christianisme, se voit décerner de multiples prix. C’est le dernier film que le cinéaste tourne avec des acteurs professionnels. Il trouve leur présence trop prégnante par rapport au récit et leur préfère des amateurs, des «modèles» tels qu’il les baptise, qu’il peut modeler à sa guise!
La notoriété acquise, Robert Bresson présente au festival de Cannes «Un condamné à mort s’est échappé» (1956), adapté de l’autobiographie d’André Devigny. Austère et dépouillé et baigné par la «grande messe» de Mozart, le film décroche le prix de la mise en scène. Le style Bresson s’impose. Dès lors, les récompenses sont au rendez-vous de chacune des productions d’un cinéaste exigeant qui ne cesse de peaufiner, entre ombre et lumière, la qualité textuelle et artistique de ses œuvres. «Pickpocket» (1959), réflexion sur la faute et la rédemption, «Le procès de Jeanne d’Arc» (1961), fidèle aux témoignages historiques, «Au hasard Balthazar» (1965), peinture de la noirceur humaine à travers les mésaventures d’un âne, et «Mouchette» (1967), touchante adolescente au destin tragique: Robert Bresson cherche moins à distraire le spectateur qu’à l’inciter à méditer sur le sens de la vie.
Renonçant au noir et blanc, il réalise en couleur «Une femme douce» (1968), inspiré d’une nouvelle de Dostoïevski, autour des réflexions d’un homme sur son couple après le suicide de son épouse. Il y révèle Dominique Sanda, un de ses rares «modèles» qui fera carrière dans le métier. Renouant avec l’Histoire, Robert Bresson tourne «Lancelot du Lac» (1974), film évoquant le retour de Lancelot à la cour du roi Arthur après l’échec de la quête du Graal. La sobriété et la rigueur, chères au cinéaste, restent là aussi de mise dans les décors comme dans les costumes. L’avenir du monde, rongé par la famine et la pollution, est au cœur de «Le diable probablement» (1977). «Ce qui m’a poussé à faire ce film, explique le cinéaste, c’est le gâchis qu’on a fait de tout.» Son dernier film, «L’argent» (1982), qui en dénonce le pouvoir maléfique, est adapté d’une nouvelle de Léon Tolstoï et remporte encore le prix de la mise en scène à Cannes. Intellectuelle plus que spectaculaire, cohérente et ciselée, nourrie de 13 films seulement, l’œuvre de Robert Bresson, ne s’apparente pas au cinéma, mais à un nouvel art, le «cinématographe», dont il expose en 1975 la théorie dans un essai et qu’il décrit comme du théâtre filmé. Son dernier projet, «La Genèse» d’après la Bible, ne verra pas le jour. Ce «géant du cinéma» meurt à l’âge de 98 ans le 18 décembre 1999 à Droué-sur-Drouette. Si Dieu existe, Robert Bresson, pétri de spiritualité, l’a rencontré...
© Isabelle MICHEL
1933 | C’était un musicien – de Frederic Zelnik & Maurice Gleize
avec Josette Day
Seulement dialogues & scénario |
1934 | CM Les affaires publiques / Beby inaugure – de Robert Bresson
avec Marcel Dalio
+ scénario, directeur de la photographie & montage |
1936 | Les jumeaux de Brighton – de Claude Heymann
avec Raimu
Seulement scénario Courrier Sud – de Pierre Billion avec Pierre Richard-Willm Seulement adaptation & scénario |
1938 | La vierge folle – de Henri Diamant-Berger
avec Annie Ducaux
Seulement assistant réalisateur |
1939 | Air pur – de René Clair
Seulement assistant réalisateur – Inachevé |
1943 | Les anges du péché – de Robert Bresson
avec Renée Faure
+ scénario |
1944 | Les dames du Bois de Boulogne – de Robert Bresson
avec Maria Casarès
+ adaptation & scénario |
1950 | Le journal d’un curé de campagne – de Robert Bresson
avec Claude Laydu
+ adaptation, dialogues & scénario Prix du meilleur film par le syndicat français de la critique du cinéma, France Prix Louis Delluc, France Prix International au festival du cinéma de Venise, Italie Prix de la critique italienne du cinéma au festival du cinéma de Venise, Italie Prix OCIC au festival du cinéma de Venise, Italie |
1956 | Un condamné à mort s’est échappé / Le vent souffle où il veut – de Robert Bresson
avec François Leterrier
+ dialogues & scénario Prix de la mise en scène au festival du cinéma de Cannes, France Prix du meilleur film par le syndicat français de la critique du cinéma, France Grand Prix du meilleur film aux prix de l’Académie du cinéma Français, France |
1959 | Pickpocket – de Robert Bresson
avec Martin Lassalle
+ adaptation, dialogues & scénario |
1961 | Procès de Jeanne d’Arc – de Robert Bresson
avec Florence Correz Delay
+ dialogues & scénario Prix spécial du jury au festival du cinéma de Cannes, France Prix OCIC au festival du cinéma de Cannes, France |
1965 | Au hasard Balthazar – de Robert Bresson
avec Pierre Klossowski
+ adaptation, dialogues & scénario Prix du meilleur film par le syndicat français de la critique du cinéma, France Prix OCIC au festival du cinéma de Venise, Italie Hommage du jury au festival du cinéma de Venise, Italie |
1967 | Mouchette – de Robert Bresson
avec Nadine Nortier
+ adaptation, dialogues & scénario Prix OCIC au festival du cinéma de Cannes, France Prix du meilleur film par le syndicat français de la critique du cinéma, France Prix Pasinetti au festival du cinéma de Venise, Italie Ruban d’Argent du meilleur réalisateur d’un film étranger par le syndicat des journalistes de cinéma, Italie |
1968 | Une femme douce – de Robert Bresson
avec Dominique Sanda
+ adaptation & scénario Coquille d’Argent au festival international du cinéma de San Sebastián, Espagne |
1971 | Quatre nuits d’un rêveur – de Robert Bresson
avec Guillaume des Forests
+ dialogues & scénario Prix OCIC au festival international du cinéma de Berlin, Allemagne |
1974 | Lancelot du Lac / Le Graal – de Robert Bresson
avec Luc Simon
+ scénario Prix FIPRESCI section parallèle au festival du cinéma de Cannes, France |
1977 | Le diable probablement… – de Robert Bresson
avec Antoine Monnier
+ scénario Prix Interfilm au festival international du cinéma de Berlin, Allemagne Ours d’Argent, Prix Spécial du jury, au festival international du cinéma de Berlin, Allemagne Prix OCIC au festival international du cinéma de Berlin, Allemagne |
1982 | L’argent – de Robert Bresson
avec Christian Patry
+ scénario Prix de la mise en scène au festival du cinéma de Cannes, France Prix NSFC du meilleur réalisateur par la société national des critiques de cinéma, USA |
1984 | DO De weg naar Bresson / The road to Bresson – de Leo de Boer & Jurriën Rood
avec Orson Welles
Seulement apparition |
AUTRES PRIX : | |
Prix Luchino Visconti aux prix David di Donatello, Italie ( 1977 ) Prix Akira Kurosawa au festival international du cinéma de San Francisco, USA ( 1988 ) Lion d’Or pour sa carrière au festival du cinéma de Venise, Italie (1989 ) Prix pur l’ensemble de sa carrière aux Prix du Cinéma Européen, Europe ( 1994 ) |