1973 La femme de Jean – de Yannick Bellon avec France Lambiotte, Claude Rich & Hippolyte Girardot | 1977 L’amour violé – de Yannick Bellon avec Nathalie Nell, Alain Fourès, Pierre Arditi & Daniel Auteuil | 1981 L’amour nu – de Yannick Bellon avec Marlène Jobert, Jean-Michel Folon, Zorica Lozic & Vernon Dobtcheff | 1991 L’affût – de Yannick Bellon avec Dominique Blanc, Tchéky Karyo, Patrick Bouchitey & Michel Robin | ||
Les femmes cinéastes reconnues ne sont pas légion. Yannick Bellon en fait partie. Née à Biarritz le 6 avril 1924, elle puise auprès d’une mère photographe et d’un oncle acteur et réalisateur une vocation pour le cinéma qu’elle partage avec sa sœur Loleh. Elle débute sa formation à Nice, la parfait un an à Paris dans le tout nouvel Institut des hautes études cinématographiques, puis préfère se frotter au métier et apprendre la technique du montage auprès de professionnels, telle Myriam Borsoutsky dont elle est assistante. Ses premières armes, Yannick Bellon les fait avec des documentaires et des courts métrages. Dans «Goémons» (1947), elle témoigne du rude travail des ramasseurs de ces algues marines sur l’île bretonne de Béniguet. Un document puissant qui remporte un prix au festival de Venise et signe ce mélange de militantisme et de poésie qui caractérise toute l’œuvre d’une cinéaste qui n’a alors que 24 ans.
Avec «Colette» (1950), Yannick Bellon brosse un touchant portrait de la romancière qui, cheminant dans ses souvenirs, évoque ses lieux de vie, ses amitiés, sa passion de l’écriture. «Varsovie quand même» (1954), rend hommage à une ville éprouvée durant la Deuxième Guerre mondiale. Yannick Bellon coécrit le scénario avec le journaliste Henry Magnan, dont elle partage la fibre humaniste et qu’elle épouse en 1953. Il collabore à plusieurs de ses films, dont «Un matin comme les autres» (1956), joué par Simone Signoret et Yves Montant, s’attachant au sort des pauvres, ou «Le bureau des mariages» (1962), d’après Hervé Bazin, peignant des vies mornes et soumises. La cinéaste s’intéresse aussi à la télévision et réalise entre autres, sur la demande de Michel Polac, une émission autour des livres. Confortée dans sa maîtrise de l’art cinématographique, elle s’attelle à son premier long métrage. Faute de financement suffisant, elle crée sa propre maison de production, Les Films de l’Equinoxe, et réalise «Quelque part quelqu’un» (1971), offrant à Roland Dubillard, aux côtés de sa sœur Loleh, le rôle d’un journaliste détruit par l’alcoolisme. Une tragique évocation de l’addiction dont souffre son mari qui se suicide en 1965. Les êtres malmenés par la vie, mais qui luttent pour se reconstruire, fascinent la cinéaste. C’est le cas de «La femme de Jean» (1973), ayant vécu dans l’ombre d’un mari qui la quitte. Plus dérangeant, «L’amour violé» (1977), que Yannick Bellon produit elle-même, filme dans sa réalité bestiale un acte traumatisant qui ne doit pas rester impuni. Dans «L’amour nu» (1981), c’est un cancer du sein que l’héroïne, incarnée avec force et émotion par Marlène Jobert, affronte dans la peur de ne plus être désirable.
Féministe, la cinéaste dénonce violences, conventions, préjugés dont les femmes, ses congénères, sont les premières victimes. Mais les hommes aussi sont vulnérables. Yannick Bellon en rend compte dans «La triche» (1984) qui voit Victor Lanoux marié mais épris d’un jeune musicien. «Faire des films, pour moi, c’est exprimer des émotions», témoigne la cinéaste. Qui se dit «disponible pour tout». De la difficile réinsertion par l’apprentissage du théâtre d’adolescents délinquants, dans «Les enfants du désordre» (1988), avec Emmanuelle Béart, à la lutte entre chasseurs et défenseurs de la nature dans «L’affût» (1991). Sans oublier de rendre hommage à sa mère photographe-reporter, Denise Bellon, dans «Le souvenir d’un avenir» (1990). Elle-même, dans «D’où vient cet air lointain? Chronique d’une vie en cinéma» (2018), retrace un parcours nourri de ses curiosités, de ses fulgurances esthétiques et de son goût des autres. Elle a 95 ans quand elle décède à Paris le 2 juin 2019.
© Isabelle MICHEL
1947 | DO Paris mil neuf cent – de Nicole Védrès
Seulement assistante montage DO Goémons – de Yannick Bellon Prix International du meilleur documentaire au festival du cinéma de Venise, Italie DO Rondo sur la piste – de Maurice Henry Seulement montage DO Toulouse-Lautrec – de Robert Hessens Seulement montage DO Les petits mystères de Paris – de P. Goult Seulement montage |
1948 | DO Versailles et ses fantômes – de Jean Béranger
Seulement montage |
1949 | DO La cathédrale – de Jean Béranger
Seulement montage DO Ce siècle a cinquante ans – de Roland Tual avec Geneviève Page Seulement assistante montage & assistante réalisateur |
1950 | DO Colette – de Yannick Bellon
avec Jean Cocteau
+ scénario |
1951 | CM Tourisme – de Yannick Bellon |
1952 | Les crimes de l’amour : Mina de Vanghel – de Maurice Barry & Maurice Clavel
avec Odile Versois
Seulement montage |
1953 | DO Au cœur des Alpes – de Mildred Courtot
Seulement montage DO Pastorale interrompue – de Mildred Courtot Seulement montage CM Quatre hommes et une marquise – de J.K. Raymond-Millet Seulement montage |
1954 | CM Varsovie quand même – de Yannick Bellon
+ scénario |
1956 | CM Un matin comme les autres – de Yannick Bellon avec Yves Montand |
1958 | Le bel âge – de Pierre Kast
avec Jacques Doniol-Valcroze
Seulement montage DO Les hommes oubliés – de Yannick Bellon + scénario |
1959 | Merci Natercia ! – de Pierre Kast
avec Françoise Prévost
Seulement montage CM Images pour Baudelaire – de Pierre Kast Seulement montage CM Le second souffle – de Yannick Bellon avec Maurice Garrel CM Une question d’assurance – de Pierre Kast avec Etienne Bierry Seulement montage |
1960 | La morte saison des amours – de Pierre Kast
avec Françoise Arnoul
Seulement montage CM Zaa, petit chameau blanc – de Yannick Bellon & Jean Salvy + scénario |
1962 | CM Le bureau des mariages – de Yannick Bellon avec Michael Lonsdale |
1963 | Vacances portugaises / Les égarements / Les sourires de la destinée – de Pierre Kast
avec Michel Auclair
Seulement montage DO En compagnie de Max Linder – de Maud Linder Seulement collaboration à la technique CM Ambroise, enfant du Kasaï – de Jean Salvy Seulement montage CM Main basse du Bel – de Yannick Bellon & Jean Salvy avec Nicole Jonesco |
1964 | TV Pour le plaisir – de Yannick Bellon
Série – Réalisation d’un épisode Bons baisers, à bientôt |
1965 | CM Comtesse de Ségur – de Yannick Bellon avec Cécile Sorel |
1966 | TV Bibliothèque de poche – de Yannick Bellon
avec Michel Polac
Série – Réalisation de 22 épisodes entre 1966 et 1968 |
1969 | TV Anatomie de Los Angeles – de Yannick Bellon |
1970 | TV Chroniques de France – de Yannick Bellon
Série – Réalisation d’un épisode Saison 1, épisode 61 : Chroniques de France N° 61 & 61bis TV Venise – de Yannick Bellon |
1971 | Quelque part, quelqu’un / Les chemins de la ville – de Yannick Bellon
avec Roland Dubillard
+ scénario & production |
1972 | TV Brésiliens d’Afrique, africains du Brésil – de Yannick Bellon |
1973 | La femme de Jean – de Yannick Bellon
avec Claude Rich
+ scénario Coquille d’Argent au festival international du cinéma de San Sebastián, Espagne |
1975 | Jamais plus toujours – de Yannick Bellon
avec Jean-Marc Bory
+ scénario |
1977 | L’amour violé – de Yannick Bellon
avec Nathalie Nell
+ scénario & production |
1981 | L’amour nu – de Yannick Bellon
avec Marlène Jobert
+ scénario |
1984 | La triche – de Yannick Bellon
avec Anny Duperey
+ scénario |
1988 | Les enfants du désordre – de Yannick Bellon
avec Emmanuelle Béart
+ scénario & production |
1990 | DO Le souvenir d’un avenir – de Yannick Bellon & Chris Marker
+ scénario |
1991 | L’affût – de Yannick Bellon
avec Dominique Blanc
+ scénario |
2018 | DO D’où vient cet air lointain? Chronique d’une vie en cinéma – de Yannick Bellon
+ scénario |