Marie Kean

Marie Kean, née le 27 juin 1918 à Rush, un village du comté de Dublin. Fille de John Kean, capitaine de navire, et de Margaret (née Foley), elle grandit à Rush, où elle est exposée dès son enfance au théâtre grâce aux troupes itinérantes qui se produisaient localement. Elle poursuit sa scolarité au «Loreto College, North Great George’s Street» de Dublin. Après des études au sein de la fonction publique, elle épouse William Mulvey en 1941, avec qui elle aura deux enfants. C’est après son mariage qu’elle décide de se consacrer pleinement à sa passion pour le théâtre. Elle rejoint la «Gaiety School of Acting» en 1947, où elle se forme sous la direction de Ria Mooney. Elle fait ses débuts professionnels en 1948 avec la troupe de «Radio Éireann», avant de rejoindre la compagnie du «Abbey Theatre» en 1949, où elle restera associée toute sa carrière.

Au sein de l’Abbey Theatre, elle interprète des rôles marquants dans des pièces de John Millington Synge, Seán O’Casey et Brian Friel. Elle se distingue notamment dans «The plough and the stars», «The playboy of the western world» et «The voice of shem». Sa performance en Anna Livia Plurabelle au festival des Nations à Paris est particulièrement saluée. En 1955, elle devient une figure familière du public irlandais en incarnant Mrs. Kennedy dans le feuilleton radiophonique «The Kennedys of Castleross», un rôle qu’elle tiendra pendant plus de dix ans. En 1961, elle quitte l’Abbey Theatre et s’installe à Londres. Elle y collabore avec la Royal Shakespeare Company, où elle interprète des rôles tels que la nourrice dans «Roméo et Juliette», la première sorcière dans «Macbeth» et Madame Cabet dans «Les jours de la commune» de Brecht. Elle joue également dans des productions de Peter Brook, dont «Les paravents» de Jean Genet. En 1964, elle obtient un grand succès avec sa prestation de Winnie dans «Happy days» de Samuel Beckett, un rôle qu’elle reprendra à plusieurs reprises, notamment en 1968 pour la télévision, ce qui lui vaut un Jacob’s Award. Dans les années 1970, elle poursuit sa carrière théâtrale avec des rôles dans «Big Maggie» de John B. Keane, «Touch of the poet» de Eugene O’Neill et «Oncle Vanya» de Anton Tchekhov. Elle réalise également une tournée internationale avec son spectacle solo «Soft Morning, City», une évocation poétique de Dublin.

Marie Kean fait ses débuts au cinéma dans les années 1950, apparaissant dans des films tels que «Les combattants de la nuit» (1960) de Tay Garnett, auprès de Robert Mitchum, et «La fille aux yeux verts» (1963) de Desmond Davis, avec Rita Tushingham et Peter Finch. Elle se distingue dans des rôles secondaires mais mémorables, notamment en tant que commerçante bigote dans «La fille de Ryan» de David Lean (1970), où elle retrouve Robert Mitchum, et en mère manipulatrice de Barry, interprété par Ryan O’Neal, dans «Barry Lyndon» (1975), de Stanley Kubrick. pour une de ses dernières apparitions, elle est Madame Malins dans «Les gens de Dublin» (1986) de John Huston.

Elle décède le 29 décembre 1993 dans le quartier dublinois de Donnybrook. Laissée veuve en 1977, Marie Kean est la mère de deux enfants et laisse derrière elle une prolifique descendance. Sa carrière, marquée par une fidélité au théâtre irlandais et une capacité à incarner des personnages d’une grande humanité, fait d’elle une figure incontournable de la scène irlandaise du XXème siècle.

© Philippe PELLETIER