Jean Gourguet

Jean Gourguet naît le 5 décembre 1902 à Sète, cette belle cité portuaire du Languedoc, à une trentaine de kilomètres de Montpellier. Déjà enfant il se passionne pour le cinéma et rédige même des petits scénarii. D’abord journaliste chargé des «chiens écrasés», il se fait aussi directeur d’une troupe théâtrale et écrit des pièces. Mais son vrai but c’est de faire du cinéma. En 1928, il tourne à Paris «Un rayon de soleil». Il en fera une nouvelle version en 1951. Puis il retrouve sa ville natale pour son premier film sonorisé, «L’escale» (1929). Malheureusement le procédé utilisé n’est pas tout à fait au point et c’est un échec commercial. Jean Gourguet doit alors se contenter de projets plus modestes avec à partir de 1932 des courts métrages de fiction. En 1934, il se lance dans un nouveau film, «L’affaire coquelet», une comédie étonnante où un drôle de voleur commet un drôle de larcin, avec dans l’un des rôles secondaires, un certain Tino Rossi. Puis survient une nouvelle période de courts métrages, plutôt des documentaires, primés à l’exposition internationale de 1937 à Paris. L’année suivante Jean Gourguet filme l’histoire d’une institutrice «Jeanne Bourgogne» jouée par Blanchette Brunoy. À l’occasion de ce film, le cinéaste fait la connaissance de Michelle Darvaux qui termine ses études à l’École Normale de Dijon. Elle deviendra son épouse, sa fidèle co-scénariste et la mère de Geneviève (1942) et de Jean-Michel (1947).

Pendant l’occupation Jean Gourguet réussit à tourner «Le moussaillon» (1941) où il aborde des sujets qui lui sont chers: Une fille-mère dont l’amant a péri en mer et son fils révolté qui finira par trouver sa voie. Puis c’est, en 1942, «Malaria» et sa jungle reconstituée en studio, avec Mireille Balin et Sessue Hayakawa. En 1944, avec «L’enfant et les bêtes» Jean Gourguet filme pour la première fois sa fille, La Petite Zizi, qui se fera aussi connaître plus tard sous le nom de Zizi Saint-Clair.

Jean Gourguet connaît ensuite et pendant une bonne quinzaine d’années une période faste où il tourne en collaboration étroite avec son épouse vingt trois films. Dans l’immédiat après-guerre, il s’agit généralement d’œuvres proches du néo-réalisme italien et dont les titres parlent d’eux-mêmes. Le cinéaste sort des studios et travaille sans grand moyen avec des acteurs souvent non professionnels, notamment ses propres enfants et même son chien Gundo est embauché. Puis le réalisateur aborde les problèmes des jeunes adultes, leur mal être et une toute nouvelle liberté de mœurs. Citons en particulier «Maternité dangereuse» (1953) avec Michel Roux, Dany Carrel, Jean-Pierre Mocky, et Maurice Sarfati qu’il retrouve dans «La P. sentimentale» (1960) avec également Andrex. En 1961, le cinéaste réalise «La traversée de Loire» avec notamment Geneviève Kervine, Rellys et Pierre Larquey, un très beau film où durant l’Exode (Juin 1940) une jeune paysanne et un réfugié polonais tentent avec un enfant blessé de franchir le fleuve. Ce film n’a pas rencontré le même succès que les précédents mais s’est néanmoins amorti. Jean Gourguet dont l’épouse est tombé gravement malade, arrête alors son activité de réalisateur et de producteur. Il exploite un cinéma parisien, «L’Escurial», où il dispose d’un logement de fonction. Il y décède à Paris, entouré des siens mais oublié du grand public dans sa quatre-vingt douzième année, le 13 mars 1994.

Il est grand temps de redécouvrir Jean Gourguet, cet étonnant réalisateur sétois qui, à sa manière et en toute indépendance, est à l’origine d’une œuvre originale et de grande qualité.

© Caroline HANOTTE - Remerciements à Geneviève COSTOVICI-GOURGUET, sa fille