Desi Arnaz

Certains acteurs, comme Stan Laurel et Oliver Hardy ou Bud Abbott et Lou Costello, font la paire. Sur l’écran, et dans notre mémoire, ils ne vont jamais l’un sans l’autre. C’est la même chose pour le couple formé, à la ville comme à l’écran, par Desi Arnaz et Lucille Ball. Leur grand titre de gloire, c’est la cultissime série «I love Lucy», dont les 180 épisodes, diffusés sur la chaîne CBS entre 1951 et 1957, rencontrent un succès d’une ampleur sans précédent. Des gags bien agencés, un récit rythmé et les réactions d’un public réellement présent sur le plateau expliquent, parmi d’autres causes, la popularité d’une série devenue un véritable phénomène de société. Desi Arnaz y campe un personnage récurrent, Ricky Ricardo, qui apparaît notamment dans la suite de la série, «The Lucy-Desi comedy hour» (1957/60). Ce chef d’orchestre, qui travaille dans un cabaret, a bien du mal à contrecarrer les projets de son épouse, Lucille Ball, une femme au foyer qui veut à tout prix se lancer dans une carrière artistique.

Desi Arnaz et Lucille Ball ont également tourné quelques films ensemble, «Trop de maris» (1940), de George Abbott, une adaptation à l’écran de la comédie musicale montée, à Broadway, par le célèbre duo Richard Rodgers et Lorenz Hart. C’est même durant le tournage qu’ils s’éprennent l’un de l’autre. Une dizaine d’années plus tard, ils sont en vedette dans «La roulotte du plaisir» (1953), de Vincente Minnelli, incarnant un couple qui, pour ne pas se séparer, ont l’idée de vivre dans une caravane. En 1956, dans «Son ange gardien» (1956), de Alexander Hall, ils incarnent un autre couple, aux prises avec un mariage chaotique, une situation qu’ils vivaient eux-mêmes dans la vie réelle.

Né à Cuba, le 2 mars 1917, Desi Arnaz est d’abord un musicien, jouant de la conga dans l’orchestre de Xavier Cugat, puis dirigeant sa propre formation, qui fait notamment connaître les rythmes cubains. Il apparaît donc dans des comédies musicales, comme «Four jacks and a jill» (1941), de Jack Hively, où il campe un chauffeur de taxi se faisant passer pour un roi, «Cuban Pete» (1946), de Jean Yarbrough, qui le voit conduire son propre orchestre, ou encore «Vacances à La Havane» (1949), du même réalisateur, où il joue toujours les Cubains, cette fois un employé d’hôtel rêvant de devenir chef d’orchestre. Dans ce film, comme dans d’autres, on entend des chansons écrites par Desi Arnaz, comme «Arnaz jam» ou «Holiday in Havana», qui donne son titre original au film. Desi Arnaz aborde aussi d’autres genres: la comédie, avec «Papa se marie» (1941), de Jack Hively, avec Adolphe Menjou, où l’acteur est, une fois de plus, cantonné aux «latin lovers», ou le film de guerre, comme «La marine triomphe» (1942), de A. Edward Sutherland, ou «Bataan» (1943), de Tay Garnett.

Abandonnant quasiment le cinéma dès la fin des années 50, Desi Arnaz paraît dans des émissions télévisées comme «Make room for daddy» (1959), où il reprend son personnage mascotte de Ricky Ricardo, ou des séries à succès, comme «Le Virginien» (1970) ou «L’homme de fer» (1974). Avec Lucille Ball, il fonde aussi la société de production «Desilu» qui, en plus de «I love Lucy», produit des spectacles, comme «The Lucy show» (1962),toujours avec Lucille Ball, et un inoxydable succès, la fameuse série «Les incorruptibles» (1959/63), avec Robert Stack. Buveur et fumeur invétéré, Desi Arnaz meurt des suites d’un cancer du poumon, le 2 décembre 1986.

© Jean-Pascal LHARDY