![]() 1933 Miss Helyett – de Hubert Bourlon & Jean Kemm avec Josette Day, Jim Gérald, Fred Pasquali & Robert Pizani | ![]() 1938 Prince de mon cœur – de Jacques Daniel-Norman avec Réda Caire, Claude May, Roland Toutain & Anny Arbo | ![]() 1947 Mademoiselle s’amuse – de Jean Boyer avec Giselle Pascal, Ray Ventura, Bernard Lancret & Henri Salvador | ![]() 1952 Minuit… Quai de Bercy – de Christian Stengel avec Madeleine Robinson, Erich von Stroheim & Jean Carmet | ||
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Dans «La poison» (1951), de Sacha Guitry, Germaine Reuver est l’image même de la déchéance. Vautrée sur la table, les cheveux gras dans les yeux et le visage bouffi par l’alcool, elle agonit d’injures grossières son mari, Michel Simon. D’un œil dur, il regarde cette pocharde, qui, le litron à portée de main, cuve son vin en ronflant. On comprend qu’il ait des idées de meurtre. Souvent les acteurs et les actrices jouent à l’ivrogne, le numéro de l’ivresse faisant partie des grands classiques du métier. Mais il est beaucoup plus difficile, comme le fait ici Germaine Reuver, d’habiter son personnage, au point d’exprimer, avec un naturel confondant, l’abjection de cette femme, que son mari médite d’assassiner. Dans la présentation du film, Sacha Guitry dit d’ailleurs à Germaine Reuver qui, confuse, baisse la tête» (...) Vous avez joué «Crainquebille» avec mon père Lucien Guitry, c’est pour cela que je vous ai confié le principal rôle féminin de mon film et c’est pour cela aussi que vous l’avez joué si bien». Bel hommage!
Quand Germaine Reuver tourne «La poison», elle est en fin de carrière. Née le 20 novembre 1885, à Paris, elle débute à l’aube du cinéma, en 1908. Elle joue sous la direction des grands pionniers que sont Georges Denola, Albert Capellani ou Georges Monca, sous la direction duquel elle tourne des courts-métrages en compagnie de Prince Rigadin, l’une de nos premières stars comiques. Dans «Rigadin et la jolie manucure» (1909), toujours de Georges Monca, elle retrouve une certaine Mistinguett, alors dans tout l’éclat de ses débuts au Moulin-Rouge. Jusqu’en 1915, elle paraît dans une vingtaine de films de celui qui est considéré comme le rival de Max Linder. Elle en est même l’un des personnages récurrents.
Après une éclipse de plus de 15 ans, Germaine Reuver revient devant les caméras. Mais la svelte jeune fille aux yeux espiègles est devenue une opulente matrone. Tout le monde a oublié la partenaire de Prince Rigadin, qui doit se contenter de petits rôles, rarement crédités au générique. C’est la nourrice de «Un gosse pour 100.000 francs» (1934), de Gaston Schoukens, tante Jette de «La tendre ennemie» (1935), de Max Ophüls ou encore la mère de «Caprices» (1940), de Léo Joannon. De temps à autre, Germaine Reuver campe des personnages plus consistants, comme la fermière dont la fille, Yvette Etiévant, finit par épouser le «rosier» du village, Bourvil, dans «Le rosier de Mme Husson» (1950), de Jean Boyer, ou Mme Piédalu dans deux films de Jean Loubignac, «Piédalu voyage» (1950) et «Les raisons de Piédalu» (1950), avec un fantaisiste bien oublié aujourd’hui, Ded Rysel, dans le rôle de ce campagnard naïf.
Sortie du Conservatoire avec un premier prix de comédie, en 1908, Germaine Reuver se fait, au début des années 10, un nom sur les planches. Engagée à l’Odéon par Antoine, l’un des plus grands hommes de théâtre de son temps, elle y joue notamment «Poil de Carotte», le héros de la célèbre pièce éponyme de Jules Renard. Le critique du journal «Comoedia» voit en Germaine Reuver «une actrice très fine et très adroite», dotée de «qualités très originales». Habituée aux rôles de jeunes garçons, elle interprète également, toujours à l’Odéon, le héros de Dickens, David Copperfield. Elle joue aussi bien les classiques, avec la Georgette de «L’école des femmes», de Molière, en 1909, que des pièces à grand spectacle, comme «Le roi de l’or», de Victor Darlay et Henry de Gorsse, donné au Châtelet en 1912. Germaine Reuver s’est éteinte le 22 juillet 1953, à Sandillon, dans le Loiret.
© Jean-Pascal LHARDY

1908 | CM Benvenutto Cellini – de Albert Capellani & Camille de Morlhon
avec Constant Rémy
CM Tarquin le superbe – de Albert Capellani avec René Alexandre CM Ali Baba – de Georges Denola |
1909 | CM Rigadin et la jolie manucure / La jolie manucure – de Georges Monca avec Charles Prince |
1910 | CM Prix de vertu – de Albert Capellani
avec Georges Tréville
CM Rigadin a perdu son monocle – de Georges Monca avec Charles Prince CM Rigadin tzigane – de Georges Monca avec Charles Prince CM Rigadin et Miss Marguett / Rigadin et Miss Margaret – de Georges Monca avec Mistinguett CM Le meilleur ami de Rigadin – de Georges Monca avec Charles Prince |
1911 | CM Le bon roi Dagobert – de Georges Monca
avec Charles Prince
CM Rigadin fait de la contrebande – de Georges Monca avec Charles Prince CM Rigadin ne sortira pas – de Georges Monca avec Charles Prince CM Rigadin se trompe de fiancée – de Georges Monca avec Charles Prince |
1912 | CM Rigadin et la baguette magique – de Georges Monca
avec Charles Prince
CM Rigadin avale son Ocarina – de Georges Monca avec Charles Prince CM Rigadin et la rosière / Rigadin rosière – de Georges Monca avec Charles Prince CM Rigadin cuisinier malgré lui – de Georges Monca avec Charles Prince CM Les conquêtes de Rigadin – de Georges Monca avec Charles Prince CM Rigadin mange à bon compte – de Georges Monca avec Charles Prince CM Rigadin et la divorcée récalcitrante – de Georges Monca avec Charles Prince |
1931 | CM Plein la vue – de Edmond Carlus avec Paul Azaïs |
1932 | CM Les ruines de Gallefontaine – de Marco De Gastyne
avec Georges Paulais
CM En douane – de Antonin Bideau avec Robert Le Vigan |
1933 | Miss Helyett – de Hubert Bourlon & Jean Kemm
avec Josette Day
Le grand bluff – de Maurice Champreux avec José Noguéro CM Les deux papas – de Charles Félix Tavano avec Louis Florencie |
1934 | Lac aux dames – de Marc Allégret
avec Michel Simon
L’auberge du petit dragon – de Jean de Limur avec Paulette Dubost Un gosse pour cent mille francs ( een baby voor 100.000 frank ) de Gaston Schoukens avec Jim Gérald Dernière heure – de Jean Bernard-Derosne avec Jean Servais Le billet de mille – de Marc Didier avec Françoise Rosay Pension Mimosas – de Jacques Feyder avec Paul Bernard Le contrôleur des wagons-lits – de Richard Eichberg avec Albert Préjean La caserne en folie – de Maurice Cammage avec Raymond Cordy Variétés – de Nicolas Farkas avec Jean Gabin CM Pour un piano – de Pierre Chenal avec Léon Larive |
1935 | La rosière des halles – de Jean de Limur
avec Paulette Dubost
La fille de Madame Angot – de Jean Bernard-Desrone avec Sinoël La marmaille – de Bernard-Deschamps avec Pierre Larquey Son excellence Antonin – de Charles-Félix Tavano avec Jeanne Helbling Coup de vent – de Jean Dréville avec Jean Aquistapace La tendre ennemie – de Max Ophüls avec Simone Berriau CM La clé des champs – de Pierre-Jean Ducis avec René Génin |
1936 | CM Titres exceptionnels – de Hubert Bourlon avec Germaine Aussey |
1937 | L’amour veille – de Henry Roussel avec Henri Garat |
1938 | Prince de mon cœur – de Jacques Daniel-Norman avec Réda Caire |
1940 | Caprices – de Léo Joannon avec Danielle Darrieux |
1941 | Signé illisible – de Christian Chamborant avec André Luguet |
1942 | Vie privée – de Walter Kapps
avec Marie Bell
L’amant de Bornéo – de Jean-Pierre Feydeau & René Le Hénaff avec Jean Tissier |
1943 | L’inévitable monsieur Dubois – de Pierre Billon
avec Annie Ducaux
CM Défense passive – de Jean Perdrix avec Albert Duvaleix |
1947 | Mademoiselle s’amuse – de Jean Boyer avec Giselle Pascal |
1949 | Millionnaires d’un jour – de André Hunebelle avec Pierre Brasseur |
1950 | Le rosier de madame Husson – de Jean Boyer
avec Bourvil
Caroline chérie – de Richard Pottier avec Martine Carol Le passe-muraille / Garou Garou le passe-muraille – de Jean Boyer avec Joan Greenwood Piédalu à Paris – de Jean Loubignac avec Armand Bernard CM Les raisons de Piédalu – de Jean Loubignac avec Ded Rysel CM Piédalu voyage – de Jean Loubignac avec Ded Rysel |
1951 | Ombre et lumière – de Henri Calef
avec Simone Signoret
Deux sous de violettes – de Jean Anouilh avec Dany Robin Seul dans Paris – de Hervé Bromberger avec Magali Noël La poison – de Sacha Guitry avec Michel Simon Nous irons à Monte-Carlo – de Jean Boyer avec Audrey Hepburn Mon curé chez les riches – de Henri Diamant-Berger avec Yves Deniaud |
1952 | Poil de carotte – de Paul Mesnier
avec Raymond Souplex
C’est arrivé à Paris – de Henri Lavorel avec Henri Vidal Le témoin de minuit – de Dimitri Kirsanoff avec Raymond Pellegrin Minuit… Quai de Bercy – de Christian Stengel avec Erich von Stroheim Les compagnes de la nuit – de Ralph Habib avec Françoise Arnoul |
1953 | Le père de mademoiselle – de Marcel L’Herbier & Robert-Paul Dagan avec Arletty |