Kathleen Freeman

Kathleen Freeman est née à Chicago le 17 février 1919. Tout enfant, elle danse dans un spectacle où se produisent ses parents. Attirée par les arts, elle entre à l’Université de Californie (UCLA), à Los Angeles, dans l’intention de devenir pianiste. Mais elle a l’occasion, avec d’autres étudiants de l’UCLA, comme Sidney Chaplin, le fils de Charles Chaplin, de faire du théâtre amateur. Les apprentis comédiens se réunissent d’abord chez l’un d’entre eux, puis convertissent, à Hollywood, une épicerie en lieu de spectacle, qui devient le Circle Theatre. Ils donnent d’abord une première pièce, «Ethan Frome», d’après le roman d’Edith Wharton, puis «The time of your life», de William Saroyan. Beaucoup plus tard, on peut l’applaudir à Broadway dans l’adaptation d’une pièce de Feydeau, «13 rue de l’amour», avec Louis Jourdan, et aussi dans la version musicale de «The full monty» (2000) où elle interprète une pianiste. Fidèle au théâtre, elle enseigne la comédie, dans les années 1970, aux étudiants de l’UNM Drama Festival.

Avec son visage expressif, prompt aux grimaces, sa silhouette trapue et son rire tonitruant, Kathleen Freeman joue les excentriques, les voisines cancanières ou les mouches du coche. Actrice de complément populaire et visage familier de l’écran, elle a tenu près de 300 rôles, durant plus d’un demi siècle, de 1947 à 2001. On a l’impression qu’elle est de tous les films de cette période, et surtout des comédies, art qu’elle juge «plus difficile(que le drame)», car, pour elle, «il est très aisé de faire pleurer les gens». Elle les fait plutôt mourir de rire, notamment dans les onze films où Jerry Lewis en fait un faire-valoir idéal. Elle incarne ainsi, dans «Le zinzin d’Hollywood» (1961) de Jerry Lewis, la femme du patron du studio de cinéma, Brian Donlevy, elle est aussi Katie, dans «Le tombeur de ces dames» (1961), du même Jerry Lewis, où elle tient cette curieuse pension de famille réservée aux femmes, où Jerry Lewis est le seul homme, ou encore Millie Lennon dans «Docteur Jerry et Mister love» (1963), de Jerry Lewis. La voilà aussi dans la blouse de l’infirmière Higgins dans «Jerry chez les cinoques» (1964), de Frank Tashlin, ou bien dans le rôle de Murphy de «Trois sur un sofa» (1966), de Jerry Lewis.

Mais Kathleen Freeman a souvent dû se contenter de silhouettes, pas toujours créditées au générique. Au cinéma, elle a tenu tous les emplois et fait tous les métiers: une autre infirmière dans «L’antre de la folie» (1948) de Budd Boetticher, employée d’un bureau de tabac dans «L’implacable» (1950) de Robert Parrish, religieuse dans «Echec au hold-up» (1951) de Lewis Allen ou encore journaliste dans «Chéri divorçons» (1951) de Richard Sale. Parfois, cependant, et surtout en fin de carrière, on lui offre des rôles plus consistants. Elle incarne ainsi la parente du boxeur interprété par Leonard Nimoy dans «Kid Monk Baroni» (1952) de Harold D. Schuster, ou bien sœur Mary Stigmata, l’adversaire des «Blues Brothers» (1979) de John Landis et même une sorte de Ma Barker dans «Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood?» (1994) de Peter Segal.

Sa carrière à la télévision est tout aussi fournie, avec des séries comme «The Bob Cummings show» (1955/58), «77 Sunset Strip» (1959/63), «La grande caravane» (1959/64), avec John McIntire, ou encore «Rawhide» (1962), «L’extravagante Lucy» (1964), avec Lucille Ball ou «L’homme de fer» (1967). Kathleen Freeman est décédée à New-York le 23 août 2001, des suites d’un cancer du poumon.

© Jean-Pascal LHARDY