Warner Oland

Fils de bûcheron, Warner Oland naît Johan Werner Ölund le 3 octobre 1879 à Nyby, petit village du comté de Västerbotten au centre de la Suède non-loin du golf de Botnie. Il est le second d’une fratrie de quatre garçons. C’est aux environs de la douzième année du petit Werner que la famille émigre vers les Etats-Unis et s’installe à Boston au Massachusetts. Après ses études secondaires, il s’inscrit à l’école d’art dramatique du Dr. Curry et débute une carrière théâtrale. Un parcours jalonné de succès qui le mènera jusqu’à Broadway. En 1906, il est repéré par Alla Nazimova, qui l’engage dans sa troupe. La célèbre actrice, sensible à son talent, fait de lui son partenaire dans des pièces de Henrik Ibsen. En 1907, il épouse l’auteur et portraitiste Edith Gardner Shearn. Issue de la haute société de Nouvelle-Angleterre elle est de dix ans son ainée. Ils n’auront pas d’enfants et resteront unis jusqu’à la mort du comédien.

Au début des années dix, parallèlement à sa carrière sur scène, Warner Oland tourne dans un film d’une bobine (perdu à ce jour) et traduit avec sa femme des pièces du dramaturge suédois August Strinberg. En 1915, il débute véritablement au cinéma aux côtés de Theda Bara dans «Sin» où il joue un gangster italien. La même année, il retrouve l’actrice dans «Destruction» et partage l’affiche avec Pearl White dans la troisième partie du sérial des «Mystères de New York». Jusqu’à la fin de l’ère du cinéma muet, il apparaît dans une cinquantaine de films et sérials souvent cantonné dans des rôles exotiques où d’européens. Il y incarne à merveille les fourbes et les traîtres. On le retrouve en Baron Japonais Hiroki dans «Patria» (1916) un drame en quinze épisodes aux idées xénophobes réalisé par les Frères Wharton et Jacques Jaccard et en Maharadja dans «The Naulahka» (1918) de George Fitzmaurice. Il est aussi le russe Norjunov dans «The mysterious client» (1918) de Fred E. Wright, Osman Pasha dans «Le sultan blanc» (1925) de Irving Cummings ou le gangster chinois dans «Marine d’abord» (1926) de George W. Hill. À cette époque, il côtoie toutes les plus grandes vedettes, de Pearl White à Lon Chaney en passant par Mae Murray, Pola Negri, John Barrymore, Corinne Griffith, Bebe Daniels, Tom Mix et Douglas Fairbanks.

En 1927, Warner Oland interprète le chantre Rabinowitz, père de Al Jolson, dans «Le chanteur de Jazz», considéré comme le premier film parlant de l’histoire du cinéma. En 1929, il accède à la célébrité avec le démoniaque docteur Fu-Manchu dans le film éponyme produit et réalisé par Rowland V. Lee pour la «Paramount». Dans les années trente, il accède au vedettariat avec son personnage de Charlie Chan. Seize films de série B où il incarne avec justesse l’inspecteur d’origine asiatique dans des aventures policières rocambolesques qui le mèneront à Londres, à Paris, en Egypte, à Shanghai, à Monte Carlo et même aux jeux olympiques. Il donne également la réplique à Marlene Dietrich, Helen Hayes, Loretta Young, Greta Garbo, dans des productions plus ambitieuses.

Au début de 1938 Warner Oland signe un nouveau contrat avec la «Twentieth Century-Fox» pour trois autres films de Charlie Chan, mais des problèmes de santé l’obligent au repos. Après plusieurs semaines d’hospitalisation, il part avec son épouse dans son pays natal. Il contracte alors une broncho-pneumonie, aggravée par un emphysème. Il décède le 6 août 1938 dans un hôpital de Stockholm. Incinéré en Suède, Edith transporte ses cendres jusqu’au cimetière de Southborough dans le Massachusetts.

© Pascal DONALD