1930 La ronde des heures – de Alexandre Ryder avec André Baugé, Léon Bélières, Pierre Stéphen & Georges Tréville | 1933 L’étoile de Valencia – de Serge de Poligny avec Jean Gabin, Brigitte Helm, Thomy Bourdelle & Paul Amiot | 1936 Gigolette – de Yvan Noé avec Florelle, Gabriel Gabrio, Rosine Deréan, Paul Azaïs & Marguerite Moreno | 1937 Nuits de feu – de Marcel L’Herbier avec Gaby Morlay, Victor Francen, Madeleine Robinson & Georges Rigaud | ||
Marthe Paule Roucole, la future Paule Andral naît le 14 septembre 1879 à Paris. Sa mère est une actrice de théâtre célèbre, Henriette Andral. Henriette, talentueuse et avisée a jugé bon d’épouser Paul Ferrier, auteur dramatique à qui elle doit quelques jolis rôles. À la naissance de Paule, son père est enfin reconnu comme un auteur digne de ce nom et le tout Paris désormais l’acclame, plus il faut le reconnaître pour ses œuvres satiriques et vaguement polissonnes que pour la succession de Voltaire, mais qu’importe, il est à la mode, et la mode à Paris, c’est la seule chose qui compte! A l’heure où naît sa fille, il s’atèle à la rédaction de ses prochaines pièces: «Nos Députés en robe de chambre» et «L’heure du pâtissier».
Paule Andral a donc 20 ans pour inaugurer la «Belle Epoque». Elle s’est très sérieusement attelée à l’étude de l’art dramatique. Belle fille à la beauté altière et au port distingué, elle est une figure du «tout Paris» et côtoie beaucoup Paulus, Yvette Guilbert et Polaire. Mais son immense fierté, c’est d’être engagée par Paul Porel, directeur, de l’Odéon et de devenir une amie intime de Gabrielle Réjane, son épouse, à qui elle a donné la réplique et qui s’est littéralement entichée d’elle. Bien que Réjane soit de 23 ans l’aînée de Paule, ces deux-là s’entendent comme larronnes en foire. Réjane qui aura bientôt son propre théâtre et s’était faite forte de détrôner Sarah Bernhardt vit entourée de ses petits chiens et de toute une ribambelle d’amis dont Marcel Proust qu’elle a fini par installer à demeure. Mais c’est bien Paule qui est la plus présente, la plus proche, la plus fidèle, à un point tel que d’ailleurs, bientôt, dans Paris… On jase! Mais ces deux-là s’en fichent comme d’une guigne, et corsetées par Worth sous des turbans du jeune Poiret, elles partent en tournée autour du monde, tournée qui s’achève en apothéose triomphale à New-York.
De retour en France, Paule Andral reste une grande dame des scènes parisiennes jusque dans les années 30. Paule avait tâté des caméras dans quelques courts-métrages, entre 1910 et 1913, mais il est de bon ton alors pour les grandes dames du théâtre de s’enfuir en hurlant après s’être vues sur un écran et être bien entendu remises de leur évanouissement. Puis il y eut une guerre effroyable, le brave trouffion français étant paraît-il féru de cinéma, Paule aligne encore trois films pour soutenir le moral des troupes en ces périodes tracassières dont «La belle limonadière» (1914), sans doute l’ancêtre de la Madelon de Line Renaud et toujours dirigée par Albert Capellani qui est un des rares à pouvoir traîner notre comédienne devant les caméras. En 1920 le destin la frappe à coup double, sa chère sa tendre amie Réjane meurt emportée par une crise cardiaque en juin 1920, en septembre son père décède à son tour.
Au cinéma, Paule Andral attend donc que «ça parle» et l’an de grâce 1930 pour venir jouer les impératrices de Russie pour Raymond Bernard dans «Tarakanova». Mais en 1930, elle a 51 ans! Trop tard pour affoler les populations en jeune première. Elle va alors aligner une jolie brochette de grandes dames, rarement aimables, souvent hautaines et parfois sottes, trouvant devant les caméras une seconde carrière puisqu’elle va peu à peu délaisser les scènes. En 1937 elle domine encore souverainement la pauvre Gaby Morlay qui lui arrive tout juste à l’épaule pour jouer sa fille dans «Nuits de feu» de Marcel L’Herbier puis raccroche ses parures de diva. Paule Andral se retire comme il est d’usage pour les grandes dames de sa génération en cette bonne ville de Nice où elle s’éteint le 28 mars 1956.
© Céline COLASSIN
1910 | CM Pour les beaux yeux de la voisine – de Georges Denola avec Albert Dieudonné |
1911 | CM Le pain des petits oiseaux / Le pain et les petits oiseaux – de Albert Capellani avec Stacia Napierkowska |
1912 | CM Les étapes de l’amour – de Albert Capellani
avec Andrée Pascal
CM Josette – de Albert Capellani avec Paul Capellani |
1913 | CM Le secret de Polichinelle – de Henri Desfontaines avec Armand Numès |
1914 | CM La belle limonadière – de Albert Capellani
avec Charles Mosnier
CM Le réveil – de Adrien Caillard avec Henry Krauss |
1916 | Le mot de l’énigme – de Georges Monca avec Henri Bosc |
1917 | Par la vérité – de Gaston Leprieur & Maurice de Féraudy avec Jean Angelo |
1929 | Tarakanova – de Raymond Bernard avec Olaf Fjord |
1930 | Rondes des heures / La ronde des heures – de Alexandre Ryder
avec Léon Bélières
David Golder – de Julien Duvivier avec Harry Baur Le rebelle – de Adelqui Migliar avec Thomy Bourdelle |
1932 | La perle – de René Guissart
avec Suzy Vernon
La belle aventure – de Roger Le Bon & Reinhold Schünzel avec Käthe von Nagy Violettes impériales – de Henry Roussel avec Raquel Meller Ne sois pas jalouse – de Augusto Genina avec André Roanne Le petit roi – de Julien Duvivier avec Robert Lynen |
1933 | L’étoile de Valencia – de Serge de Poligny
avec Jean Gabin
Idylle au Caire – de Claude Heymann & Reinhold Schünzel avec Renate Müller Le maître de forges – de Fernand Rivers avec Gaby Morlay Faut réparer Sophie – de Alexandre Ryder avec Félicien Tramel La rue sans nom – de Pierre Chenal avec Pola Illéry Judex 34 – de Maurice Champreux avec René Ferté |
1934 | Le monde ou l’on s’ennuie – de Jean de Marguenat avec André Luguet |
1935 | Parlez-moi d’amour – de René Guissart
avec Roger Tréville
La fille de Madame Angot – de Jean Bernard-Desrone avec Jean Aquistapace Dora Nelson – de René Guissart avec Elvire Popesco |
1936 | Avec le sourire – de Maurice Tourneur
avec Maurice Chevalier
Gigolette – de Yvan Noé avec Florelle |
1937 | Nuits de feu – de Marcel L’Herbier avec Victor Francen |
1949 | Au royaume des cieux – de Julien Duvivier avec Serge Reggiani |