Bela Lugosi

Béla Ferenc Dezsõ Blaskó naît en 1882 à Lugos, dans l’empire Austro-hongrois, (aujourd’hui Lugoj en Roumanie). Bien que d’un milieu assez aisé, il travaille comme ouvrier dans des mines avant de découvrir le théâtre. Il étudie l’art dramatique à Budapest et joue dans quelques pièces. Lorsque éclate la Première Guerre Mondiale, Bela s’engage dans l’armée. Blessé et décoré, il est exempté en 1916. Il se tourne vers le cinéma et joue dans des films sous le nom de Arisztid Olt. Après la guerre, il connaît quelques problèmes dans la nouvelle république de Hongrie et son appartenance syndicale lui vaut la méfiance du nouveau pouvoir. En 1919, il s’intalle à Berlin où il apparaît dans une dizaine de productions.

Puis, Bela Lugosi part pour les Etats-Unis en 1921. Il rejoint tout d’abord une troupe hongroise et obtient enfin le rôle de sa vie. Il triomphe à Broadway dans «Dracula», une adaptation de Bram Stoker dont il apprend les répliques phonétiquement. Au début des années trente, Universal revisite les œuvres de la littérature gothique et décident d’adapter «Dracula» (1931). Lon Chaney est pressenti pour le rôle-titre mais décède peu avant le tournage. Les producteurs se tournent donc vers Lugosi qui accepte de faire revivre son personnage devant la caméra de Tod Browning. Le succès est immédiat. «Dracula» ayant été un triomphe, Universal enchaîne avec «Frankenstein» et propose à Bela Lugosi d’incarner le monstre. Il décline l’offre car trop de maquillage, pas assez de texte et surtout la volonté de ne pas s’enfermer dans le registre de l’épouvante. On ne lui présente pourtant que des rôles fantastiques. Dans «Double assassinat dans la rue Morgue» (1931) de Robert Florey, il incarne un savant fou assassinant ses victimes à l’aide d’un gorille. Il est un planteur créole dans «Les morts vivants» (1932). Bela Lugosi s’investit dans la vie syndicale en participant à la création de la «Screen Actors Guild». C’est la période où il commence à toucher à la morphine. Puis il tourne, entre autres, «Le chat noir» (1934), où il croise Boris Karloff, puis une autre adaptation de Edgar Allan Poe, «Le corbeau» (1935) et «Le fils de Frankenstein» (1939).

Après «La marque du vampire» (1935), Bela Lugosi peine à se débarrasser de cette image d’acteur fantastique malgré un second rôle dans «Ninotchka» (1938) de Ernst Lubitsch avec Greta Garbo. Par la suite, ces films finissent par nuire à son image. Il en vient à accepter un rôle secondaire de gitan dans «Le loup-garou» (1941) avec Lon Chaney Jr.. Il tourne de plus en plus dans le registre de la parodie, servant de faire-valoir à des comiques. Il a encore une certaine prestance dans «Ghost on the loose» (1943) avec Ava Gardner débutante, mais frise le ridicule dans «Bela Lugosi meets a Brooklyn gorilla» (1952) de William Beaudine. En 1953, Bela rencontre l’excentrique Edward D. Wood Jr. qui l’emploie dans un film sur la vie d’un travesti, «Louis ou Louise» (1953) puis dans «La fiancée du monstre» (1955).

Epuisé par l’abus de drogues, l’acteur décide de se rendre dans une clinique de désintoxication puis d’enchaîner sur un nouveau projet de Edward D. Wood Jr., «Plan 9 from outer space». Ed tournent quelques scénettes dans le pavillon de Bela (le film sortira en 1959). Mais affaibli par ses excès, Bela Lugosi est terrassé chez lui par une crise cardiaque, le 16 août 1956. Pour ses obsèques, ce maître de l’épouvante est paré de sa célèbre cape de Dracula. La légende veut que lors des obsèques, Peter Lorre ait chuchoté à Vincent Price : «Est-ce qu’on ne devrait pas lui enfoncer un pieu dans le cœur, au cas où...?».

© Christophe LAWNICZAK