Jack Cardiff

Fils de comédiens ambulants, Jack Cardiff est né le 18 septembre 1914, à Yarmouth dans le Norfolk en Angleterre. Il joue dès son plus jeune âge auprès de ses parents et semble très tôt prédisposé au métier d’acteur. À quatre ans, il fait ses débuts devant les caméras de Walter West pour «My son, my son». Tout en continuant à travailler pour la troupe itinérante, il apparaît dans quelques productions cinématographiques muettes. À quinze ans, il est engagé comme «homme à tout faire» par la British International Pictures. Il y est tour à tour coursier, clapman, assistant, caméraman, pour des cinéastes tels que: Maurice Elvey, René Clair, William Cameron Menzies, Ernest B. Schoedsack et Jacques Feyder.

Après plusieurs années d’apprentissage aux techniques du cinéma, Jack Cardiff est choisi puis formé par les américains au Technicolor. En 1937, pour la premier fois, il opère en qualité de directeur de la photographie sur le premier film anglais tourné par Harold D. Schuster avec ce procédé, «La baie du destin» avec Henry Fonda et Annabella en tête d’affiche. Alors que le monde sombre peu à peu dans le conflit qui aboutira à la Seconde Guerre Mondiale, Jack se perfectionne comme chef-opérateur pour le gouvernement, sur des courts-métrages documentaires filmés en Italie, au Moyen-Orient, en Inde et en Angleterre. En 1944, il revient à la grosse production pour «César et Cléopâtre» avec Vivien Leigh et Claude Rains dans les rôles des amants antiques. Admiratifs de son travail sur ce film, Emeric Pressburger et Michael Powell lui demande de photographier «Une question de vie ou de mort» (1946) un drame de guerre fantastique avec David Niven. Les deux cineastes séduits par ce jeune homme créatif et bourré de talent le réemploie pour «Le narcisse noir» (1946) et «Les chausson rouges» (1948). En 1948, Jack Cardiff rempote l’Oscar de la meilleure photographie couleur pour «Le narcisse noir».

Par la suite, Jack Cardiff travaille avec Alfred Hitchcock sur «Les amants du capricorne» (1949), puis Hollywood ouvre ses portes à ce génie de l’image. Il collabore à des productions réalisées par, entre autres, John Huston, Joseph L. Mankiewicz, King Vidor, Henry Hathaway et George Stevens. Sa perfection lui vaut la confiance des plus grandes stars de l’époque, de Ava Gardner à Marilyn Monroe, en passant par Humphrey Bogart, Katharine Hepburn, Errol Flynn, John Wayne et Sophia Loren.

Après une expérience restée inachevée dans la mise en scène, en 1953, pour une adaptation des aventures de Guillaume Tell avec Errol Flynn en vedette, Jack Cardiff passe pleinement à la réalisation en 1958, avec «Tueurs à gages». Il va encore signer une douzaines de films jusqu’en 1973, dont l’excellent «Amants et fils» (1960) et une très bonne adaptation du roman de Joseph Kessel, «Le lion» (1961). La fin de son parcours est moins captivant malgré une longue collaboration avec Richard Fleischer.

En 2000, Jack Cardiff est élevé au rang d’Officier de l’Ordre de l’Empire Britannique pour services rendus au cinéma. L’année suivante, l’Académie du cinéma américain lui décerne un Oscar d’honneur pour couronner sa prestigieuse carrière. Marié à trois reprises et père de quatre fils, John, Rodney, Peter et Mason, c’est auprès de sa dernière épouse Nikki qu’il s’éteint le 22 avril 2009, dans sa propriété d’Ely, petite ville anglaise du Cambridgeshire. Il avait quatre-vingt-quatorze ans.

© Pascal DONALD