1949 Alerte à l’arsenal (fiamme sulla laguna) de Giuseppe Maria Scotese avec Leonardo Cortese & Sandro Ruffini | 1954 Naples est toujours Naples (Napoli è sempre Napoli) de Armando Fizzarotti avec Renato Baldini & Carlo Ninchi | 1958 Montparnasse 19 – de Jacques Becker avec Gérard Philipe, Lilli Palmer, Anouk Aimée & Lino Ventura | 1962 Scandale au monastère (the reluctant saint) de Edward Dmytryk avec Maximilian Schell & Akim Tamiroff | ||
Un faux air à la Silvana Mangano et le visage un peu froid d’une femme fatale calculatrice, Lea Padovani, née le 28 juillet 1920 à Montalto di Castro, près de Viterbe, suit les cours de la prestigieuse «Accademia d’Arte drammatica» de Rome et débute au cinéma à la fin de la guerre. C’est Mario Amendola qui lui donne sa première chance dans un spectacle musical, «Febbre azzura» (1945), avec le grand acteur comique Erminio Macario. Elle y interprète une prude jeune fille débarquant sur une île où le libertinage se donne libre cours. Macario est encore son partenaire pour ses débuts au cinéma, dans une comédie, «L’innocente Casimiro» (1945). Dans un des premiers films néo-réalistes italiens, «Le soleil se lèvera encore» (1946), Lea Padovani aborde un registre dramatique et incarne une ouvrière antifasciste qui pousse son amant vers la résistance à l’occupant. Repérée par les producteurs hollywoodiens, l’actrice tourne «Donnez-nous aujourd’hui» (1949) pour Edward Dmytryk. Là encore, elle campe une de ces femmes touchées par la misère, dans une Italie déliquescente, qui, voguant vers les Etats-Unis, cède à un rêve américain qui ne lui apportera que des désillusions. C’est alors que Orson Welles lui demande d’être la Desdémone de son «Othello» qui, au bout de quatre ans d’un tournage éprouvant, finit par sortir en 1952. Mais sans Lea Padovani qui, lassée par la cour assidue du metteur en scène, laisse sa place à Suzanne Cloutier. La réputation d’actrice engagée de Lea Padovani et l’odeur de soufre qui flotte autour du nom du communiste Dmytryk, ne l’aident pas à poursuivre une carrière internationale.
De retour dans son pays, elle accepte alors des rôles de femmes marquées par le destin, souvent en marge de la société: elle arpente ainsi le trottoir dans plusieurs films, dont «Onze heures sonnaient» (1952) de Giuseppe De Santis, «Una di quelle» (1952), réalisée par le grand acteur Aldo Fabrizi, ou encore «Femmes damnées» (1953) avec Linda Darnell. Puis, revenant à cette veine naturaliste qu’elle illustre avec un sûr talent dramatique, elle incarne, dans un sketch de «Quelques pas dans la vie» (1953) de Alessandro Blasetti, une jeune femme misérable qui cherche une église où abandonner son nouveau-né. Délaissant les taudis et les ruelles empuanties des villes italiennes, Lea Padovani, peut aussi fréquenter les palais. Elle campe la princesse Mathilde Bonaparte dans «La Castiglione» (1954) de Georges Combret, la reine Marie-Louise, femme du roi d’Espagne Charles IV, dans «La maja nue» (1959) de Henry Koster, ou encore, vieillie et impérieuse, une Catherine de Médicis froide et avide de pouvoir dans «La princesse de Clèves» (1960) de Jean Delannoy. À la fin des années 50, elle s’éloigne des écrans, pour se consacrer au théâtre: elle joue ainsi dans deux pièces de Tennessee Williams, «La chatte sur un toit brûlant», en 1957, puis, un peu plus tard, «La rose tatouée», sur les scènes londoniennes. Elle se tourne également vers la télévision, jouant, en vedette, l’impératrice Eugénie dans «Ottocento» (1959/60), avec Virna Lisi en comtesse Castiglione, ou donnant la réplique à Mimsy Farmer dans «Il treno per Istanbul» (1980).
À partir des années 60, les rôles au cinéma se font plus rares: elle incarne la Maheude, ce personnage du «Gervaise» de Zola adapté pour l’écran par Yves Allégret en 1963, ou la mère de Jacques Perrin dans un film de Vittorio De Seta, «Un homme à moitié» (1965). Elle interprète aussi une grande-duchesse, aux côtés de Jean-Pierre Cassel, dans «Ehrengard» (1982) et, pour son dernier rôle, campe une aristocrate dans «La putain du roi» (1990) de Axel Corti. Lea Padovani meurt à Rome, le 23 juin 1991.
© Jean-Pascal LHARDY
1945 | L’innocente Casimiro – de Carlo Campogalliani avec Alberto Sordi |
1946 | Le soleil se lèvera encore ( il sole sorge ancora ) de Aldo Vergano avec Massimo Serato |
1947 | Le diable blanc ( il diavolo bianco ) de Nunzio Malasomma
avec Rossano Brazzi
Che tempi ! – de Giorgio Bianchi avec Walter Chiari Le cavalier noir ( i cavalieri dalle maschere nera / i beati paoli ) de Pino Mercanti avec Paolo Stoppa |
1948 | Call of the blood / Il richiamo del sangue – de John Clements & Ladislao Vajda
avec John Justin
Cocaïne ( una lettera all’alba ) de Giorgio Bianchi avec Fosco Giachetti |
1949 | Donnez-nous aujourd’hui / Sans amour, vous n’êtes rien ( give us this day / Christ in
concrete / salt and the devil / salt to the devil ) de Edward Dmytryk
avec Sam Wanamaker
Alerte à l’arsenal / Flammes sur la lagune / La cité des amants ( fiamme sulla laguna ) de Giuseppe Maria Scotese avec Carlo Ninchi |
1950 | Due mogli sono troppo – de Mario Camerini
avec Kieron Moore
Taxi de nuit ( taxi di notte ) de Carmine Gallone avec Philippe Lemaire Scènes coupées au montage – Non créditée Acte d’accusation ( atto d’accusa ) de Giacomo Gentilomo avec Marcello Mastroianni Trois pas au Nord ( three steps north / tre passi a nord ) de W. Lee Wilder avec Lloyd Bridges Pour le bonheur de sa fille / La grande renonciation ( la grande rinuncia ) de Aldo Vergano avec Luigi Pavese |
1951 | Les deux gosses ( i due derelitti ) de Flavio Calzavara
avec Yves Deniaud
Totò et les femmes ( Totò e le donne ) de Steno & Mario Monicelli avec Totò |
1952 | Papà ti ricordo / La fanciulla di Pompei / Espiazone – de Mario Volpe
avec Luigi Tosi
Don Lorenzo ( la canzone della vita ) de Carlo Ludovico Bragaglia avec Franco Interlenghi Onze heures sonnaient ( Roma ore uncidi ) de Giuseppe De Santis avec Raf Vallone Les enfants ne sont pas à vendre ( i figli non si vendono ) de Mario Bonnard avec Jacques Sernas Une de celles là ( una di quelle / Totò, Peppino e… una di quelle ) de Aldo Fabrizi avec Peppino De Filippo |
1953 | Drôles de bobines ( cinema d’altri tempi ) de Steno
avec Jean Richard
La barriera della legge – de Piero Costa avec Enzo Fiermonte Gran varietà – de Domenico Paolella avec Renato Rascel Femmes damnées ( donne proibite ) de Giuseppe Amato avec Anthony Quinn Amours d’une moitié de siècle ( amori di mezzo secolo ) de Pietro Germi, Mario Chiari, Glauco Pellegrini, Antonio Pietrangeli & Roberto Rossellini avec Andrea Checchi Segment « Girandola 1910 » de Antonio Pietrangeli Quelques pas dans la vie ( tempi nostri / Zibaldone N. 2 ) de Alessandro Blasetti avec Vittorio De Sica Un siècle d’amour ( cento anni d’amore ) de Lionello De Felice avec Maurice Chevalier |
1954 | La tua donna – de Giovanni Paolucci
avec Patricia Neal
Le séducteur ( il seduttore ) de Franco Rossi avec Alberto Sordi Femmes et soldats ( guai ai venti ! ) de Raffaello Matarazzo avec Pierre Cressoy Divisione Folgore – de Duilio Coletti avec Ettore Manni La Castiglione ( la contessa di Castiglione / the contessa’s secret ) de Georges Combret avec Paul Meurisse Naples est toujours Naples / Serment d’amour ( Napoli è sempre Napoli ) de Armando Fizzarotti avec Renato Baldini La femme est la même pour tous ( la moglie è uguale per tutti ) de Giorgio Simonelli avec Ugo Tognazzi |
1955 | Le dossier noir – de André Cayatte
avec Bernard Blier
Chéri-bibi – de Marcello Pagliero avec Albert Préjean Pain, amour et jalousie ( pane, amore e… gelosia ) de Luigi Comencini avec Sophia Loren |
1956 | L’intrusa – de Raffaello Matarazzo
avec Amedeo Nazzari
Œil pour œil – de André Cayatte avec Curd Jürgens |
1957 | Dieu seul m’arrêtera ( solo dio mi fermerà ) de Renato Polselli
avec Philippe Hersent
El Alamein ( deserto di gloria ) de Guido Malatesta & Duilio Coletti avec Fausto Tozzi |
1958 | Montparnasse 19 / Les amants de Montparnasse / Modigliani – de Jacques Becker
avec Gérard Philipe
Pain, amour et Andalousie ( pan, amor y… Andalucía / pane, amore e Andalousia ) de Javier Setó avec José Nieto |
1959 | La maja nue ( la maja desnuda / the naked maja ) de Henry Koster avec Ava Gardner |
1960 | La princesse de Clèves – de Jean Delannoy avec Jean Marais |
1962 | Scandale au monastère / Miracle à Cupertino ( the reluctant saint / Joseph Desa ) de Edward Dmytryk avec Maximilian Schell |
1963 | Frénésie d’été ( frenesia dell’estate ) de Luigi Zampa
avec Vittorio Gassman
L’ennui et sa diversion, l’érotisme / L’ennui / L’érotisme ( la noia ) de Damiano Damiani avec Horst Buchholz Germinal – de Yves Allégret avec Jean Sorel |
1965 | Un homme à moitié ( un uomo a metà ) de Vittorio De Seta avec Jacques Perrin |
1966 | Bagarre à Bagdad pour K27 ( il gioco delle spie / our men in Bagdad ) de Paolo Bianchini avec Rory Calhoun |
1967 | Gli altri, gli altri e noi – de Maurizio Arena avec Gino Cervi |
1968 | Candy – de Christian Marquand avec Marlon Brando |
1970 | Ciao Gulliver – de Carlo Tuzii avec Enrico Maria Salerno |
1971 | Equinozio – de Maurizio Ponzi avec Thomas Hunter |
1982 | Ehrengard – de Emidio Greco avec Jean-Pierre Cassel |
1988 | Il cuore di mamma – de Gioia Benelli avec Ingrid Thulin |
1990 | La putain du roi ( the king’s whore / the king’s mistress / la donna del re ) de Axel Corti avec Timothy Dalton |
AUTRES PRIX : | |
Ruban d’Argent Spécial par le syndicat national italien des journalistes de cinéma, Italie ( 1954 ) |