Charles Gérard

Issu d’une famille arménienne d’Anatolie orientale, Charles Gérard est né le 1er décembre 1922, à Constantinople en Turquie, sous le nom de Gérard Adjémian. Sa famille émigre en France dans sa jeunesse s’installant au Pré Saint-Gervais après un séjour à Marseille. En 1942, après le décès de ses parents, il se retrouve dans une certaine marginalité. Il fait de brèves études avant de commencer comme opérateur pour les actualités. Il fait de la figuration notamment dans «Monsieur Vincent» (1947) avec Pierre Fresnay avant de se lancer dans la réalisation de courts-métrages. Il s’essaie à la boxe et fait quelques matchs dont il ressort KO, ce qui stoppe ses ambitions de boxeur. Au cours de l’un des combats en 1948, il rencontre Jean-Paul Belmondo qui lui casse le nez. En dépit de cette défaite, c’est le début d’une amitié indéfectible de 70 ans ternie par des propos maladroits dans les années 80 qui les brouillent pendant une vingtaine d’années.

C’est en 1958, que Charles Gérard, en collaboration avec Michel Deville, réalise son premier film, «Une balle dans le canon», un policier avec Pierre Vaneck, Mijanou Bardot et Roger Hanin. Il retrouve ce dernier en tête d’affiche dans le film d’espionnage «L’ennemi dans l’ombre» (1960) dont Estella Blain et Bernard Blier complètent la distribution. Il change de registre en terminant la comédie dramatique «Les démons de minuit» (1961) commencée par Marc Allégret mais interrompue pour cause de maladie. De nouveau, il réalise des films policiers de série B qui n’ont guère d’ambition cinématographique. Ainsi, il enchaîne «La loi des hommes» (1961) avec Micheline Presle, «Â couteaux tirés» (1963) avec Françoise Arnoul et Petula Clark ou «L’homme qui trahit la Mafia» (1966) avec Robert Hossein. Parallèlement, il travaille pour la télévision en réalisant quelque 250 sujets sportifs.

En 1970, Charles Gérard rencontre Claude Lelouch sur le tournage du «Voyou» avec Jean-Louis Trintignant. C’est le début d’une étroite collaboration entre l’acteur et le réalisateur. Sous la direction du réalisateur, il interprète l’un des trois ouvriers de «Smic, smac, smoc» (1970). Mais sa composition la plus marquante demeure celle de Charlot, auprès de Lino Ventura, Jacques Brel et Charles Denner, dans «L’aventure c’est l’aventure» (1972). Proche de Jean-Paul Belmondo, il est son partenaire dans sept films jusqu’en 2008 avec «Un homme est son chien» de Francis Huster. Il apparaît pratiquement dans tous les films de Claude Lelouch de «Edith et Marcel» (1982) à la trilogie inachevé «Le genre humain» (2003). Sa notoriété acquise lui vaut d’apparaître dans des épisodes de séries policières comme «Commissaire Moulin» (1990) ou «Navarro» (1992). Il obtient le rôle principal du téléfilm «Les ferrailleurs des Lilas» (1983). Au cinéma, il joue des seconds rôles dans des comédies franchouillardes.

Peu à peu, Charles Gérard ralentit ses activités professionnelles et renoue les liens avec Jean-Paul Belmondo lorsque celui-ci est victime d’un AVC en 2001. À la fin de sa carrière, il apparaît dans un des sketches de la comédie «Les infidèles» (2011) réalisé par Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin et Gilles Lellouche. Pour sa dernière apparition à l’écran, il est le voisin de chambre ‘hôpital de Marthe Villalonga dans «La dernière leçon» (2014) de Pascale Pouzadoux. Hospitalisé pour un état de fatigue générale dans une clinique de Versailles, Charles Gérard décède le 19 septembre 2019.

© Olivier SINQSOUS