1962 OSS 117 se déchaîne – de André Hunebelle avec Kerwin Mathews, Nadia Sanders, Irina Demick & Roger Dutoit | 1970 Midi minuit – de Pierre Lestringuez avec Sylvie Fennec, Béatrice Arnac, Patrick Jouané & Henri Lambert | 1975 Casanova (il Casanova di Federico Fellini) de Federico Fellini avec Tina Aumont & Donald Sutherland | 1994 La cité des enfants perdus – de Jean-Pierre Jeunet & Marc Caro avec Ron Perlman, Ticky Holgado & Dominique Pinon | ||
Daniel Emilfork (Berenstein par sa mère) voit le jour le 7 avril 1924 dans la ville de Providencia, à quelques kilomètres de Santiago du Chili. Ses parents sont originaires du ghetto juif d’Odessa, en Ukraine, alors partie intégrante de l’empire russe. Ils ont gagné, comme tant d’autres à l’époque, l’Amérique à la recherche d’un monde meilleur. Le petit Daniel souffre dès son enfance de son physique ingrat. Alors qu’il aurait demandé à sa Maman: «Suis-je vraiment laid, Maman?». Elle lui aurait répondu comme elle aurait pu: «Seulement au Chili, mon chéri, où tu n’as pas le physique des Chiliens». Enfant sensible et doué d’une grande intelligence, il poursuit ses études et devient enseignant dans le célèbre lycée «Internado Barros Arana» de la capitale chilienne.
À la fin des années quarante, Daniel Emilfork fréquente également le monde du spectacle en interprétant des rôles de mime. Il devient l’ami intime du sulfureux Alejandro Jorodowsky qui racontera que la jalousie maladive de l’acteur l’aurait exaspéré. Désespéré, Daniel aurait préféré quitter son pays natal et s’installer à Paris où il suit d’abord des cours du mime Marcel Marceau. Son physique longiligne et sa capacité à faire passer son visage de la rigidité la plus cadavérique aux mimiques les plus achevées sont fascinants. Daniel utilise désormais son physique comme un art.
Le cinéaste Marc Allégret lui donne son premier rôle au cinéma en 1955, celui d’un professeur de piano dans «Futures vedettes» (1957) avec Brigitte Bardot et Jean Marais. C’est le début pour Daniel Emilfork d’une carrière cinématographique de plus de cinquante ans. Ses interprétations sont rarement celles de personnages sympathiques. Il joue souvent «Les espions» comme dans le film du même nom de Henri-Georges Clouzot, en 1957, avec Curd Jürgens et Peter Ustinov. En 1958, il est Ibrahim dans le film tourné par Jacques Baratier en Tunisie «Goha» avec Omar Sharif dans le rôle titre et Claudia Cardinale. Dans les années soixante, il travaille également pour la télévision française et devient populaire même si peu de téléspectateurs se souviennent de son nom. Sa voix aux modulations étonnantes et à l’accent indéfinissable marque les esprits. Il joue maintes nationalités: un prince turkmène musulman dans «Le triomphe de Michel Strogoff» (1961) de Victor Tourjansky avec Pierre Massimi, un Russe dans «OSS 117 se déchaîne» (1963) de André Hunebelle avec Kerwin Mathews en célèbre agent secret, ou dans «Lady L» (1965) de Peter Ustinov auprès de Sophia Loren. En 1975, pour Federico Fellini, il campe un étrange homme-libellule dans son «Casanova», aux côtés de Donald Sutherland. Il se retrouve aussi en improbable Romain dans «Deux heures moins le quart avant Jésus Christ» (1982) de Jean Yanne.
Bref, cet acteur particulièrement insolite est un incontournable des écrans français. Mais c’est sans doute Jean-Pierre Jeunet qui donne à Daniel Emilfork l’un de ses plus beaux rôles dans «La cité des enfants perdus» (1995). C’est le seul film de l’acteur qui sera distribué dans son pays natal dont il garde d’ailleurs un mauvais souvenir. Emilfork apparaît une dernière fois en 2005 dans une nouvelle adaptation télévisée des «Rois Maudits» d’après Maurice Druon. Ayant perdu son épouse en 2002, dont il a eu une fille, Daniel Emilfork vit alors en ascète dans son appartement parisien où il s’éteint le 17 octobre 2006, dans sa quatre vingt-troisième année.
© Caroline HANOTTE
1953 | Frou-frou – de Augusto Genina avec Dany Robin |
1955 | Futures vedettes – de Marc Allégret
avec Brigitte Bardot
Sophie et le crime – de Pierre Gaspard-Huit avec Marina Vlady |
1956 | Notre-Dame de Paris – de Jean Delannoy avec Anthony Quinn |
1957 | Une parisienne – de Michel Boisrond
avec Charles Boyer
Sait-on jamais ? – de Roger Vadim avec Françoise Arnoul Les espions – de Henri-Georges Clouzot avec Curd Jürgens |
1958 | Goha – de Jacques Baratier
avec Claudia Cardinale
Du rififi chez les femmes – de Alex Joffé avec Pierre Blanchar Le temps des œufs durs – de Norbert Carbonnaux avec Suzanne Dehelly Sans famille – de André Michel avec Simone Renant Les tripes au soleil – de Claude Bernard-Aubert avec Jacques Richard |
1959 | Les motards – de Jean Laviron
avec Jacqueline Maillan
Pantalaskas – de Paul Paviot avec Albert Rémy |
1960 | Le triomphe de Michel Strogoff ( il trionfo di Michele Strogoff ) de Victor Tourjansky
avec Capucine
Le bal des espions – de Michel Clément avec Michel Piccoli |
1961 | Le rendez-vous de minuit – de Roger Leenhardt
avec Lilli Palmer
Les bricoleurs – de Jean Girault avec Elke Sommer |
1962 | La poupée – de Jacques Baratier
avec Zbigniew Cybulski
OSS 117 se déchaîne – de André Hunebelle avec Kerwin Mathews Ballade pour un voyou – de Jean-Claude Bonnardot avec Hildegard Knef |
1963 | Seul… à corps perdu / À corps perdu – de Jean Maley & Raymond Bailly
avec Gisèle Pascal
Des frissons partout – de Raoul André avec Eddie Constantine Le commissaire mène l’enquête / Fantaisies conjugales – de Fabien Collin avec Dany Carrel Château en Suède – de Roger Vadim avec Monica Vitti L’assassin viendra ce soir / L’assassin – de Jean Maley avec Paulette Dubost |
1964 | Agent spécial à Venise / Voir Venise et crever – de André Versini
avec Sean Flynn
L’or du duc – de Jacques Baratier avec Elsa Martinelli |
1965 | Quoi de neuf, Pussycat ? ( what’s new, Pussycat ? ) de Clive Donner
avec Peter O’Toole
Lady L. – de Peter Ustinov avec Sophia Loren Dis-moi qui tuer ? – de Etienne Périer avec Michèle Morgan |
1966 | Trans-Europ-Express – de Alain Robbe-Grillet
avec Jean-Louis Trintignant
Le liquidateur ( the liquidator ) de Jack Cardiff avec Trevor Howard |
1967 | L’inconnu de Shandigor – de Jean-Louis Roy
avec Howard Vernon
Coup de gong à Hong Kong ( lotosblüten für Miss Quon ) de Jürgen Roland avec Lang Jeffries |
1970 | Midi minuit – de Pierre Lestringuez avec Sylvie Fennec |
1971 | La plus longue nuit du diable / Au service du diable / La nuit des pétrifiés / Service du
diable ( castle of death / the devil walks at midnight / the devil’s longest night / the
devil’s nightmare / la notte piu lunga del diavolo / succubus / la terrificante notte del
demonio / vampire playgirls ) de Jean Brismee
avec Jean Servais
Kill ! ( kill ! kill ! kill ! kill ! / kill : Matar ) de Romain Gary avec Stephen Boyd |
1972 | Voyages avec ma tante ( travels with my aunt ) de George Cukor avec Maggie Smith |
1975 | Casanova ( il Casanova di Federico Fellini ) de Federico Fellini avec Donald Sutherland |
1977 | Le voleur de Bagdad ( the thief of Baghdad ) de Clive Donner avec Roddy McDowall |
1978 | La grande cuisine ( who is killing the great chefs of Europe ? / someone is killing the great chefs of Europe / too many chefs ) de Ted Kotcheff avec Jacqueline Bisset |
1979 | Subversion – de Stanislav Stanojevic
avec Sacha Pitoëff
CM L’extraordinaire ascension de Maurice Bellange – de Bruno Decharme avec Florence Giorgetti |
1981 | Meurtres à domicile – de Jean-Marc Lobet avec Bernard Giraudeau |
1982 | Deux heures moins le quart avant Jésus Christ – de Jean Yanne
avec Coluche
La belle captive – de Alain Robbe-Grillet avec Gabrielle Lazure |
1985 | Pirates – de Roman Polanski avec Walter Matthau |
1986 | Le passage – de René Manzor avec Alain Delon |
1987 | Les tribulations de Balthazar Kober ( niezwykla prodóz Balthazara Kobera ) de Wojciech Has avec Emmanuelle Riva |
1989 | Artcore oder der neger – de Heinz Peter Schwerfel avec Hans Meyer |
1993 | CM Die inschrift des gottes – de Heinz Peter Schwerfel
Lou n’a pas dit non – de Anne-Marie Miéville avec Manuel Blanc Seulement voix |
1994 | La cité des enfants perdus – de Jean-Pierre Jeunet & Marc Caro
avec Ron Perlman
Taxandria – de Raoul Servais avec Armin Mueller-Stahl |
1995 | Le hollandais volant ( de vliegende hollander / der fliegende holländer / the flying dutchman ) de Jos Stelling avec Nino Manfredi |
1997 | Babel – de Gérard Pullicino
avec Maria de Medeiros
Seulement voix |
1999 | Les frères Sœur – de Frédéric Jardin avec Jean-François Stévenin |
2006 | DA L’homme de la lune – de Serge Elissalde
Seulement voix |