1943 Le bossu – de Jean Delannoy avec Pierre Blanchar, Paul Bernard & Jacques Louvigny | 1945 Peloton d’exécution – de André Berthomieu avec Pierre Renoir, Lucien Coëdel & Georges Lannes | 1947 Monsieur Vincent – de Maurice Cloche avec Pierre Fresnay, Aimé Clariond, Jean Debucourt & Jean Carmet | 1959 Le mariage de Figaro – de Jean Meyer avec Jean Piat, Louis Seigner, Jean Meyer & Georges Descrières | ||
L’allure altière, la mise en plis impeccable et trois rangs de perles au cou, Yvonne Gaudeau est la grande bourgeoise idéale qui, sur la scène comme à l’écran, pérore et fait la roue. Née le 22 juin 1921 à Saint-Nicolas-de-Redon, elle semble faite pour le théâtre de Feydeau, incarnant Yvonne, la femme du mari décavé de «Feu la mère de Madame» (1954), dans une mise en scène de Fernand Ledoux, ou la baronne d’«Un fil à la patte», monté en 1973 par Jacques Charon. Mais cette 416e sociétaire de la Comédie-Française, entrée en 1946 dans la Maison de Molière, se coule sans effort dans les personnages loufoques de Labiche, comme Mme Perrichon dans «Le voyage de Monsieur Perrichon» (1966) ou Mme Champbaudet dans «La station Champbaudet» (1972). Si Molière l’avait connu, il aurait écrit pour elle le rôle de Bélise, ce bas-bleu des «Femmes savantes» (1973), qui, malgré les rides, se croit encore irrésistible.
Mais Yvonne Gaudeau se frotte aussi à la tragédie et sert Racine, en interprétant Junie dans «Britannicus» (1946), mis en scène par Julien Bertheau, Céphise dans une «Andromaque» (1949) dirigée par Maurice Escande ou encore Ismène dans «Phèdre» (1949). Soucieuse d’échapper à son emploi de vieille coquette, elle fréquente aussi le théâtre de Tchékov, jouant «Oncle Vania», en 1961, dans une mise en scène de Jacques Mauclair, ou celui de Marivaux, avec «Le jeu de l’amour et du hasard» (1953), où elle incarne Silvia, ou «La seconde surprise de l’amour» (1957), mise en scène par Hélène Perdrière. Elle s’essaie aussi aux textes de Montherlant, avec «Port-Royal», en 1980. Cinq ans plus tard, Yvonne Gaudeau couronne sa carrière en devenant la première femme à occuper les fonctions de Doyen de la Comédie-Française, suivie, un peu plus tard, par Catherine Samie ou Catherine Hiégel.
Comme on peut s’y attendre, cette grande dame de la scène ne prête qu’une attention distraite au cinéma et à la télévision. Et encore n’est-ce que pour y continuer, le plus souvent, à y faire du théâtre. D’abord dans le cadre d’une des émissions les plus populaires de la télévision française, «Au théâtre ce soir», où elle joue encore du Feydeau: «Le dindon» (1969), «chat en poche» (1975) ou encore «Monsieur chasse» (1978). Puis elle reprend pour le petit écran ses rôles de Bélise des «Femmes savantes» (1972) ou, la même année, de Mme Champbaudet, de «La station Champbaudet». Au cinéma, elle incarne la comtesse Almaviva dans «Le mariage de Figaro» (1959) réalisé par Jean Meyer, avec Jean Piat dans le rôle-titre ou bien Mme Jourdain dans le «Bourgeois gentilhomme» (1981), téléfilm de Pierre Badel.
La carrière de Yvonne Gaudeau au cinéma débute par deux rôles notables: un double personnage d’abord, Aurore de Caylus et sa fille, Claire de Nevers, dans la version de Jean Delannoy du «Bossu» (1943), puis cette Louise de Marillac dans le film de Maurice Cloche, «Monsieur Vincent» (1947), et qui fonda avec saint Vincent de Paul, les Filles de la Charité. Elle incarne encore la mère de Stéphane Audran dans «Folies bourgeoises» (1976) de Claude Chabrol et, la même année, dans «Le corps de mon ennemi», de Henri Verneuil, l’impérieuse Madame Liégeard, dite la «Reine Mère» et femme du magnat du textile Bernard Blier. Gérard Oury lui donne un de ses emplois de bourgeoise dans «La carapate» (1978) et elle finit sa carrière au cinéma par un rôle de grand-mère dans le film de Francis Perrin, «Tête à claques» (1981), avec Fanny Cottençon. Yvonne Gaudeau s’éteint le 1er juin 1991 au Kremlin-Bicêtre.
© Jean-Pascal LHARDY
1943 | Le bossu – de Jean Delannoy avec Pierre Blanchar |
1945 | Peloton d’exécution – de André Berthomieu avec Pierre Renoir |
1947 | Monsieur Vincent – de Maurice Cloche avec Pierre Fresnay |
1948 | Les souvenirs ne sont pas à vendre – de Robert Hennion avec Franck Villard |
1959 | Le mariage de Figaro – de Jean Meyer avec Louis Seigner |
1976 | Folies bourgeoises – de Claude Chabrol
avec Bruce Dern
Le corps de mon ennemi – de Henri Verneuil avec Jean-Paul Belmondo |
1978 | La carapate – de Gérard Oury avec Pierre Richard |
1981 | Tête à claques – de Francis Perrin avec Jacques François |