1943 Le corbeau – de Henri-Georges Clouzot avec Pierre Fresnay, Ginette Leclerc & Micheline Francey | 1951 Le petit monde de Don Camillo – de Julien Duvivier avec Fernandel, Gino Cervi & Franco Interlenghi | 1953 Thérèse Raquin – de Marcel Carné avec Simone Signoret, Raf Vallone & Jacques Duby | 1964 La vieille dame indigne – de René Allio avec Malka Ribowska, Etienne Bierry & Victor Lanoux | ||
Louise Sylvie naît Louise Pauline Mainguené le 3 janvier 1883, dans le treizième arrondissement de Paris. Après ses études, elle devient l’élève de Eugène Silvain, célèbre comédien de la Comédie-Française de 1878 à 1928. Remarqué par André Antoine, directeur du Théâtre de l’Odéon, il va en faire l’une des vedettes de la scène parisienne, dans des rôles de filles débrouillardes ou d’ingénues. Malgré quelques apparitions dans des films muets dont «Britannicus» (1912) de Camille de Morlhon et «Germinal» (1913) de Albert Capellani, elle poursuit sa carrière théâtrale en jouant des dizaines de pièces de Boulevard, portant peu d’intérêt au cinéma.
En 1934, c’est enfin Pierre Chenal qui convainc la déjà cinquantenaire Louis Sylvie de jouer le rôle de la veuve Catherine Ivanova dans son adaptation du roman de Féodor Dostoïevski «Crime et châtiment». Pour Chenal, elle reprend la robe de deuil dans «L’affaire Lafarge» (1937), aux côtés de Erich von Stroheim et Marcelle Chantal. Dès lors, sa fine silhouette, son œil clair et lumineux, occupent une place importante dans le cinéma français et en faire l’un des plus grands seconds rôles féminins de l’écran.
Louise Sylvie, ou plus simplement Sylvie, va tourner dans une cinquante de productions où chacune de ses prestations sont de vrais moments d’anthologie. Elle est l’ancienne comédienne de théâtre coquette et envieuse pour «Un carnet de bal» (1937) de Julien Duvivier. Pour le même cinéaste elle devient une actrice sans gloire qui essaie de confondre l’imposteur Louis Jouvet dans la maison de retraite de «La fin du jour» (1938). Elle revient à l’habit de deuil pour incarner une mère justicière dans «Le corbeau» (1943) de Henri-Georges Clouzot, puis endosse celui de religieuse pour être La Prieure dans «Les anges du péchés» (1943) de Robert Bresson. Edmond T. Gréville en fait une Baronne dans «Pour une nuit d’amour» (1945), Jean Grémillon la transforme en vieille bretonne dans «Pattes blanches» (1948) et Marcel Carné lui offre un rôle mémorable, celui de la belle-mère haineuse de Simone Signoret dans «Thérèse Raquin» (1953). Parmi ses autres prestations de garces ou d’aïeules attendries qui la rendirent célèbre, nous pouvons citer: la mère aveugle de Bernard Blier dans «Marie-Martine» (1942); la maîtresse d’école du «Petit monde de Don Camillo» (1951); la justicière Laetitia Bollini dans «Nous sommes tous des assassins» (1952); Euryclée la nourrisse du Roi D’Ithaque «Ulysse» (1954) interprété par Kirk Douglas; Marfa la mère résignée de Curd Jürgens alias «Michel Strogoff» (1956), l’odieuse belle-mère de Michèle Morgan dans «Le miroir à deux faces» (1958) et l’humble grand-mère du «Journal intime» (1962) de Valerio Zurlini.
L’actrice travaille également un peu pour la télévision. Elle est notamment Lady Hodwin dans «Belphégor», la série qui fascina les téléspectateurs en 1965. Louise Sylvie devient enfin une vedette de cinéma avec «La vielle dame indigne» (1964) de René Allio, l’histoire de l’émouvante Madame Bertini qui, se retrouvant seule après la mort de son époux et l’éloignement des ses enfants, décide de vendre tout ses biens et de profiter des deniers jours qui lui restent à vivre. La critique américaine ne se trompe pas sur son talent en lui décernant un prix d’interprétation en 1967. Comblée par son vedettariat et les honneurs, elle se retire à Compiègne où elle meurt le 6 janvier 1970.
© Philippe PELLETIER – Source : «Les Excentriques du Cinéma Français» édition Henri Veyrier (1983)
1912 | CM Britannicus – de Camille de Morlhon
avec Gabriel Signoret
CM Ursule Mirouet – de ? avec Rolla Norman CM Mignon – de André Calmettes avec Renée Pré |
1913 | Germinal – de Albert Capellani avec Paul Escoffier |
1914 | CM Marie-Jeanne / La fille du peuple – de Georges Denola
avec Emile Mylo
CM La joie fait peur – de Jacques Roullet avec Pierre Magnier |
1916 | CM Au-dessus de l’amour – de Daniel Riche avec Henri Bosc |
1917 | Le coupable – de André Antoine avec Romuald Joubé |
1922 | Roger la Honte – de Jacques de Baroncelli
avec Rita Jolivet
Film en 2 parties 1 : Roger la Honte 2 : Mère coupable |
1934 | Crime et châtiment – de Pierre Chenal avec Harry Baur |
1937 | Un carnet de bal – de Julien Duvivier
avec Marie Bell
L’affaire Lafarge – de Pierre Chenal avec Erich von Stroheim |
1938 | Entrée des artistes – de Marc Allégret
avec Louis Jouvet
La fin du jour – de Julien Duvivier avec Victor Francen |
1939 | L’esclave blanche – de Marc Sorkin avec John Lodge |
1940 | La comédie du bonheur – de Marcel L’Herbier avec Ramon Novarro |
1941 | Montmartre sur Seine – de Georges Lacombe
avec Jean-Louis Barrault
Romance de Paris – de Jean Boyer avec Charles Trénet |
1942 | Marie-Martine – de Albert Valentin
avec Jules Berry
L’homme sans nom – de Léon Mathot avec André Alerme |
1943 | Les anges du péché – de Robert Bresson
avec Renée Faure
Le corbeau – de Henri-Georges Clouzot avec Pierre Fresnay Le voyageur sans bagages / Le voyageur sans bagage – de Jean Anouilh avec Blanchette Brunoy |
1944 | L’île d’amour – de Maurice Cam avec Tino Rossi |
1945 | La route du bagne – de Léon Mathot
avec Lucien Coëdel
Pour une nuit d’amour – de Edmond T. Greville avec Odette Joyeux Le pays sans étoiles – de Georges Lacombe avec Pierre Brasseur |
1946 | L’idiot – de Georges Lampin
avec Gérard Philipe
Le père Goriot – de Robert Vernay avec Pierre Renoir On ne meurt pas comme ça – de Jean Boyer avec Georges Lannes Coïncidences – de Serge Debecque avec Denise Grey Miroir – de Raymond Lamy avec Jean Gabin |
1947 | Le diable au corps – de Claude Autant-Lara
avec Micheline Presle
La révoltée – de Marcel L’Herbier avec Victor Francen |
1948 | Tous les deux – de Louis Cuny
avec André Luguet
Pattes blanches – de Jean Grémillon avec Fernand Ledoux |
1949 | Deux amours – de Richard Pottier
avec Simone Valère
La cage aux filles – de Maurice Cloche avec Danièle Delorme |
1950 | Dieu a besoin des hommes – de Jean Delannoy
avec Daniel Gélin
Sous le ciel de Paris / Sous le ciel de Paris coule la Seine – de Julien Duvivier avec Paul Frankeur |
1951 | Le petit monde de Don Camillo / Don Camillo – de Julien Duvivier avec Gino Cervi |
1952 | Nous sommes tous des assassins – de André Cayatte avec Raymond Pellegrin |
1952 | Le fruit défendu – de Henri Verneuil avec Françoise Arnoul |
1953 | Thérèse Raquin – de Marcel Carné
avec Simone Signoret
Quelques pas dans la vie ( tempi nostri / Zibaldone N. 2 ) de Alessandro Blasetti avec Lea Padovani |
1954 | Ulysse ( Ulisse / Ulysses ) de Mario Camerini
avec Kirk Douglas
Adam est … Eve – de René Gaveau avec Jean Tissier |
1955 | Le dossier noir – de André Cayatte
avec Bernard Blier
Frou-frou – de Augusto Genina avec Dany Robin |
1956 | Michel Strogoff ( Michele Strogoff / der kurier de zaren ) de Carmine Gallone
avec Curd Jürgens
Les truands – de Carlo Rim avec Noël-Noël |
1958 | Le miroir à deux faces – de André Cayatte avec Bourvil |
1959 | Quai du point du jour – de Jean Faurez avec Philippe Lemaire |
1960 | Crésus – de Jean Giono avec Fernandel |
1962 | Journal intime ( cronaca familiare ) de Valerio Zurlini avec Marcello Mastroianni |
1963 | Château en Suède – de Roger Vadim
avec Monica Vitti
Humour noir ( umorismo nero / humorismo negro / la muerte viaja demasiado / black humor / death travel too much) de Claude Autant-Lara, José Maria Forqué & Giancarlo Zagni avec Pierre Brasseur Segment « La bestiole» de Claude Autant-Lara & Giancarlo Zagni |
1964 | La vieille dame indigne – de René Allio
avec Victor Lanoux
Etoile de Cristal de la meilleure actrice aux prix de l’Académie du cinéma Français, France Prix NSFC de la meilleure actrice par la société nationale des critiques de cinéma, USA |