1932 Faut-il les marier ? – de Carl Lamac & Pierre Billon avec Anny Ondra, Lucien Baroux & Charles Lamy | 1935 J’aime toutes les femmes – de Carl Lamac avec Jan Kiepura, Danielle Darrieux & Pierre Larquey | 1939 La famille Duraton – de Christian Stengel avec Noël-Noël, Jules Berry & Blanchette Brunoy | 1950 La dame de chez Maxim’s – de Marcel Aboulker avec Saturnin Fabre, Arlette Poirier & Jacques Morel | ||
Les cheveux blonds frisottés, les joues fripées un peu trop fardées et les lèvres peintes, Marcelle Praince s’avance, dans son âge mur, équivoque et doucereuse. Courtisane défraîchie ou entremetteuse replète, elle s’insinue dans le monde et cherche un peu de chair fraîche à vendre. Née le 9 juin 1882 à Vigeois, en Corrèze, Marcelle Praince, de son vrai nom Célestine Cardi, débute au théâtre dès 1906 et, séduisante ingénue, elle attire l’œil des habitués des Variétés ou de l’Athénée. Poursuivant sa carrière sur la scène, elle reste fidèle au boulevard, jouant des pièces mousseuses de Jacques Deval, comme «Tovarich» (1933), dans une mise en scène du savoureux André Lefaur; de Noël Coward, «Jeux d’esprit» (1946), dirigée par Pierre Dux; de Georges Berr et Louis Verneuil. On la voit aussi, en fin de carrière, dans «Gigi» (1954), d’après Colette, où elle incarne Mamita, la grand-mère indulgente de Gigi qui, dans une autre vie, a fait une carrière de demi-mondaine, ou encore dans une pièce de Jean Davray, «Le prince de papier» (1958), dirigée par Jacques Charon, avec un tout jeune Jean-Louis Trintignant.
Au cinéma, Marcelle Praince connaît la glorieuse époque du muet et côtoie Rigadin, le fameux comique au nez en trompette incarné par Charles Prince. C’est le pionnier Georges Monca, découvreur d’un autre personnage burlesque, Boireau alias André Deed, qui la dirige dans plusieurs films. Encore quelques rôles jusqu’à la fin de la guerre, puis Marcelle Praince s’absente des écrans pour n’y revenir, quinquagénaire un peu flétrie, qu’au début des années 1930. Ses airs de douairière avantageuse, chargée de châles et de colifichets, lui valent des emplois d’aristocrates mûres: c’est la comtesse de Bellefeuille de «La femme et le rossignol» (1930) de André Hugon, la comtesse de Bellecour dans «Le choc en retour» (1937) de Georges Monca et Maurice Kéroul, la grande-duchesse du «Katia» (1938) de Maurice Tourneur, ou encore la marquise du «Mystérieux Monsieur Sylvain» (1945) de Jean Stelli.
Les rôles de bourgeoises obtuses et intéressées lui conviennent mieux et Marcelle Praince les dessine à l’emporte-pièce, avec un jeu à peine outré, où les effets un peu appuyés soulignent à dessein la médiocrité des personnages: c’est ainsi, tour à tour, Liane de «Rive gauche» (1931) de Alexander Korda, la mère de Marie Bell qui, dans «La garçonne» (1935) de Jean de Limur, veut forcer sa fille à faire un mariage d’intérêt, ou encore, dans «Un déjeuner de soleil» (1937) de Marcel Cravenne, la mère de Gaby Morlay. De temps à autre, Marcelle Praince dessine de vieilles cocottes sur le retour, comme dans «La vie parisienne» (1936) de Robert Siodmak, ou trempe dans les milieux interlopes de la traite des blanches avec «Le chemin de Rio» (1936), du même réalisateur. Il y a aussi la veuve Vauquer, la tenancière de la pension du même nom, où se côtoient Rastignac et Vautrin dans «Le père Goriot» (1944) de Robert Vernay, la lionne fanée de «L’orgueil», un des sketchs du film «Les sept péchés capitaux» réalisé par Claude Autant-Lara en 1951, ou la voyante de quartier dans «Sous le ciel de Paris» (1950) de Julien Duvivier.
Mais Marcelle Praince, lasse des personnages équivoques, peut aussi composer cette Mme Nanteuil, l’excellente mère Micheline Presle qui, dans «Félicie Nanteuil» (1942) de Marc Allégret, attend sa fille au coin du feu, en brodant son ouvrage. L’actrice tire sa révérence en 1959 et se retire dans une maison de retraite de Maisons-Laffitte, où elle s’éteint le 26 octobre 1969.
© Jean-Pascal LHARDY
1912 | CM Rigadin et la lettre anonyme – de Georges Monca
avec Charles Prince
CM Rigadin entre deux flammes – de Georges Monca avec Amélie Diéterlé CM Rigadin et le chien de la baronne – de George Monca avec Albane CM Les perruques de Rigadin – de Georges Monca avec Charles Prince CM Comment Rigadin fait des commissions – de Georges Monca avec Charles Prince |
1913 | CM Les deux noblesses – de René Leprince
avec Paul Capellani
CM La maison du baigneur – de Adrien Caillard avec Gabriel de Gavrone CM Les cendres de Rigadin – de Georges Monca avec Charles Prince CM Le fils à papa – de Charles Prince avec Emile Mylo CM Ferdinand le noceur – de Charles Prince avec Raymonde Vernay |
1914 | CM La femme à papa – de Charles Prince avec Charles Prince |
1916 | CM Blessure d’amour – de ? avec Jean Kemm |
1917 | CM Rigadin persécuté par Octavie / Rigadin embêté par Octavie – de Georges Monca avec Germaine Risse |
1918 | Quarante H.P. – de Jacques Grétillat avec Roger Vincent |
1930 | La femme et le rossignol – de André Hugon avec Habib Benglia |
1931 | Rive gauche – de Alexander Korda
avec Henri Garat
Rien que la vérité – de René Guissart avec Saint-Granier |
1932 | Faut-il les marier ? – de Carl Lamac & Pierre Billon
avec Lucien Baroux
Je vous aimerai toujours – de Mario Camerini & Henri Decoin avec Robert Pizani CM Hortense a dit j’m’en f… – de Jean-Bernard Desrone avec Suzanne Dantés |
1933 | Un fil à la patte – de Karl Anton
avec André Berley
Le couché de la mariée – de Roger Lion avec Jean Weber La robe rouge – de Jean de Marguenat avec Constant Rémy Sapho – de Léonce Perret avec Mary Marquet |
1935 | Le roman d’un jeune homme pauvre – de Abel Gance
avec Pierre Fresnay
Pluie d’or – de Willy Rozier avec Dorville J’aime toutes les femmes – de Carl Lamac avec Jan Kiepura L’école des journalistes – de Christian-Jaque avec Armand Bernard La garçonne – de Jean de Limur avec Marie Bell |
1936 | La vie parisienne – de Robert Siodmak
avec Max Dearly
L’homme du jour – de Julien Duvivier avec Maurice Chevalier La souris bleue – de Pierre-Jean Ducis avec Jeanne Aubert Le chemin de Rio / Cargaison blanche – de Robert Siodmak avec Jean-Pierre Aumont |
1937 | Un déjeuner de soleil – de Marcel Cravenne
avec Jacques Baumer
Maman Colibri – de Jean Dréville avec Bernard Lancret Le choc en retour – de Georges Monca & Maurice Kéroul avec Michel Simon |
1938 | Katia – de Maurice Tourneur
avec Danielle Darrieux
Place de la Concorde – de Carl Lamac avec Albert Préjean Entente cordiale – de Marcel L’Herbier avec Victor Francen Le veau gras – de Jean Boyer avec Elvire Popesco |
1939 | La famille Duraton – de Christian Stengel
avec Noël-Noël
Les musiciens du ciel – de Georges Lacombe avec René Lefèvre La piste du Nord / La loi du Nord – de Jacques Feyder avec Pierre Richard-Willm Saturnin de Marseille / Saturnin – de Yvan Noé avec Pierre Alcover |
1940 | L’an quarante – de Yves Mirande avec Fernand Charpin |
1941 | La neige sur les pas – de André Berthomieu avec Pierre Blanchar |
1942 | Félicie Nanteuil – de Marc Allégret avec Claude Dauphin |
1943 | Les petites du Quai aux Feurs – de Marc Allégret
avec Louis Jourdan
La cage aux rossignols – de Jean Dréville avec Noël-Noël |
1944 | Le père Goriot – de Robert Vernay
avec Pierre Larquey
Florence est folle – de Georges Lacombe avec André Luguet |
1945 | Le mystérieux monsieur Sylvain – de Jean Stelli avec Simone Renant |
1946 | Les trois cousines – de Jacques Daniel-Norman avec Rellys |
1947 | Capitaine Blomet – de Andrée Feix avec Fernand Gravey |
1948 | L’impasse des deux anges – de Maurice Tourneur
avec Simone Signoret
Bal Cupidon – de Marc-Gilbert Sauvageon avec Yves Vincent Docteur Laënnec – de Maurice Cloche avec Pierre Blanchar |
1949 | La souricière – de Henri Calef avec François Périer |
1950 | Sous le ciel de Paris / Sous le ciel de Paris coule la Seine – de Julien Duvivier
avec Paul Frankeur
Caroline chérie – de Richard Pottier avec Martine Carol La dame de chez Maxim’s / La dame de chez Maxim – de Marcel Aboulker avec Saturnin Fabre |
1951 | Agence matrimoniale – de Jean-Paul Le Chanois
avec Julien Carette
Les sept péchés capitaux – de Yves Allégret, Eduardo De Filippo, Claude Autant-Lara, Jean Dréville, Roberto Rossellini, Georges Lacombe & Carlo Rim avec Michèle Morgan Segment « L’orgueil » de Claude Autant-Lara Deux sous de violettes – de Jean Anouilh avec Dany Robin |
1952 | Rue de l’estrapade – de Jacques Becker
avec Louis Jourdan
Le village magique / Le village imaginaire – de Jean-Paul Le Chanois avec Lucia Bosé |
1954 | Madame du Barry – de Christian-Jaque
avec Martine Carol
L’air de Paris – de Marcel Carné avec Jean Gabin |
1957 | Ariane ( love in the afternoon ) de Billy Wilder avec Gary Cooper |
1958 | Chaque jour a son secret – de Claude Boissol avec Jean Marais |