1935 Baccara – de Yves Mirande avec Jules Berry, Lucien Baroux, Marcel André & Pierre Piérade | 1936 La porte du large – de Marcel L’Herbier avec Jean-Pierre Aumont, Victor Francen & Roland Toutain | 1937 La tragédie impériale – de Marcel L’Herbier avec Harry Baur, Pierre Richard-Willm, Jany Holt & Jean Worms | 1937 L’affaire Lafarge – de Pierre Chenal avec Erich von Stroheim, Raymond Rouleau & Pierre Renoir | ||
La future actrice Marcelle Chantal naît dans une richissime famille de banquiers le 9 Février 1901. Pour les demoiselles fortunées d’avant la grande guerre, l’écolage au dur métier de «jeune fille» commence tôt. C’est un incessant alignement de leçons dites «d’arts d’agréments», à savoir le chant, la danse, le piano et même l’Anglais. Car le métier de «jeune fille» est d’être agréable et ainsi ferrer le jeune greluchon fortuné qui ferait de la jeune fille une dame du monde.
À quinze ans, Marcel L’Herbier, ami de la famille, veut faire débuter Marcelle au cinéma et lui fait tourner un bout d’essai fort concluant. Marcelle commet hélas une maladresse, elle ne cache pas sa joie et sa mère met alors son inévitable veto. Le 5 avril 1921 elle épouse un richissime américain: David Jefferson Cohn. L’avisé fiancé avait d’ailleurs joué de subtilité pour s’attacher le cœur de sa belle. Puisque maintenant ils étaient fiancés, madame mère pouvait bien laisser sa fille tourner ce film qu’on lui proposait, puisque lui, futur mari n’y voyait aucun inconvénient. C’est ainsi qu’elle tourne pour Marcel L’Herbier le «Carnaval des vérités» en 1919, avec Jaque-Catelain et Paul Capellani. Puis, le riche mari trouve plus simple de lui louer le théâtre des Champs-Elysées pour qu’elle y fasse ce que bon lui semble. Elle collabore alors entre autres avec Firmin Gémier et fait découvrir au tout Paris ébloui la magnifique danseuse Anna Pavlova. Elle cumule sa carrière de cantatrice et ses fonctions de directrice de théâtre jusqu’à ce que ses forces l’abandonnent et la laissent alitée pour de longs mois.
En 1929, suite à la défection de Pola Negri, Marcelle s’impose à l’écran sous le nom de madame Marcelle Jefferson Cohn dans le rôle de la Comtesse de la Motte pour «L’affaire du collier de la reine» de Gaston Ravel et Tony Lekain. Les spectateurs sont sous le choc, une star est née en un film, la plus allurale et peut-être la plus belle de toutes. Devenue Marcelle Chantal pour un public admiratif elle sait être une comédienne pleine de distinction raffinée et d’humour. Elle devient bientôt pour le monde entier l’archétype de l’élégance française. En dix ans elle tourne une vingtaine de films! Tous, bien entendu, en vedette et en donnant la réplique à quelques uns des plus illustres acteurs français de leur temps dont Pierre Richard-Willm, Fernand Gravey, Jules Berry ou Jean-Pierre Aumont. Elle est littéralement outrée que l’Allemagne ose une nouvelle fois entrer en guerre avec la France et s’exile en Suisse.
La paix revenue, Marcelle Chantal retrouve un Paris bien changé. Les divines créatures allurales ont fait leur temps, Marcelle est aussi démodée que ses bonnes manières. Elle tente quelques ultimes retours sans vraiment y croire, trop consciente des choses et d’elle même pour se perdre en illusions. Si elle est en 1949 Marianne dans «Julie de Carneilhan» campée par Edwige Feuillère, puis l’héroïne vieillissante de «Chéri» face à Jean Desailly en 1950, c’est grâce à l’insistance de Colette qui a adoré vingt ans plus tôt ce que Marcelle avait fait de sa «Vagabonde» et qui estime que sa grâce et sa féminité ne souffrent pas de comparaisons. La star quitte alors son Paris adoré et se retire dans une propriété superbe au Pyla sur le bassin d’Arcachon. Avec la nostalgie, des propositions sont à nouveau faites à Marcelle Chantal, elle les refuse toutes. Le cancer l’emporte le 11 Mars 1960 alors qu’elle vient de fêter son cinquante-neuvième anniversaire depuis un mois. Elle repose aujourd’hui au cimetière Montmartre.
© Céline COLASSIN
1919 | Le carnaval des vérités – de Marcel L’Herbier avec Fernand Ledoux |
1929 | La tendresse – de André Hugon
avec José Noguéro
Le collier de la reine / L’affaire du collier de la reine – de Gaston Ravel & Tony Lekain avec Georges Lannes |
1930 | Le secret du docteur – de Charles de Rochefort
avec Alice Tissot
Toute sa vie – de Alberto Cavalcanti avec Pierre Richard-Willm Les vacances du diable – de Alberto Cavalcanti avec Jacques Varennes Le réquisitoire – de Dimitri Buchowetzki avec Saturnin Fabre |
1931 | L’ordonnance / Hélène – de Victor Tourjansky
avec Georges Rigaud
La vagabonde – de Solange Térac avec Robert Quinault |
1932 | Au nom de la loi – de Maurice Tourneur
avec Jean Dax
CM Une nuit à Monte Carlo – de Robert Land avec Jean Dax |
1934 | Amok – de Fédor Ozep
avec Jean Servais
Antonia, romance hongroise – de Max Neufeld & Jean Boyer avec Fernand Gravey |
1935 | Baccara – de Yves Mirande
avec Jules Berry
L’île des veuves – de Claude Heymann avec Pierre Renoir |
1936 | Nitchevo / L’agonie du sous-marin – de Jacques de Baroncelli
avec Harry Baur
La porte du large – de Marcel L’Herbier avec Jean-Pierre Aumont La gondole aux chimères ( la gondola delle chimere ) de Augusto Genina avec Roger Karl |
1937 | A romance in Flanders / Lost on the western front – de Maurice Elvey
avec Paul Cavanagh
L’affaire Lafarge – de Pierre Chenal avec Erich von Stroheim La tragédie impériale – de Marcel L’Herbier avec Jean Worms |
1939 | Jeunes filles en détresse – de Georg Wilhelm Pabst avec André Luguet |
1948 | Fantômas contre Fantômas – de Robert Vernay avec Maurice Teynac |
1949 | Julie de Carneilhan – de Jacques Manuel avec Pierre Brasseur |
1950 | Chéri – de Pierre Billon avec Jean Desailly |