1945 La fille du diable – de Henri Decoin avec Pierre Fresnay, Fernand Ledoux & Thérèse Dorny | 1946 Coïncidences – de Serge Debecque avec Pierre Renoir, Serge Reggiani, Louise Sylvie & Jean Parédès | 1950 Dieu a besoin des hommes – de Jean Delannoy avec Daniel Gélin, Pierre Fresnay & Madeleine Robinson | 1953 La vierge du Rhin – de Gilles Grangier avec Jean Gabin, Elina Labourdette & Nadia Gray | ||
Née Andrée Louise Boyer le 7 août 1918 à Marseille, Andrée Clément consacre une partie de sa jeunesse au scoutisme grâce auquel, devenue cheftaine, elle débute sur les planches dans «George Dandin», de Molière, avec la compagnie des Comédiens-Routiers. Puis elle devient l’élève des plus grands comédiens de son temps: Fernand Ledoux, Jean-Louis Barrault, Charles Dullin, Louis Jouvet. Avec ce dernier, elle joue le «Dom Juan» de Molière. Par la suite elle fera partie à sa création de l’une des plus grandes pièces de Jean Anouilh, «Ardèle ou la Marguerite». Andrée Clément fait ses premiers pas au cinéma, d’ailleurs des plus discrets, pendant l’occupation. En 1943, elle est Sœur Elisabeth dans «Les Anges du péché» (1943) de Robert Bresson et une silhouette féminine dans un film d’hommes, «Premier de Cordée» de Louis Daquin. En revanche, l’année 1945 fut celle de la révélation de son talent: en «Fille du diable», égérie d’une bande de voyous, fascinée par l’image du mal incarnée par un truand en cavale, interprété par Pierre Fresnay; puis en amoureuse jalouse de sa rivale, la très belle bien qu’aveugle Michèle Morgan, dans «La symphonie pastorale» (1945). L’année suivante dans «Macadam» avec Paul Meurisse et Françoise Rosay, elle devient meurtrière par amour pour sauver un homme qu’une autre lui a pourtant ravi. Après ces trois rôles importants, elle est la partenaire de Serge Reggiani et Pierre Renoir dans «Coïncidences» (1946), film fantastique qui n’a malheureusement pas le succès escompté. Dès lors sa carrière piétine.
L’actrice continue de se produire au théâtre mais la maladie la retient souvent loin de Paris, au Pays-Basque où elle tente de se refaire une santé. Certes on lui propose des rôles marquants mais toujours éclipsés par des comédiens plus prestigieux: Danielle Darrieux, qu’elle assassine dans «Bethsabée» (1947); Madeleine Sologne, en «Grande fille toute simple » (1948) qui lui dispute les faveurs de Jean Desailly; Dany Robin, qui lui vole la vedette dans «La soif des hommes» (1949); Madeleine Robinson dans «Dieu a besoin des hommes» (1950); Nadia Gray qui a la préférence de Jean Gabin dans «La vierge du Rhin» (1953); Michèle Morgan, la Jeanne d’Arc de «Destinées» (1952), dont elle incarne la mère!
Malheureusement Andrée Clément que Henri Decoin a comparée à Bette Davis, s’éteint prématurément le 31 mai 1954 à Paris. «Personne n’a su comprendre la profondeur méditative de son regard, la force de caractère de cette femme lumineuse qui lutta contre la maladie et les difficultés et mourut sans avoir pu donner la mesure d’elle-même» (Jacques Siclier, - «La Femme dans le cinéma français », Éd. du Cerf, 1957). Une vie trop brève, une carrière brisée par la maladie (la tuberculose). Un physique atypique, dérangeant: de longs cheveux aile de corbeau, sévèrement tirés en arrière, le regard brûlant, la finesse des traits. Certains osèrent dire qu’elle était «la fille la plus laide du cinéma français»! «Il faut être aveugle pour la trouver laide. Andrée Clément a plus de chien qu’un bataillon de pin-up girls» leur répondit dans «L’Écran Français » Jean-Charles Tacchella qui deviendra le cinéaste renommé. Il est vrai que cette comédienne était hors normes. Elle ne fréquentait pas les lieux à la mode et était très discrète sur sa vie privée. Son mari, en 1940, avait été tué au front et elle élevait seule leur fille Dominique. Elle n’affichait ni l’exubérance, ni l’insouciance que le grand public attendait d’une jeune vedette de l’écran. C’était pourtant une très grande Dame, vraiment.
© Christophe LAWNICZAK
1943 | CM Premier prix de conservatoire – de René-Guy Grand
avec Michel Auclair
Les anges du péché – de Robert Bresson avec Renée Faure Premier de cordée – de Louis Daquin avec André Le Gall |
1945 | La fille du diable / La vie d’un autre – de Henri Decoin
avec Pierre Fresnay
La symphonie pastorale – de Jean Delannoy avec Pierre Blanchar |
1946 | Macadam – de Jacques Feyder & Marcel Blistène
avec Paul Meurisse
Coïncidences – de Serge Debecque avec Pierre Renoir |
1947 | Bethsabée – de Léonide Moguy avec Georges Marchal |
1948 | Une grande fille toute simple – de Jacques Manuel avec Raymond Rouleau |
1949 | La soif des hommes – de Serge de Poligny avec Jean Vilar |
1950 | Dieu a besoin des hommes – de Jean Delannoy avec Daniel Gélin |
1952 | Suivez cet homme ! – de Georges Lampin
avec Bernard Blier
Destinées – de Jean Delannoy, Christian-Jaque & Marcello Pagliero avec Michel Piccoli Segment « Jeanne » de Jean Delannoy |
1953 | La vierge du Rhin – de Gilles Grangier avec Jean Gabin |